D'intenses tractations diplomatiques pour chercher une sortie de crise
en Syrie reprennent samedi à Vienne entre une vingtaine de pays en
profond désaccord sur le sort de Bashar al-Assad et sous le
choc d'attaques terroristes sans précédent en France.
Cette réunion internationale, la deuxième en 15 jours, intervient
quelques heures après qu'au moins 120 personnes ont été tuées dans
plusieurs attaques terroristes sans précédent vendredi soir à Paris.
Ces attaques n'ont pas été revendiquées. La France participe depuis plus
de deux ans à la coalition anti-Etat islamique en Irak et a commencé à
mener des frappes sur la Syrie depuis octobre.
Le groupe Etat islamique (EI) se trouve sous pression ces derniers jours
en Irak et en Syrie face à l'offensive des forces kurdes, soutenus par
les Etats-Unis, et des troupes du régime syrien, appuyées par Moscou.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry avait tempéré jeudi les
espoirs de trouver un règlement politique samedi à Vienne où seront
notamment représentés les Etats-Unis, les puissances européennes et
arabes, partisans d'un départ de Bashar, face à l'Iran et à la Russie,
derniers soutiens de Damas.
"Je ne peux pas vous dire (...) que nous sommes au seuil d'un accord
complet. Non. Il reste beaucoup de travail à faire", avait reconnu M.
Kerry arrivé vendredi à Vienne pour y rencontrer dans la soirée ses
homologues turc Feridun Sinirlioglu, saoudien Adel al-Jubeir et l'envoyé
spécial de l'ONU pour la Syrie Staffan de Mistura.
Les "actes odieux et abominables" commis en France "ne feront que
renforcer notre détermination commune", a réagi le chef de la diplomatie
américaine après les attentats.
Une première réunion multilatérale le 30 octobre à Vienne sur la Syrie
avait donné lieu à un communiqué commun consensuel, les grandes
puissances et les pays de la région s'accordant pour tenter d'esquisser
les contours d'une transition politique.
Pour tenter de mettre fin à une guerre qui a fait au moins 250.000 morts
et des millions de réfugiés depuis 2011, les participants s'étaient
entendus pour charger l'ONU d'obtenir un cessez-le-feu, ouvrant la voie à
la tenue d'élections.
Les délégations avaient aussi constaté leur désaccord sur l'avenir
de Bashar, que Moscou souhaite maintenir au pouvoir durant la période de
transition. "La Syrie est un pays souverain et Bashar al-Assad est le
président, élu par le peuple. Avons-nous donc le droit d'évoquer avec
lui de telles questions (son départ, ndlr) ? Bien entendu, non", a
insisté le président Vladimir Poutine vendredi.
"Seuls ceux qui se sentent exceptionnels se permettent de se conduire
d'une manière si éhontée, imposant aux autres leur volonté", a-t-il
poursuivi, en faisant allusion à Washington.
"Bashar al-Assad doit partir, dans le cadre de la transition en Syrie
mais nous reconnaissons que s'il y a une transition il pourrait y
participer", a souligné de son côté le ministre britannique des Affaires
étrangères Philip Hammond.
Elan de l'EI "maîtrisé"
Le consensus ne sera pas plus aisé pour dresser, comme c'est l'objectif
samedi, une liste d'opposants syriens susceptibles de discuter avec
Damas. Des réunions préparatoires ont eu lieu à Vienne jeudi et
vendredi.
Là aussi, Russie et Iran s'opposent aux Etats-Unis et à leurs alliés sur
les groupes devant être qualifiés de "terroristes" et ceux pouvant être
considérés comme appartenant à l'opposition.
Une vingtaine de gouvernements et organisations seront dans la capitale
autrichienne, mais ni le régime syrien, ni ses opposants: les Nations
unies, l'Union européenne, la Ligue arabe, l'Allemagne, l'Arabie
saoudite, la Chine, l'Egypte, les Emirats arabes unis, la France,
l'Iran, Irak, l'Italie, la Jordanie, le Liban, Oman, le Qatar, la
Russie, le Royaume-Uni, et la Turquie.
Pour John Kerry, le "succès" des efforts diplomatiques sera aussi
étroitement lié à l'évolution du rapport de force sur le terrain où les
Etats-Unis pilotent depuis plus d'un an une coalition internationale qui
mène des frappes contre l'EI en Syrie et en Irak voisin.
A cet égard, les forces kurdes irakiennes ont annoncé avoir repris
vendredi, à la faveur d'une offensive éclair, la ville de Sinjar à l'EI,
dernier d'une série de revers des jihadistes.
Les Etats-Unis ont aussi probablement tué dans un bombardement jeudi le
bourreau britannique du groupe Etat islamique (EI) "Jihadi John", devenu
emblématique de la cruauté de l'organisation jihadiste.
Dans une interview à la chaîne ABC, Barack Obama a assuré que les
Etats-Unis avaient atteint leur objectif de "maîtriser l'élan" de l'EI
en Irak et en Syrie.
De leur côté, les forces du régime syrien, appuyées par les frappes
russes, ont aussi remporté deux importantes victoires cette semaine
contre le rébellion dans la région d'Alep, après avoir piétiné durant
plus d'un mois.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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