Des forces de sécurité à Bahreïn "torturent des détenus" pendant des
interrogatoires, a affirmé lundi Human Rights Watch (HRW), déplorant que
des organes de surveillance mis en place après la contestation de 2011
"manquent d'indépendance" et que "l'impunité" se poursuive.
L'organisation de défense des droits de l'Homme, basée à New York, a
publié un rapport de 84 pages intitulé "Le sang des personnes qui ne
coopèrent pas: poursuite de tortures et de mauvais traitements de
détenus à Bahreïn".
Selon HRW, des forces de sécurité dans ce petit royaume du Golfe à
majorité chiite mais dirigé par une dynastie sunnite commettent toujours
"les mêmes abus" que la Commission d'enquête indépendante de Bahreïn
(BICI) avait listés dans son rapport de novembre 2011.
La commission avait été créée après la répression d'un mouvement de
protestation animé par l'opposition issue de la majorité chiite, qui
réclamait des réformes politiques et l'établissement d'une véritable
monarchie constitutionnelle à Bahreïn.
Les recommandations de la BICI avaient abouti à la création depuis 2012
de trois organes chargés d'enregistrer des plaintes et d'enquêter sur
des cas de torture en détention.
"Toutes les preuves disponibles renforcent la conclusion selon laquelle
ces nouvelles institutions n'ont pas mis fin (...) à la culture de
l'impunité parmi les forces de sécurité", souligne Joe Stork, directeur
adjoint du programme Moyen-Orient de HRW.
"Les affirmations de Bahreïn et de ses alliés selon lesquelles les
autorités ont mis fin à la torture en détention ne sont tout simplement
pas crédibles", a-t-il ajouté, alors que la Grande-Bretagne, notamment, a
assuré que le royaume a engagé des réformes au sein de ses forces de
sécurité.
Human Rights Watch dit avoir interrogé 10 détenus ayant affirmé avoir
subi des interrogatoires coercitifs à la Direction des enquêtes
criminelles (CID) du ministère de l'Intérieur et dans des postes de
police depuis 2012, ainsi que quatre anciens détenus de la prison de Jaw
ayant fait état de torture en mars dernier.
Selon HRW, plusieurs de ces personnes ont affirmé avoir subi des chocs
électriques, avoir été suspendues dans des positions douloureuses, avoir
été forcées à rester longtemps debout, avoir été soumises à un froid
extrême et avoir subi des abus sexuels.
Bahreïn devrait prendre des mesures pour "garantir l'indépendance" des
organes de surveillance mis en place après 2011 afin notamment de
pouvoir poursuivre les responsables des cas de torture, a déclaré
l'organisation, ajoutant que le rapporteur spécial de l'ONU sur la
torture devrait pouvoir aussi se rendre à Bahreïn.
Samedi, soit moins de 48 heures avant la publication du rapport de HRW,
les autorités de Bahreïn ont annoncé avoir engagé des poursuites
judiciaires contre des gardiens de prison après une plainte pour mauvais
traitements de détenus.
Un haut responsable du ministère de l'Intérieur, Khaled Salem al-Absi a
affirmé que "plusieurs gardiens avaient été suspendus" et qu'une enquête
avait été ouverte.
Il a assuré que si ces mauvais traitements étaient établis, "il
s'agirait d'actes isolés et contraires à la politique du ministère".
En 2012, huit policiers avaient été jugés et condamnés pour avoir torturé des prisonniers, selon la justice bahreïnie.
(23-11-2015 - Assawra)
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