Seule une « action extérieure » peut expliquer le crash en Égypte, a
assuré lundi un dirigeant de la compagnie aérienne Metrojet, excluant
également une erreur humaine. « L'avion était en excellent état
technique », a déclaré lors d'une conférence de presse Alexandre
Smirnov, un dirigeant de la compagnie aérienne Metrojet. « Nous excluons
une défaillance technique ou une erreur de pilotage », a-t-il ajouté,
soulignant que « la seule cause possible est une action extérieure ».
Les pilotes de l'Airbus A321 russe qui s'est écrasé samedi matin dans le
Sinaï, en Égypte, ont perdu le contrôle « total » de l'avion. « Tout
porte à croire que dès le début de la catastrophe, l'équipage a perdu le
contrôle total » de l'avion, a-t-il ajouté, précisant que les pilotes
n'avaient pas « essayé d'entrer en contact radio » avec les contrôleurs
aériens au sol.
Si les recherches se poursuivent après le crash d'un charter russe en
Égypte, un avion transportant les corps d'une partie des 224 personnes
tuées est arrivé ce lundi à Saint-Pétersbourg. L'appareil transportait
les restes de 144 personnes tuées selon le ministère russe des
Situations d'urgence alors qu'une source aéroportuaire égyptienne avait
déclaré ce dimanche que l'appareil rapatriait 162 corps.
Un cortège de véhicules devait emmener les corps à un crématorium de
Saint-Pétersbourg (nord-ouest de la Russie) pour les identifier, d'après
le ministère. Pour faciliter l'identification, des membres des familles
des victimes ont fourni des échantillons d'ADN dans un centre de crise
proche de l'aéroport, où un mémorial improvisé comptant de nombreuses
peluches a été installé en hommage aux disparus, parmi lesquels 17
enfants. Plusieurs milliers de personnes avaient déjà rendu hommage
dimanche soir à Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie, aux 217
passagers et 7 membres d'équipage décédés dans la catastrophe, tous des
Russes hormis trois Ukrainiens.
Des fragments sur 20 km2
Il s'agit de la pire catastrophe aérienne à avoir frappé la Russie.
L'Airbus A321-200 de la compagnie charter russe Metrojet s'était écrasé
samedi à l'aube dans le Sinaï, après avoir décollé de la station
balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh pour Saint-Pétersbourg. La
plupart des morts étaient des vacanciers de Saint-Pétersbourg et de ses
environs.
Les autorités égyptiennes et russes ont déclaré ne pas être pour le
moment en mesure d'annoncer les causes du crash. L'hypothèse d'un
attentat reste envisagée par les experts après la revendication de la
branche égyptienne du groupe djihadiste État islamique (EI), qui a
annoncé samedi avoir détruit l'avion en représailles, selon elle, aux
bombardements russes en Syrie. Le chef des experts aéronautiques russes a
déclaré que l'avion s'était disloqué « en l'air », pour une raison
encore inconnue. « Les fragments se sont éparpillés sur une grande
surface d'environ 20 kilomètres carrés », a déclaré Viktor Sorotchenko,
directeur du Comité intergouvernemental de l'aviation (MAK). Cette
dislocation a eu lieu « à haute altitude », a précisé à la télévision
russe le directeur de l'agence russe du transport aérien, Alexandre
Neradko.
168 corps retrouvés
Sur les lieux du crash, au milieu de la province du Nord-Sinaï, on note
la présence d'innombrables petits débris noircis de l'avion, éparpillés
sur le sol aride. Aucun corps n'était visible, mais des soldats
surveillaient une dizaine de sacs noirs, rouges et orange. Plus loin,
une toute petite veste rouge et grise laissait imaginer l'horreur – 17
enfants ont péri dans le crash, dont une fillette de 10 mois. Des
dizaines de sacs de voyage et de valises colorées, pour la plupart en
bon état, étaient également entassés les uns sur les autres aux côtés de
débris de l'appareil. Un officier de l'armée a assuré dimanche soir que
168 corps avaient été trouvés sur les lieux de l'accident, certains «
loin » du principal morceau de carlingue, notamment un à huit
kilomètres. Les autorités égyptiennes ont dû élargir à 15 kilomètres le
rayon des recherches.
Une journée de deuil national a été observée dimanche en Russie. En
hommage aux victimes, plusieurs milliers de personnes ont formé un
cercle sur la vaste place du Palais, dans le centre de
Saint-Pétersbourg, pour marquer une minute de silence puis lâcher
ballons et colombes dans le ciel. « Je ne pouvais pas ne pas venir », a
déclaré Nika Kletskikh, 27 ans, qui a perdu une amie dans le drame. «
C'est tellement effrayant de savoir qu'elle n'est plus là. »
Une bombe à bord ?
L'avion avait décollé samedi à l'aube de Charm el-Cheikh. Le contact
avait été perdu après 23 minutes de vol, alors que l'appareil se
trouvait à plus de 30 000 pieds (plus de 9 000 mètres), son altitude de
croisière. Des enquêteurs russes et égyptiens se sont rendus, en
compagnie du ministre russe des Transports Maxime Sokolov, sur les lieux
du crash où ont été retrouvés les deux enregistreurs de vol, les «
boîtes noires ». Une enquête a aussi été ouverte en Russie et les locaux
de la compagnie et du voyagiste perquisitionnés, tandis que des
enquêteurs de France et d'Allemagne étaient attendus en Égypte – une
procédure habituelle pour tous les incidents impliquant un Airbus.
Les experts interrogés excluent que l'EI dispose des moyens militaires
lourds nécessaires pour abattre un avion de ligne à 9 000 mètres
d'altitude. Mais ils refusent d'exclure, avant que les « boîtes noires »
aient parlé, qu'une bombe ait pu exploser à bord ou que l'avion ait pu
être touché par un missile tiré depuis le sol alors qu'il était descendu
plus bas que son altitude de croisière pour une raison technique ou
autre. Plusieurs compagnies aériennes, dont Air France, Lufthansa et
Emirates, ont annoncé qu'elles ne survoleraient plus le Sinaï « jusqu'à
nouvel ordre », « par mesure de sécurité » et dans l'attente des
résultats de l'enquête.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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