Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu (g), et le président américain, Barack Obama, à Washington le 9 novembre 2015 (SAUL LOEB AFP/Archives)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu quitte Washington mercredi après avoir tenté de réparer les dégâts causés aux Etats-Unis par sa campagne contre l'accord nucléaire avec l'Iran, qui a embarrassé de la Maison Blanche jusqu'à la communauté juive américaine.
Son discours en mars devant le Congrès, sans prévenir le président américain Barack Obama et à l'invitation des républicains, pour dénoncer l'accord finalement conclu le 14 juillet entre les grandes puissances et l'Iran, fut le point culminant de plusieurs mois de zizanie avec les Etats-Unis.
Lors d'un débat républicain mardi soir, plusieurs candidats ont estimé que le dirigeant israélien était maltraité par le gouvernement américain. "Nous avons un président qui traite le Premier ministre israélien avec moins de respect que l'ayatollah en Iran", a jugé le sénateur de Floride Marco Rubio.
En venant saluer lundi Barack Obama, pour la première fois depuis un an, Netanyahu a joué l'apaisement, estimant que cette rencontre était l'une des "meilleures" qu'il ait eues avec le président américain, loin "des débats houleux et des désaccords" du passé.
Mais la rencontre a pris la forme d'un exercice de diplomatie a minima, fonctionnel et sans aucune chaleur, donnant lieu côté américain à des déclarations attendues sur le lien indéfectible qui unit les Etats-Unis à Israël depuis sa création.
Netanyahu a aussi misé sur la négociation, durant cette visite de trois jours, d'une rallonge de l'aide militaire américaine à Israël pour la décennie à venir.
Pourtant il repart les mains vides, se contentant d'espérer que les américains "partageront" ses "nouvelles évaluations (de l'aide financière américaine) liées à un nouveau contexte régional".
Une délégation de responsables américains est attendue à Jérusalem en décembre pour en discuter, a-t-il indiqué à la presse israélienne à l'issue de son entretien avec Obama lundi.
"Maintenir l'unité"
Le Premier ministre israélien, à l'anglais impeccable, a multiplié les rencontres, aussi bien avec les républicains qu'avec les démocrates et martelé, d'une voix peu audible en raison d'un coup de froid, un message "d'unité" à tous ses interlocuteurs.
Dans un geste interprété comme une volonté d'améliorer ses relations, si ce n'est avec l'actuel président, du moins avec la prochaine administration américaine, Benjamin Netanyahu a accepté une invitation mardi à débattre devant le Center for American Progress (CAP), un centre de réflexion américain classé à gauche.
"Je sais que ma venue vous a valu des critiques (...). Je suis venu ici parce que je pense qu'il est vital de comprendre qu'Israël doit faire l'objet d'un consensus, au-delà des partis, aux Etats-Unis", a déclaré d'emblée Netanyahu.
Mais il a dressé ensuite un tableau particulièrement pessimiste du conflit israélo-palestinien, estimant que le statu quo actuel allait encore durer, ce qui a déçu son auditoire.
Plus tôt dans la journée de mardi, il a également tenté de convaincre 4.000 représentants des fédérations juives américaines, réunis pour leur assemblée générale annuelle, qui sont traditionnellement plus proches des démocrates et ont été touchés par la crise sur l'accord avec l'Iran.
Certains représentants de la communauté juive américaine, la plus importante au monde avec entre 4,5 et 5,7 millions de personnes, ou des sénateurs démocrates se sont retrouvés en porte-à-faux, accusés par leurs détracteurs de trahison envers Israël pour avoir soutenu l'accord avec l'Iran.
Des juifs américains pro-israéliens s'étaient ainsi publiquement posé la question des limites de leur soutien inconditionnel à un Israël dirigé par Benjamin Netanyahu.
"L'année passée n'a pas été simple, il y a eu des débats, les passions se sont déchaînées (...) mais peu importe les différends qu'il y a eu dans la communauté juive, il est crucial de maintenir l'unité de notre peuple", a déclaré Netanyahu sous les applaudissement nourris d'un public désireux, lui aussi, de tourner la page.
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