C'est la quatrième équipe, en trois ans que le Premier ministre
Abdelmalek Sellal a mis en place il y a une semaine, le jeudi 14 mai. Au
moment où le président de la République Abdelaziz Bouteflika achève
l’an I de son quatrième mandat, ce remaniement - attendu depuis
plusieurs mois, mais inattendu dans la date choisie - fait bouger la
solide pyramide étatique sans susciter, pour autant, un enthousiasme
particulier. Pourquoi une telle indifférence dans l’opinion ? Voire
carrément de la méfiance dans l’opposition ? Plus que les choix des
candidats, dont la plupart sont des technocrates novices en politique,
c’est l’art et la manière qui ne convainc pas. Aucune explication n’a
été donnée, ni d’objectifs fixés au moment de l’annonce, rendant la
lecture de ce remaniement partiel opaque. "Ce remaniement ministériel
relève plus de l’équation arithmétique que de la projection politique",
estime ainsi le quotidien Liberté dans son édition du samedi 16 mai. Les
ministres sortants ont "pour la plupart mérité leur sort", juge le
Quotidien d’Oran. "Ils ont peiné, voire carrément manqué, à maîtriser
leur secteur ou commençaient à être trop cités dans des affaires de
corruption", analyse Liberté. Le journal cite comme "cas d’espèce" en
matière de défaillance, l’échec du ministre des Sports Mohamed Tahmi à
décrocher la CAN 2017 et celui du ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi, à
gérer la contestation du Sud contre le gaz de schiste.
Youcef Yousfi est remplacé par Salah Khebri, PDG de l’Institut algérien
du pétrole (IAP) qui a également travaillé pour Sonatrach, la compagnie
nationale d’hydrocarbures. Comme lui, la majorité des nouveaux
ministres sont des administrateurs sans rattachement à des partis
politiques. Le plus emblématique étant le nouveau ministre des Finances,
Abderrahmane Benkhelfa, qui remplace Mohamed Djellab. Délégué général
de l’Association des banques et établissements financiers (Abef)
jusqu’en février 2012, ancien PDG du Crédit populaire algérien (CPA) et
administrateur provisoire d’El Khalifa Bank, ce spécialiste de la
Finance maîtrise parfaitement les rouages du système bancaire. Une
compétence indispensable dans un contexte de baisse des ressources
financières liées à la chute des prix du pétrole qui nécessite des
réformes économiques rapides pour réduire les coûts de dépenses de
l’État. "Le remaniement gouvernemental du 14 mai a confirmé clairement
la tendance dite "technocratique" de l’exécutif", relève le quotidien El
Watan dans son édition du 18 mai. "Sur les 32 ministres que compte la
nouvelle équipe de Sellal, seulement huit sont issus de partis
politiques : quatre appartenant au Front de libération national (FLN),
deux au Rassemblement national démocratique (RND) et les deux chefs du
Mouvement populaire algérien (MPA) et du Rassemblement de l'espoir de
l'Algérie (TAJ)", dit le journal.
"Replâtrage", "opération de routine", "remaniement technique", "simple
réaménagement", les partis de l’opposition ont largement critiqué le
"énième" changement de gouvernement qualifié de "non-événement". Mais
au-delà de ces commentaires ponctuels dictés par l’actualité, la voix de
l’opposition a dû mal à se faire entendre par manque d’actions et
d’unité sur une feuille de route précise et claire. Depuis leur premier
rassemblement en juin dernier, les partis d’opposition réunis pour la
plupart au sein de la Coordination pour les libertés et la transition
démocratique (CNLTD) - qui regroupe les partis et personnalités ayant
appelé au boycott de l’élection présidentielle du 17 avril 2014 et
appelle à la tenue d’élections anticipées - n’ont pas organisé d’autres
réunions. Le remaniement passé, la CNLTD pourrait revenir sur le devant
de la scène avec l’autre "changement" attendu qu’est le projet de
révision de la Constitution.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire