Des militaires "en nombre limité" de la coalition conduite par l'Arabie Saoudite ont été vus pour la première fois dimanche dans les rues
d'Aden, dans le sud du Yémen, où ils épaulent les combattants qui
affrontent les rebelles chiites Houthis, selon des responsables locaux.
Mais à Ryad, le porte-parole saoudien de la coalition, le général de
brigade Ahmed Al-Assiri, a nié qu'il s'agisse du début d'une offensive
terrestre majeure. "Je peux assurer qu'il n'y a eu aucun débarquement
dimanche à Aden", a-t-il dit.
Jusqu'à présent, l'intervention de la coalition arabe, déclenchée le 26
mars, se limitait à des bombardements aériens, particulièrement
intensifs.
Un responsable provincial a affirmé à l'AFP, sous le couvert de
l'anonymat, qu'une "force limitée de la coalition est arrivée" dans la
grande ville portuaire; un chef de la "Résistance populaire", un
collectif de forces combattant les Houthis, a confirmé également la
présence d'éléments militaires de la coalition au sol à Aden.
"Une force limitée de la coalition est arrivée à Aden pour nous aider à
faire face aux Houthis et aux soldats fidèles à (l'ancien président Ali
Abdallah) Saleh", a-t-il indiqué à l'AFP.
La chaîne de télévision panarabe Al-Jazeera a diffusé dans l'après-midi
des images d'un groupe de soldats, casqués et armés, en train de marcher
dans le quartier de Khor Maksar, près de l'aéroport. Un vidéaste de
l'AFP a lui aussi fait état de la présence de ces militaires,
visiblement mécontents d'être filmés.
Selon un responsable de la "résistance populaire", les soldats
fraîchement arrivés sont là pour soutenir les combattants locaux qui
encerclent les Houthis retranchés à l'aéroport international d'Aden.
Cette installation stratégique située dans la ville a changé plusieurs
fois de mains depuis l'arrivée des rebelles dans Aden le 26 mars, le
jour même du début des raids aériens de la coalition arabe au Yémen en
soutien au président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié en Arabie Saoudite.
De violents combats ont eu lieu dans la nuit et dimanche non loin de l'aéroport, ont rapporté des habitants.
Les soldats de la coalition déployés à Aden n'excèdent pas quelques
dizaines d'hommes, et sont pour certains d'origine yéménite mais
appartiennent aux forces armées de l'Arabie saoudite et des Emirats
arabes unis, selon d'autres sources de la "résistance populaire".
Un autre responsable a expliqué qu'une trentaine de militaires de la
coalition arabe étaient déployés pour "superviser" les opérations
anti-rebelles à l'aéroport d'Aden.
Interrogé à la télévision, le général de brigade Assiri a simplement
répondu: "Il n'est pas dans l'intérêt de la sécurité des opérations et
de ceux qui les mènent de donner des précisions".
L'Arabie saoudite fait l'objet de critiques croissantes pour la campagne
militaire qu'elle mène depuis plus de cinq semaines au Yémen avec huit
autres pays arabes, majoritairement sunnites.
L'objectif de l'opération est d'y rétablir le gouvernement légitime et
de faire reculer les Houthis, soutenus par l'Iran chiite, qui ont
conquis de vastes territoires, dont la capitale Sanaa, depuis septembre
2014.
Mais le nombre de victimes civiles ne cesse d'augmenter - plus de 1.200
personnes sont mortes depuis la mi-mars, selon l'ONU - et la situation
humanitaire est régulièrement qualifiée de catastrophique.
Dimanche, l'organisation Human Rights Watch a affirmé que la coalition
menée par l'Arabie Saoudite avait utilisé des munitions à fragmentation
fournies par les Etats-Unis lors de raids aériens contre des rebelles
chiites au Yémen, ce qui est interdit par un traité international.
Des photos, une vidéo et d'autres éléments crédibles depuis la mi-avril
tendent à indiquer que des munitions en grappe ont été utilisées ces
dernières semaines dans des frappes de la coalition sur le gouvernorat
de Saada, bastion des rebelles Houthis dans le nord du Yémen, a écrit
HRW.
L'organisation de défense des droits de l'Homme, basée à New York,
assure avoir établi, à travers une analyse d'images satellitaires, que
ces sous-munitions semblent avoir atterri sur un plateau cultivé, à 600
mètres de zones habitées.
Les sous-munitions, qui explosent après coup, posent des dangers à long
terme pour les civils et sont interdites par un traité adopté en 2008
par 116 pays, mais pas par l'Arabie Saoudite, les Etats-Unis et le
Yémen.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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