Le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir vendredi des consultations
sur la situation humanitaire catastrophique au Yémen, où la pénurie de
carburants menace la distribution de l'aide humanitaire vitale dans ce
pays plongé dans la guerre.
Malgré les appels au cessez-le-feu, les combats ne connaissent pas de
répit entre les rebelles et les partisans du président Abd Rabbo Mansour
Hadi soutenus depuis fin mars par une campagne aérienne arabe dirigée
par l'Arabie Saoudite, qui veut empêcher les insurgés de prendre le
contrôle total du pays.
Après cinq semaines d'intervention militaire arabe, le programme
d'assistance aux civils pris au piège des combats ne s'est toujours pas
matérialisé en raison de la poursuite des opérations militaires.
Jeudi le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a lancé un cri
d'alarme, exhortant les belligérants à épargner les hôpitaux et à
rétablir l'approvisionnement en carburant, faute de quoi l'aide
humanitaire pourrait s'interrompre.
Vendredi vers 17H00 GMT, le Conseil de sécurité de l'ONU devait tenir
des consultations à huis clos, à la demande de la Russie sur la
situation humanitaire, selon des diplomates.
La pénurie d'essence a déjà contraint le Programme alimentaire mondial
(PAM) à stopper la distribution de vivres dans certaines régions du
Yémen, où le conflit a fait 1.244 morts et 5.044 blessés depuis le 19
mars selon un dernier bilan de l'Organisation mondiale de la santé
(OMS).
Plus de 12.000 personnes ont fui le pays, la plupart pour rallier
Djibouti et la Somalie, d'après l'Organisation internationale pour les
migrations.
A l'ONU, M. Ban a averti que les services de santé étaient "sur le point
de s'effondrer", ajoutant que "les opérations humanitaires cesseront
dans les jours qui viennent si l'approvisionnement en carburant n'est
pas rétabli". Il a demandé "à toutes les parties de faire en sorte que
les agences humanitaires aient un accès fiable et sécurisé" à la
population.
L'accès de plus en plus difficile aux routes reliant la capitale Sanaa
aux régions de Taëz, Aden, Dhaleh et Lahej (sud) est également un
obstacle pour la distribution d'aide, selon l'OMS.
Dans un rapport du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) publié
jeudi, le directeur de l'hôpital koweïtien de la capitale yéménite Sanaa
déplore des "difficultés logistiques énormes pour faire fonctionner
l'établissement".
"Nous manquons de carburant. Nos ambulances ne peuvent plus transporter
les malades et la moitié de notre personnel ne peut plus travailler, nos
bus ayant cessé de rouler", y explique Issa Alzubh.
Dans le même rapport, le CICR indique que son personnel a été contraint
d'évacuer l'hôpital Al-Joumhouriah à Aden, l'établissement s'étant
retrouvé sur "la ligne de front".
Le Dr Adel Al-Yafyi, médecin d'un hôpital local d'Aden, a indiqué que
son établissement était désormais incapable de traiter les malades
ordinaires en raison du "grand nombre de blessés qui s'y entassent".
Depuis le 26 mars, l'Arabie Saoudite sunnite dirige une coalition de
neuf pays arabes qui bombardent les positions de la rébellion, soutenue
par le rival iranien chiite et qui a réussi depuis juillet 2014 à
prendre de larges pans du territoire dont la capitale Sanaa.
Au sol, les partisans de M. Hadi résistent aux rebelles qui, aidés de
soldats restés fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, tentent de
prendre Aden (sud) et Taëz (sud-ouest), deuxième et troisième villes du
pays.
A Aden, 47 personnes, dont une majorité de rebelles, sont mortes dans
les derniers raids aériens et combats, selon des sources médicales.
Les rebelles, dits Houthis, imposent notamment un blocus aux quartiers
proches du port, "empêchant l'acheminement de l'aide et l'évacuation des
blessés", a affirmé à Bassam al-Qhadi, un secouriste.
Imad Batata, un habitant du secteur, craint un manque de pain: "Il y a
une seule boulangerie d'ouverte et on y attend des heures pour pouvoir
espérer acheter du pain. Nous sommes sans eau et sans électricité depuis
quinze jours".
Malgré les tensions entre Ryad et Téhéran, le ministre iranien des
Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a félicité son nouvel homologue
saoudien Adel al-Jubeir. Mais Ryad et ses alliés du Golfe ont rejeté
l'idée de tenir hors de Ryad des négociations de paix yéménites, comme
Téhéran l'a proposé.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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