"Nous ne sommes pas prêts à donner l'immunité à quiconque, à tout
émeutier (...) ou tout terroriste où qu'il soit et, pour cela, il n'y a
aucune limite dans les activités des forces de sécurité", a martelé
Benjamin Netanyahu dans une allocution télévisée. Sa déclaration est
intervenue peu après l'annonce par l'armée et le Shin Beth de
l'arrestation de membres du Hamas palestinien soupçonnés de l'un des
attentats anti-israéliens qui ont réveillé le spectre d'une nouvelle
intifada : l'assassinat d'un couple de colons criblés de balles dans
leur voiture, sous les yeux de leurs enfants, jeudi, en Cisjordanie
occupée.
Il a invoqué des incursions sans précédent selon lui des forces de
sécurité dans les quartiers palestiniens de Jérusalem, les renforts
annoncés de centaines de soldats en Cisjordanie et de milliers de
policiers à Jérusalem, la démolition prochaine des maisons d'auteurs
d'attentats ou de leurs familles, et des mesures de rétorsion contre le
Mouvement islamique. Le Mouvement islamique, qui a oeuvré pour mobiliser
les Palestiniens et les Arabes israéliens autour de l'ultra-sensible
esplanade des Mosquées, est avec le Hamas et l'Autorité palestinienne
"la principale source des incitations à la haine", a accusé Netanyahu.
Des morts dans les deux camps
Dans la nuit, des témoins ont rapporté que les forces de sécurité
israéliennes encerclaient les maisons d'au moins trois auteurs
d'attentats à Jérusalem. Dans le quartier d'al-Thori, la maison de la
famille de Moataz Hijazi, abattu à son domicile après avoir tiré il y a
près d'un an sur Yehuda Glick, un militant pour le droit des juifs à
prier sur l'esplanade des Mosquées, était encerclée par des hommes
casqués et armés, selon des vidéos amateurs. Un journaliste a constaté
que le quartier, survolé par un hélicoptère, était bouclé. À Jabal
Moukkaber, dans un autre quartier de Jérusalem-Est, la partie orientale
occupée et annexée par Israël, plusieurs maisons étaient également
encerclées, selon des témoins.
L'assassinat du couple de colons a marqué le début d'une flambée de
violences. Samedi à Jérusalem, deux Israéliens ont été tués et un
troisième blessé dans deux attaques dont les auteurs palestiniens ont
été abattus. Deux autres Palestiniens de 13 et 18 ans ont péri lors de
heurts avec les soldats israéliens à Bethléem et à Tulkarem en
Cisjordanie ces vingt-quatre dernières heures. Un autre jeune
Palestinien était dans un état critique lundi soir après des accrochages
à Jérusalem-Est.
Une "troisième intifada"
Après la mort du Palestinien de 13 ans à Bethléem, environ 300 jeunes
ont attaqué à coups de pierres les soldats israéliens qui ont riposté
par des tirs de gaz lacrymogènes, de projectiles caoutchoutés et, comme
de plus en plus systématiquement désormais, à balles réelles. Des heurts
ont en outre éclaté près de Ramallah, à Hébron et dans le camp de
réfugiés de Jalazoun, en Cisjordanie. Une cinquantaine d'élèves n'ont
même pas pris la peine de rapporter leurs sacs de classe avant d'aller
défier les soldats à coups de pierres au check-point proche de la
colonie de Bet-El. Les heurts sont désormais réguliers à Bet-El alors
que les représailles de colons contre les Palestiniens se multiplient.
Parmi les lanceurs de pierres, un Palestinien encagoulé de 21 ans dit
venir après son travail car "c'est notre devoir, nous sommes sur notre
terre et ils nous tirent dessus". Plus loin, un étudiant de 18 ans,
casquette rouge vissée sur la tête et masque des "Anonymous" sur le
visage, dit "espérer une troisième intifada". Quatre jours après la mort
du couple de colons, l'armée et le Shin Beth, le service de sécurité
intérieure, ont annoncé dans un communiqué l'arrestation de membres
d'une cellule de cinq hommes, dont leur chef, qui commandait l'attaque à
distance, ainsi que plusieurs individus soupçonnés de les avoir aidés.
"Risque d'une escalade dangereuse"
La cellule était "affiliée au Hamas à Naplouse", ville du nord de la
Cisjordanie, ont-ils dit en faisant référence au mouvement islamiste au
pouvoir à Gaza, grand ennemi d'Israël. Le président palestinien Mahmud
Abbas a réuni lundi soir ses responsables de sécurité, indication
possible qu'il n'a pas l'intention de laisser filer les événements. Les
violences déclenchent l'alarme à l'étranger. Berlin a exprimé sa vive
inquiétude devant "quelque chose de comparable à une nouvelle intifada".
Paris s'est dit inquiet du "risque d'une escalade dangereuse" et les
États-Unis ont jugé "inacceptable" le recours à la violence de part et
d'autre.
M. Netanyahu est soumis à la pression de membres de son gouvernement,
l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël, qui le critiquent
explicitement. Israël a déjà pris une disposition exceptionnelle et
peut-être inédite en interdisant dimanche et lundi l'accès de la vieille
ville à l'immense majorité des quelque 300 000 Palestiniens de
Jérusalem-Est qui n'y vivent pas. La vieille ville était surtout
parcourue par des touristes déambulant dans les ruelles dressées de
barrages gardés par des centaines de policiers. Les tensions ont
coïncidé avec les trois semaines de grandes fêtes juives qui s'achèvent
lundi soir. Les jours qui viennent seront indicatifs d'un possible
retour ou non à un calme certainement précaire.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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