Dans la tourmente des crises régionales, les monarchies du Golfe réunies
mardi à Ryad pour un sommet régional recevront François Hollande,
l'occasion de souligner la relation de confiance qu'elles entretiennent
avec Paris au moment où une certaine défiance s'installe avec
Washington.
Le président français sera l'"invité d'honneur" de ce sommet du Conseil
de coopération du Golfe (CCG), invitation sans précédent pour un chef
d'Etat occidental depuis la création de cette instance en 1981.
A l'ordre du jour: le programme nucléaire de l'Iran, grand rival chiite
des monarchies sunnites du Golfe, la lutte contre le groupe Etat
islamique en Irak et en Syrie et la guerre au Yémen, conduite par une
coalition sous commandement saoudien.
"Nous sommes maintenant un partenaire majeur de la région", s'est félicité un haut responsable français.
Pour preuve de cette lune de miel entre la France et les Etats du Golfe,
le Qatar a pratiqué la diplomatie du portefeuille, achetant 24 avions
de combat Rafale à l'avionneur français Dassault Aviation. Le contrat,
estimé à 6,3 milliards d'euros, a été signé lundi en grande pompe à Doha
en présence de François Hollande et de l'émir, cheikh Tamim ben Hamad
al-Thani.
Il est une preuve de la "fiabilité" et de la "crédibilité" de la France
dans la région, s'est d'ailleurs félicité M. Hollande avant de quitter
la capitale du Qatar.
Les monarchies du Golfe, à commencer par l'Arabie Saoudite, louent la
fermeté française dans la négociation avec Téhéran sur son programme
nucléaire, soupçonné de dissimuler des fins militaires, doutant en
revanche de celle de l'administration américaine.
"Je souhaite un accord, mais un accord solide, durable et vérifiable,
qui empêche la prolifération nucléaire et garantisse la sécurité
régionale", a encore réaffirmé M. Hollande dans une interview à la
presse saoudienne.
De la même manières, les Etats du Golfe avaient approuvé sa volonté de
"punir" le régime de Bashar al-Assad, accusé d'avoir
employé des armes chimiques contre son propre peuple, s'inquiétant à
l'inverse de la volte-face du président américain Barack Obama qui avait
renoncé in extremis à intervenir militairement.
Idem en février 2011 lorsque le président égytien Hosni Moubarak avait semblé soudainement lâché par Washington.
A Ryad, où il est arrivé lundi en fin d'après-midi, le président
français est entré d'emblée dans le vif de ces crises régionales par une
rencontre avec le président yéménite en exil. Abd Rabbo Mansour Hadi a
fui son pays en mars en raison de la guerre qui le déchire, se réfugiant
en Arabie saoudite.
Le président français s'est également entretenu dans la soirée avec le
roi Salmane d'Arabie Saoudite, soulignant de nouveau, selon son
entourage, la "fiabilité" de la France dans son soutien à la stabilité
de la région.
Signe des temps: l'ensemble de la nouvelle direction saoudienne était à
l'aéroport pour accueillir M. Hollande, le roi Salmane, son neveu,
Mohammed ben Nayef, nouveau prince héritier, et son fils, le prince
Mohammed ben Salmane, second dans l'ordre de succession.
Pour tenter d'empêcher une rébellion chiite, soutenue par l'Iran, de
prendre le contrôle de l'ensemble du Yémen, frontalier de l'Arabie
saoudite, la coalition menée par Ryad multiplie les raids aériens.
Tous les Etats membres du CCG y participent, à savoir, outre l'Arabie Saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, le Koweït et le Qatar, à
l'exception toutefois du sultanat d'Oman.
Lundi, l'Arabie saoudite, dont la campagne aérienne marque le pas et qui
fait l'objet de critiques croissantes, a annoncé qu'elle envisageait
des trêves ponctuelles dans certaines zones du Yémen afin de permettre
l'acheminement de l'aide humanitaire.
Hôte du CCG, le président brûle quelque peu la politesse à Barack Obama
qui recevra les dirigeants de cette instance à la mi-mai aux Etats-Unis
pour tenter de les rassurer sur l'accord-cadre conclu début avril avec
l'Iran sur son programme nucléaire.
Le secrétaire d'Etat américain John Kerry est également attendu en Arabie Saoudite les 6 et 7 mai.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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