La coalition menée par l'Arabie Saoudite maintenait jeudi la trêve des
raids aériens au Yémen en dépit de "violations" de la part des rebelles
chiites, pour permettre la distribution de l'aide dans un pays où la
situation humanitaire est jugée catastrophique par l'ONU.
La capitale Sanaa a vécu sa nuit la plus calme depuis le début de la
campagne aérienne le 26 mars, selon un correspondant de l'AFP. La trêve
tient dans le reste du pays malgré des échanges de tirs sporadiques dans
des villes du sud.
La coalition a indiqué tôt jeudi avoir choisi la retenue en dépit de
violations par les Houthis du cessez-le-feu entré en vigueur, pour cinq
jours renouvelables, mardi soir.
"Les miliciens Houthis ont violé la trêve", a affirmé la coalition dans
un communiqué, qui fait état de 12 cas de violation du cessez-le-feu le
long de la frontière entre l'Arabie saoudite et le Yémen et au Yémen
même. Pour autant, elle "réaffirme son plein attachement à la trêve
humanitaire et à la retenue", ajoute le communiqué.
La coalition avait pourtant prévenu les Houthis qu'elle reprendrait ses
raids aériens en cas de violation du cessez-le-feu initié par l'Arabie Saoudite pour des raisons humanitaires.
La situation est "catastrophique" car le Yémen "manque de tout", a
expliqué mercredi Dominique Burgeon, expert des situations d'urgence à
l'Organisation des Nations unies pour l'Alimentation et l'Agriculture
(FAO).
Le conflit provoque des coupures d'eau et d'électricité, une grave
pénurie de carburant et de nombreuses victimes. Au moins 1.578 personnes
ont été tuées et 6.504 blessées, selon un bilan établi au 9 mai et
communiqué mercredi par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).
La trêve a permis de décharger mercredi une cargaison de fuel d'un
navire affrété par le Programme alimentaire mondial (PAM) au port de
Hodeida sur la mer Rouge.
La ministre de l'Information en exil, Nadia al-Sakkaf, qui préside une
commission de secours, a déclaré mercredi soir à Ryad que sept navires
transportant de l'aide humanitaire avaient pu atteindre le Yémen "cette
semaine".
Cité par l'agence Saba, fidèle au président Abd Rabbo Mansour Hadi
réfugié à Ryad, la ministre a précisé que trois bateaux avaient accosté à
Hodeida (ouest), un à Aden (sud), deux à Moukalla, une ville du sud-est
contrôlée par des combattants d'Al-Qaïda et le dernier à Mokkha sur la
mer Rouge.
En plus, 18 camions-citernes chargés de carburant sont entrés à partir
de l'Arabie Saoudite dans la province du Hadramout (sud-est), en évitant
le nord du pays contrôlé par les Houthis, a-t-elle ajouté.
Selon la ministre, 150 Yéménites bloqués en Jordanie sont rentrés
mercredi à Sanaa grâce à un avion affrété par l'Organisation mondiale
des migrations (OIM) et d'autres vols sont prévus.
Un responsable de l'aéroport de Sanaa a confirmé jeudi à l'AFP "une
reprise progressive des vols" après la réparation de la piste qui été
endommagée par des raids de la coalition. Un avion d'aide de Médecins
sans frontières (MSF) et un autre de l'ONU étaient attendus jeudi.
Si le gouvernement yéménite en exil s'est félicité du doublement à 540
millions de dollars de l'aide humanitaire saoudienne, annoncé mercredi,
il a indiqué refuser celle de l'Iran qu'il accuse de soutenir les terroristes Houthis.
Le ministre yéménite des Affaires étrangères en exil Ryad Yassine a
accusé depuis la capitale saoudienne l'Iran d'avoir envoyé au Yémen un
bateau sans l'"accord des autorités légitimes".
Il a affirmé que "les mesures appropriées seraient prise contre ce
bateau au cas où il entrerait dans les eaux territoriales yéménites",
affirmant que son gouvernement examinait "une rupture des relations
diplomatiques avec l'Iran".
Téhéran a mis en garde mercredi les Etats-Unis contre toute tentative
d'empêcher le navire d'atteindre le Yémen. Un haut gradé iranien, le
général Masoud Jazayeri, a laissé entendre que l'Iran avait bien
l'intention de délivrer l'aide dans un port yéménite, et non via la
plateforme mise en place par l'ONU à Djibouti, comme le lui a demandé
Washington.
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