Une trêve humanitaire censée mettre fin à sept semaines de raids aériens
et de combats meurtriers est entrée en vigueur mardi soir au Yémen, a
annoncé la coalition antirebelles, tout en prévenant qu'elle
répliquerait à toute violation du cessez-le-feu proposé par l'Arabie Saoudite.
La trêve a "absolument (commencé) à 23H00 (20H00 GMT)", a déclaré à
l'AFP le porte-parole de la coalition, le général saoudien Ahmed Assiri.
"Mais nous sommes très clairs. S'ils ne (la) respectent pas (...) nous
continuerons" les frappes, a-t-il ajouté.
Peu après 23H00, les armes se sont tues à Aden, Lahj et Abyane (sud),
alors que les rebelles ont redéployé leurs troupes pour renforcer leurs
positions notamment à Mareb, près de Sanaa, et à Dhaleh, selon des
témoins. Et dans la capitale, la situation était calme une heure après
l'entrée en vigueur de la trêve selon des habitants.
La coalition conduite par l'Arabie Saoudite mène depuis le 26 mars une
campagne aérienne visant à stopper l'avancée des terroristes Houthis, qui se sont
emparés de vastes régions du Yémen dont la capitale Sanaa, poussant à la
fuite le président Abd Rabbo Mansour Hadi, réfugié à Ryad.
Vendredi, après des semaines de combats et des centaines de morts, Ryad a
proposé un cessez-le-feu de cinq jours renouvelables, pour faciliter
l'acheminement de l'aide humanitaire à la population. Les militaires
fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, alliés des Houthis, ont
été les premiers à l'accueillir favorablement et les rebelles chiites, auteurs de très nombreux crimes contre la population majoritairement sunnite, avaient
laissé entendre du bout des lèvres dimanche qu'ils étaient prêts à la
respecter.
Jusqu'aux dernières minutes, les violences ont continué entre les Houthis, soutenus par l'Iran, et les pro-Hadi.
Lundi soir et mardi matin, la coalition a intensivement bombardé Sanaa,
des bombardements "massifs" qui ont causé de "sérieux dégâts" dans la
vieille ville de la capitale yéménite, classée au patrimoine mondial de
l'humanité, a déploré mardi l'Unesco.
Moins de deux heures avant l'entrée en vigueur de la trêve, des
positions militaires rebelles autour de Sanaa étaient toujours visées
par des raids, selon des habitants.
Un dépôt d'armes des rebelles près de la capitale avait de nouveau été
bombardé par la coalition lundi soir et mardi matin, provoquant une
série d'explosions, selon un correspondant de l'AFP, le ministère de la
Santé faisant état de 69 morts, en majorité des civils, et 250 blessés.
Dans le sud du pays des dizaines de rebelles et de pro-Hadi ont été tués
ces dernières 24 heures, et onze civils, dont trois femmes, ont été
tués mardi par des obus à Taëz.
A Aden, grande ville du sud, les rebelles tentaient d'avancer vers une raffinerie de pétrole mardi soir.
La coalition a bombardé un site de DCA contrôlé par les Houthis dans la
province de Mareb, où de très violents combats se déroulaient encore à
une heure de la trêve.
Pour leur part, les rebelles ont de nouveau tiré mardi plusieurs
roquettes Katioucha en direction de zones frontalières en Arabie Saoudite, faisant des blessés, a indiqué à l'AFP le général Assiri.
Les tirs en provenance du Yémen ont déjà fait 12 morts dans le royaume.
Un cessez-le-feu ne signifie pas "la fin du conflit", a déclaré à l'AFP
un diplomate occidental, ajoutant qu'"il y aura encore des
escarmouches".
Au total, 828 civils ont été tués depuis le 26 mars selon l'ONU.
La coalition a perdu un avion marocain que les rebelles ont dit avoir
abattu lundi. Selon le porte-parole de la coalition, la chute du F-16
était due à un problème technique ou une erreur humaine. Il a appelé les
rebelles à agir de façon "responsable (vis-à-vis du pilote), qu'il soit
mort ou vivant".
La trêve devrait permettre l'acheminement rapide de l'aide humanitaire
via une plateforme mise en place par l'ONU à Djibouti, en face des côtes
yéménites.
Anticipant l'arrêt des combats, les Nations unies se sont préparées à
une large opération humanitaire au Yémen où 12 millions de personnes
sont en insécurité alimentaire.
Le Programme alimentaire mondial (PAM) -- qui a pu venir en aide à 1,1
million de Yéménites en avril-- s'est dit prêt à apporter des rations
alimentaires d'urgence à plus de 750.000 personnes dans les régions
touchées par le conflit.
A Washington, le Pentagone a estimé mardi qu'un bateau d'aide
humanitaire que l'Iran vient d'expédier vers le Yémen devrait livrer son
aide via l'ONU à Djibouti, plutôt que directement dans le pays.
Saluant mardi soir "l'initiative de l'Arabie Saoudite et du gouvernement
du Yémen d'appliquer une pause humanitaire", les 15 membres du Conseil
de sécurité de l'ONU ont demandé aux belligérants de suspendre leurs
opérations militaires de "manière transparente et fiable" pendant cette
trêve.
Ils ont également exprimé leur "plein soutien" au nouvel émissaire des
Nations unies, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, arrivé à Sanaa pour sa première
mission au Yémen depuis qu'il a remplacé le 25 avril le Marocain Jamal
Benomar. "Un règlement de la crise yéménite passe par le dialogue, qui
doit être inter-yéménite", selon lui.
(13-05-2015)
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