Le suspense devrait durer jusqu'au bout en Israël pour savoir si
Benjamin Netanyahu réunirait mercredi avant minuit une majorité
gouvernementale qui s'annonce déjà, en cas de succès, étriquée et
dépendante de partis religieux.
Sinon, il essuiera l'affront de voir le président Reuven Rivlin
confier à un autre que lui - probablement le leader travailliste
Isaac Herzog - la charge d'essayer à son tour de former un
gouvernement.
La réussite ou l'échec de Netanyahu est soumis au bon vouloir du
chef du parti nationaliste religieux Foyer juif. Naftali Bennett
fait monter les enchères pour monnayer en portefeuilles ministériels
le soutien des huit députés de son parti.
Sans ce soutien, un prochain gouvernement de Netanyahu, en poste
depuis 2009 après un premier mandat de 1996 à 1999, ne verra pas le
jour.
Netanyahu n'a pas à soumettre au président un gouvernement dûment
constitué. Il lui suffit de faire savoir avant l'échéance prévue à
Reuven Rivlin qu'il dispose d'une majorité et d'annoncer
ultérieurement la composition de son gouvernement.
Mais les dernières heures ont tourné à la guerre des nerfs entre Netanyahu et Bennett, deux hommes aux relations notoirement
détestables. La presse faisait des gorges chaudes du fait que Bennett, ministre de l'Economie du gouvernement sortant, avait mis
son portable en mode avion pour se rendre injoignable pendant
plusieurs heures mardi.
Les commentateurs convenaient que Netanyahu et Bennett devraient
finir par s'entendre. Les négociations de gouvernement courent
traditionnellement jusqu'à la dernière minute en Israël.
Mais il y a loin entre le Netanyahu grand vainqueur des législatives
du 17 mars et le Netanyahu soumis aux exigences de celui qui fut son
chef de cabinet de 2006 à 2008 lorsque le Premier ministre était
dans l'opposition.
Avec le soutien des députés du Foyer juif, Netanyahu, "général
sans soldats" selon le quotidien Maariv, se retrouverait avec une
majorité ténue de 61 sièges sur 120 dans la nouvelle Knesset. Elle
serait à la merci du moindre de ses députés, et les commentateurs ne
donnent pas cher de sa durée.
C'est pourtant pour en finir avec une instabilité politique
chronique que Netanyahu avait provoqué des législatives
anticipées.
Après son triomphe inattendu aux élections le président Rivlin lui a
confié la tâche de former le prochain gouvernement.
Le projet de Netanyahu de réunir autour du Likoud, son parti de
droite fort de 30 mandats, cinq partis nationalistes et religieux
pour constituer une majorité solide de 67 députés a volé en éclats
lundi sous l'effet de la bombe lancée par Avigdor Lieberman, chef du
parti nationaliste Israel Beiteinou.
Israel Beiteinou et ses six députés ne participeront pas à un
gouvernement fondé sur "l'opportunisme et le conformisme", a
proclamé Lieberman, qui était pourtant assuré de conserver le
portefeuille des Affaires étrangères.
Netanyahu n'a d'accord pour l'instant qu'avec deux partis
ultra-orthodoxes et le parti de centre droit Koulanou, représentant
au total 53 sièges. Le soutien du Foyer Juif lui est indispensable.
Le Likoud de Netanyahu ne s'attendait pas à ce qu'avec la
défection de Lieberman, Bennett se retrouve dans le rôle
inattendu de faiseur de roi.
Les commentaires résonnaient mercredi de cris de "trahison" (contre Lieberman), d'"ultimatum" ou d'"extorsion" (contre Bennett).
Ils s'étendaient volontiers sur le ressentiment que Netanyahu a
semé autour de lui, les humiliations éprouvées par beaucoup et leur
soif de vengeance.
Après avoir fait la sourde oreille aux appels des envoyés de Netanyahu, Bennett a exigé le portefeuille de la Justice pour
Ayelet Shaked, numéro trois sur sa liste, en plus des concessions
déjà accordés au Foyer juif: ministère de l'Education pour Bennett et de l'Agriculture, ainsi que poste de ministre adjoint de
la Défense.
Les émissaires de Netanyahu auraient "explosé de rire" il y a
deux jours devant une telle demande, selon Maariv. Mais Netanyahu
semblait proche mercredi d'avaler une telle couleuvre, rapportaient
les commentateurs.
"Que va-t-il rester de tout cela au bout du compte? M. Netanyahu a
de bonnes chances d'informer le président ce soir qu'il a un
gouvernement. Un gouvernement qu'il ne souhaiterait pas à ses
ennemis", résumait Maariv.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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