mardi 24 novembre 2015

Syrie : Le porte-avions français engagé contre l'EI, dix jours après les attentats

La France a engagé lundi son porte-avions contre le groupe Etat islamique, dix jours après les attentats de Paris, sur fond de grandes manoeuvres pour sceller un front anti-jihadistes uni, de Washington à Moscou.
Quatre chasseurs-bombardiers Rafale basés sur le Charles de Gaulle ont frappé l'EI en Irak pour la première fois depuis le déploiement du navire en Méditerranée orientale, a annoncé le chef d'état-major des armées.
"Nous avons frappé à Ramadi et à Mossoul en appui au sol de forces locales qui étaient en progression contre des troupes de Daech", acronyme de l'EI en arabe, a déclaré le général Pierre de Villiers à bord du porte-avions.
Soutenues par des frappes aériennes de la coalition dirigée par les Etats-Unis, les forces gouvernementales et kurdes tentent de reprendre du terrain dans le nord de l'Irak et à Ramadi (ouest). Mossoul, deuxième ville du pays, reste sous l'emprise de l'EI qui en a fait un "laboratoire" de son projet politico-administratif.
Concernant les frappes en Syrie, qui abrite des centres de commandement et de recrutement ainsi que des ressources pétrolières de l'EI, "c'est une question d'heures, de jours", a ajouté le général de Villiers.
La France avait initialement prévu de dépêcher son porte-avions dans le Golfe mais a décidé d'accélérer son engagement après les attentats de Paris, qui ont fait 130 morts, en l'envoyant en Méditerranée orientale, plus près du théâtre syrien.
Les 26 chasseurs embarqués sur le Charles de Gaulle triplent la capacité de frappes française dans la région, en s'ajoutant aux 12 appareils stationnés aux Emirats arabes unis et en Jordanie (respectivement six Rafale et six Mirage 2000).
"Nous allons intensifier nos frappes, nous allons choisir des cibles qui feront le plus de dégâts possibles à cette armée terroriste", avait déclaré dans la matinée le président français François Hollande.
En engageant le fleuron de sa Marine nationale, Paris a frappé un coup au moment où le président français s'apprête à se rendre à Washington mardi et Moscou jeudi pour tenter de forger une grande coalition contre l'EI.

Une mission de sept heures
A Ramadi, les frappes ont "mis hors de combat un groupe de terroristes", a précisé l'état-major dans un communiqué. A Mossoul, "une position d'artillerie de Daech qui était en train de tirer sur les troupes irakiennes a été détruite".
Au total, la mission a duré près de sept heures. Les quatre chasseurs français, qui avaient décollé à 08H00 heure française (07H00 GMT) pour une mission de reconnaissance armée, sont intervenus à 12H30 (11H30 GMT) en appui des forces irakiennes.
Ils ont été ravitaillés par des avions de la coalition. La coordination en vol, y compris avec les Russes qui opèrent depuis fin septembre en Syrie, s'est faite via le centre des opérations aériennes de la coalition (CAOC) situé à Al Udeïd au Qatar.
Selon une source militaire française, les chasseurs basés sur le Charles de Gaulle - Rafale et Super Etendard - contournent les défenses antiaériennes syriennes en passant par la Turquie au nord ou la Jordanie au sud.
En Syrie, trois raids français d'envergure, opérés depuis les Emirats et la Jordanie, ont ciblé des centres d'entraînement et de commandement de l'EI après les attentats.
La coalition a par ailleurs commencé à frapper des sites pétroliers et gaziers qui fournissent d'importantes sources de financement à l'EI en Syrie.
Le maître du Kremlin Vladimir Poutine a aussi ordonné aux chasseurs-bombardiers russes de frapper l'EI depuis l'explosion en vol d'un avion de ligne russe, revendiquée par l'organisation jihadiste, et les attentats de Paris.
Le président Hollande espère convaincre les Américains de s'engager plus intensivement encore en Syrie et les Russes de cesser de frapper sur l'opposition syrienne modérée pour se concentrer sur l'EI.

(23-11-2015)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire