L'ONU a adopté une résolution proposée par la France qui donne toute
latitude pour combattre le groupe Etat islamique, une semaine après les
attentats de Paris et juste après une nouvelle attaque jihadiste
meurtrière au Mali.
Mentionnant une menace "sérieuse et imminente" liée au carnage parisien,
la Belgique a élevé dans la nuit de vendredi à samedi au niveau maximal
son niveau d'alerte terroriste pour la région bruxelloise, selon
l'Organisation de coordination pour l'analyse de la menace (OCAM), qui
dépend du ministère belge de l'Intérieur.
Le gouvernement malien a lui annoncé un deuil national de trois jours et
l'état d'urgence pour 10 jours, après l'attaque vendredi de l'hôtel
Radisson à Bamako, qui a fait au moins 27 morts dont un Américain, un
Belge et trois Chinois.
Cette tuerie a été revendiquée par le groupe jihadiste Al-Mourabitoune,
dirigé par l'Algérien Mokhtar Belmokhtar et proche d'Al-Qaïda. Elle
survient une semaine exactement après les attentats meurtriers à Paris,
qui ont fait 130 morts et plus de 350 blessés le 13 novembre et que le
groupe jihadiste Etat islamique (EI) avait revendiqués.
Encore hébétés et sous le choc, des Parisiens ont rendu hommage vendredi
soir aux victimes, en se rendant dans les bistrots avoisinant les bars
et restaurants où plusieurs dizaines de personnes avaient été tuées par
le "commando des terrasses" le 13 novembre.
A 21H20 (20H20 GMT), heure du début des attaques, ils sont venus se
recueillir, se prenant parfois la main, entonnant une Marseillaise ou
applaudissant longuement devant les lieux touchés par les attentats.
Dans la nuit, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, à
l'unanimité, une résolution française autorisant "toutes les mesures
nécessaires" pour combattre en Syrie et en Irak les jihadistes de l'EI, à
l'origine du carnage parisien. Le Conseil a qualifié l'EI de "menace
mondiale et sans précédent contre la paix et la sécurité
internationales". Pour le président français François Hollande, cette
résolution va "contribuer à la mobilisation des nations pour
l'élimination" de l'EI.
M. Hollande, qui veut forger une coalition "unique" contre les
jihadistes, doit aller la semaine prochaine à Washington, qui mène une
coalition internationale contre l'EI en Irak et en Syrie, et Moscou, qui
soutient militairement le régime de Damas. Il recevra également la
chancelière allemande Angela Merkel à Paris. Le président français avait
ordonné jeudi l'"intensification" des bombardements en Syrie et en Irak
contre l'EI, qui y contrôle de vastes territoires.
Le conflit syrien, débuté en 2011 après la violente répression par le
régime de manifestations demandant davantage de démocratie, a depuis
dégénéré en une guerre civile complexe et fait plus de 250.000 morts et
12 millions de déplacés - plus de la moitié de la population.
Au moins un suspect en fuite
En France, l'enquête a accrédité l'hypothèse de la participation directe
aux attaques du jihadiste belgo-marocain Abdelhamid Abaaoud: il a été
filmé le soir des attentats dans une station de métro à l'est de Paris,
où a été retrouvée une voiture utilisée par les tueurs qui ont mitraillé
les terrasses de cafés et de restaurants, et des analyses ont montré
qu'il avait manipulé une kalachnikov retrouvée dans le véhicule.
Cette présence d'Abdelhamid Abaaoud, tué mercredi dans un assaut
policier contre un appartement de Saint-Denis, aux portes de Paris,
alors qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international, trahit
une défaillance de la lutte antiterroriste.
Sa cousine Hasna Aitboulahcen, 26 ans, qui l'aurait aidé à trouver la
planque de Saint-Denis, a aussi été tuée dans l'assaut. Un troisième
homme, qui s'est fait exploser dans l'appartement, n'a pas encore été
identifié.
Parmi la dizaine d'auteurs des attentats, quatre kamikazes, tous
Français, ont été identifiés avec certitude: Brahim Abdeslam (31 ans),
Bilal Hadfi (20 ans), Samy Amimour (28 ans) et Omar Ismaïl Mostefaï (29
ans). Plusieurs s'étaient rendus en Syrie dans les rangs jihadistes.
Reste au moins un suspect en fuite: Salah Abdeslam, un Français vivant
en Belgique, soupçonné d'avoir fait partie du "commando des terrasses".
Il est aussi le frère de Brahim Abdeslam, qui s'est fait exploser dans
un restaurant le 13 novembre à Paris.
Les enquêteurs pensent qu'il a sans doute été exfiltré, au moins dans un
premier temps, par deux complices présumés, écroués depuis en Belgique.
Un troisième suspect a été inculpé vendredi soir par la justice belge
pour sa "participation à des attentats terroristes".
Au moins deux des kamikazes du stade de France ont suivi le chemin des
migrants pour venir en Europe: tous deux ont été contrôlés le 3 octobre
en Grèce. L'un a présenté un passeport syrien au nom de Mohammad
al-Mahmod, l'autre le passeport d'Ahmad al-Mohammad, un soldat syrien
tué il y a plusieurs mois faisant partie des troupes loyales au dictateur syrien Bashar al-Assad.
Ces révélations interviennent en plein débat sur les conditions de
maintien de la libre-circulation au sein de l'espace Schengen. Sous
l'impulsion française, les 28 Etats de l'Union européenne ont décidé
vendredi l'instauration de contrôles systématiques à leurs frontières
extérieures, y compris de leurs ressortissants. Et la Commission
européenne proposera d'ici la fin de l'année une révision des règles de
Schengen.
En France, la prolongation pour trois mois de l'état d'urgence,
élargissant les possibilités d'assignation à résidence et permettant la
dissolution de groupes et associations extrémistes, votée vendredi par
le Parlement, est applicable dès samedi.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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