La Russie est en deuil ce dimanche 1er novembre tandis que les
investigations doivent se poursuivre en Égypte pour déterminer les
causes du crash d'un avion charter russe dans le désert égyptien du
Sinaï. Une enquête a aussi été ouverte en Russie et les locaux de la
compagnie et du tour-opérateur perquisitionnés, tandis que des
enquêteurs de France et d'Allemagne sont attendus dimanche en Égypte,
une procédure habituelle pour tous les incidents impliquant un Airbus,
les deux pays étant les principaux membres du consortium européen qui le
construit.
Les 224 occupants de l'appareil – touristes et membres d'équipage, en
très grande majorité de nationalité russe – ont péri samedi dans le
crash de l'Airbus dans le Sinaï, un bastion de la branche égyptienne de
l'organisation État islamique (EI). Le groupe djihadiste a affirmé avoir
abattu l'appareil en représailles à l'intervention russe en Syrie, mais
le ministre russe des Transports Maxime Sokolov a rejeté cette
revendication, les Égyptiens "ne disposant d'aucune information qui
confirmerait de telles insinuations". Les experts en aéronautique sont
également sceptiques sur la revendication de l'EI, privilégiant d'autres
hypothèses telles que la défaillance technique ou une bombe embarquée à
bord.
163 corps retrouvés, 61 manquants
Les secouristes égyptiens ont élargi dimanche le périmètre de leurs
recherches pour retrouver les 61 corps manquants parmi les 224 occupants
de l'avion charter russe qui s'est écrasé la veille dans le désert du
Sinaï, selon un officier. Les autorités avaient annoncé samedi avoir
trouvé des débris et des corps dans un cercle s'étendant sur 8
kilomètres de rayon, ce qui, selon des experts, indique a priori que
l'Airbus A321-200 de la compagnie russe Kogalymavia, plus connue sous le
nom de Metrojet, n'avait pas touché le sol en un morceau mais s'était
disloqué ou avait explosé en vol.
Le périmètre a été étendu dimanche à 15 kilomètres, a indiqué un
officier de l'armée participant aux recherches dans un entretien à l'AFP
sur une base militaire de Al-Hassana, en plein milieu de la province du
Nord-Sinaï, à une soixantaine de kilomètres du lieu du crash. Selon cet
officier qui a requis l'anonymat, 163 corps ont déjà été retrouvés sur
les 217 passagers et sept membres d'équipages de l'avion. "Nous avons
trouvé une fillette de 3 ans à 8 kilomètres" du lieu où le plus gros de
la carcasse de l'avion s'est écrasé, a témoigné l'officier.
Une défaillance technique ?
Maxime Sokolov et son collègue des Situations d'urgence, Vladimir
Pouchkov, sont arrivés samedi soir au Caire avec une équipe d'experts
pour participer à l'enquête qui sera dirigée par les Égyptiens. En
Russie, les drapeaux devaient être mis en berne dimanche sur les
bâtiments officiels et il a été demandé aux chaînes de télévision
d'annuler les programmes de divertissement, selon un décret du président
Vladimir Poutine diffusé samedi par le Kremlin. Le contact avec
l'Airbus A321-200 de la compagnie russe Kogalymavia, plus connue sous le
nom de Metrojet, a été perdu 23 minutes après son décollage, à l'aube,
de l'aéroport de la célèbre station balnéaire de Charm el-Cheikh, sur la
mer Rouge, et alors qu'il volait à une altitude de plus de 30 000 pieds
(9 144 mètres).
Selon des responsables de l'aviation civile égyptienne, le capitaine se
plaignait alors d'une défaillance technique de son système de
communication. Mais le ministre égyptien de l'Aviation civile Hossam
Kamal a assuré que "les communications entre le pilote et la tour de
contrôle étaient normales" jusqu'à ce que le contact soit perdu, le
pilote ne demandant pas à changer de route. L'avion devait se rendre à
Saint-Pétersbourg, deuxième ville de Russie. Dans un communiqué, la
compagnie Metrojet a affirmé que l'appareil en question avait subi un
contrôle technique complet en 2014 et a défendu son pilote, qui comptait
selon elle 12 000 heures de vol à son actif.
Possibilité d'une bombe à bord
Parmi les 217 passagers, 214 étaient russes et trois ukrainiens, a
indiqué le gouvernement égyptien. L'équipage comptait sept membres.
Moscou a parlé de passagers âgés de 10 mois à 77 ans. Les boîtes noires
de l'appareil ont été retrouvées et seront analysées, a précisé le
gouvernement. Selon les autorités égyptiennes, les corps des victimes et
les débris étaient éparpillés dans un cercle de 8 kilomètres de
diamètre et peut-être davantage, à al-Hassana, dans une zone montagneuse
de la province désertique du Nord-Sinaï. La branche égyptienne de l'EI,
qui se fait appeler Province du Sinaï, a affirmé être à l'origine du
crash, sans préciser comment. "Les soldats du Califat ont réussi à faire
tomber un avion russe transportant plus de 220 croisés qui ont tous été
tués", a affirmé l'EI sur Twitter.
Depuis plusieurs années, les forces de sécurité égyptiennes font l'objet
d'attaques meurtrières quasi quotidiennes de la branche égyptienne de
l'EI dans le Sinaï. Mais les stations balnéaires de la mer Rouge restent
une importante destination touristique, fréquentées essentiellement par
des Russes ou touristes d'Europe de l'Est. Selon des experts
militaires, les insurgés de l'EI ne disposent pas de missiles capables
d'atteindre un avion à 30 000 pieds. Mais ils n'ont pas exclu la
possibilité d'une bombe à bord ou que l'avion ait pu être atteint par
une roquette ou un missile alors qu'il redescendait à la suite de
défaillances techniques ou pour d'autres raisons après la perte du
contact radio.
Lors d'une conférence de presse, le Premier ministre égyptien Chérif
Ismaïl a esquivé les questions sur la revendication de l'EI et répété
que seule les boîtes noires révéleront "les raisons du crash". Les
compagnies aériennes française Air France, allemande Lufthansa et
Emirates des Émirats arabes unis ont annoncé qu'elles ne survoleraient
plus la zone du Sinaï "jusqu'à nouvel ordre", "par mesure de sécurité".
Le dernier crash aérien en Égypte date de janvier 2004 avec 148 morts,
dont 134 touristes français, lorsqu'un Boeing 737 de la compagnie
égyptienne Flash Airlines s'était abîmé en mer Rouge.
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