samedi 16 mai 2015

Algérie : Mokhtar Belmokhtar dément s'être rallié à l'État islamique

Le chef djihadiste Mokhtar Belmokhtar a réaffirmé la loyauté de son groupe, Al-Mourabitoune, à Al-Qaïda et démenti l'allégeance à l'État islamique, proclamée la veille par un autre dirigeant, laissant présager une sérieuse discorde dans la hiérarchie du mouvement.


Imbroglio
L'imbroglio a débuté jeudi. Un enregistrement audio attribué à un des chefs du groupe, Adnan Abou Walid Sahraoui, est diffusé par l'agence privée mauritanienne Al-Akhbar. L'enregistrement annonce qu'Al-Mourabitoune fait "allégeance au calife des musulmans Abou Baqr al-Baghdadi", le chef de l'État islamique, "pour unifier la parole des musulmans et resserrer leurs rangs".
Mais le démenti ne tarde pas. Vendredi, l'agence Al-Akhbar rapporte que Mokhtar Belmokhtar, a jugé cet allégeance nulle et non avenue. La première déclaration "ne respecte pas les conditions et règles de la Choura", organe central d'Al-Mourabitoune, et par conséquent, "n'engage pas" le groupe "qui reste fidèle à son allégeance à Ayman al-Zawahiri sur la voie du djihad", dit le communiqué attribué à Belmokhtar, et authentifié auprès du mouvement djihadiste par des spécialistes de l'agence Al-Akhbar." À ce sujet, le conseil de la Choura publiera un communiqué après des consultations en cours", conclut le texte.


EI, une franchise de choix
L'EI, qui contrôle de larges pans de territoires en Irak et en Syrie, est devenue une franchise de choix dans le monde djihadiste, attirant des combattants de l'étranger et l'adhésion de groupes islamistes comme Boko Haram, actif au Nigeria et dans des pays voisins. Les spécialistes de l'agence mauritanienne voient dans cet épisode une confirmation de l'ascension d'Adnan Abou Walid Sahraoui au sein du groupe. Ils pointent aussi des divisions au sein de la direction d'Al-Mourabitoune qui, selon eux, pourraient conduire à une scission.
Jeudi, l'agence n'hésitait d'ailleurs pas à affirmer qu'Adnan Abou Walid Sahraoui était désormais le nouvel émir" d'Al-Mourabitoune. L'expert mauritanien du djihadisme dans le Sahel, Isselmou Ould Salihi, voyait aussi jeudi dans la déclaration d'Adnan Abou Walid Sahraoui une "montée en puissance" de ce rival de Belmokhtar.

Zones maliennes hors de contrôle
Pour rappel, Al-Mourabitoune est né en 2013 de la fusion des "Signataires par le sang" de Mokhtar Belmokhtar - cerveau de la meurtrière prise d'otages du site gazier algérien d'In Amenas - et du Mouvement pour l'unicité et le djihad en Afrique de l'Ouest (Mujao), un des groupes djihadistes ayant contrôlé le nord du Mali jusqu'au lancement de l'opération française Serval en janvier 2013.
Adnan Abou Walid Sahraoui s'est plusieurs fois exprimé au nom du Mujao mais aussi d'Al-Mourabitoune, notamment pour revendiquer des enlèvements, attaques ou attentats suicides dans le nord du Mali. Le Mujao, Aqmi et d'autres groupes djihadistes ont en grande partie été chassés de ces régions par une intervention militaire internationale déclenchée en janvier 2013 à l'initiative de la France, et toujours en cours. Mais des zones entières échappent encore au contrôle du pouvoir central malien. Al-Mourabitoune a ainsi revendiqué le premier attentat contre des Occidentaux à Bamako, la capitale, le 7 mars, ayant visé un bar très fréquenté par les locaux et les expatriés qui avait tué trois Maliens, un Français et un Belge.

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