Déjà rappelé à l'ordre par les plus grands historiens de la Shoah après
ses propos incendiaires dédouanant Hitler de l'idée de l'extermination
des Juifs, Benyamin Netanyahu est à nouveau contredit, cette fois en
privé, par le chef des renseignements de l'armée israélienne, sur
l'origine de la flambée de violence actuelle en Israël et dans les
territoires palestiniens. Alors que le Premier ministre israélien répète
à l'envi que c'est l'incitation à la haine proférée par l'Autorité
palestinienne de Mahmoud Abbas et le Hamas qui pousse nombre de jeunes
Palestiniens à attaquer au couteau des citoyens israéliens, le major
général Herzl Halevi aurait déclaré dimanche, lors du cabinet
ministériel hebdomadaire, que la rage et la frustration ressenties par
les jeunes Palestiniens faisaient partie des raisons expliquant leur
passage à l'acte, rapporte le quotidien israélien de gauche Haaretz.
D'après le chef des renseignements de Tsahal, beaucoup de ces jeunes ont
agi par désespoir face à la situation actuelle dans les territoires
palestiniens. "Ils ont senti qu'ils n'avaient rien à perdre", aurait
déclaré le militaire, selon trois participants à la réunion, qui ont
rapporté ses propos à Haaretz, sous couvert d'anonymat. Autre raison
avancée par le major général Herzl Halevi pour expliquer ces attaques,
le partage de vidéos d'attaque au couteau et les commentaires diffusés
sur les réseaux sociaux.
Pour autant, le major général Herzl Halevi n'épargne pas Mahmoud Abbas,
dont il souligne le double jeu. S'il convient que le président de
l'Autorité palestinienne a donné l'ordre à ses forces de sécurité
d'empêcher les attaques contre les Israéliens en territoire palestinien,
et qu'il a décidé d'autres mesures pour apaiser la situation, le chef
des renseignements israéliens ajoute que "de l'autre côté, Mahmoud Abbas
possède des forces qui agissent sur le terrain pour maintenir un
certain degré d'activité", autrement dit de tension.
Implacable rhétorique gouvernementale
Les assertions du militaire israélien ont en tout cas provoqué la colère
du ministre israélien de l'Immigration. D'après Haaretz, Zeev Elkin a
accusé le major général Herzl Halevi de minimiser les effets de
l'incitation à la haine côté palestinien et de ne blâmer qu'Israël.
Conservant son sang-froid, le chef des renseignements de l'armée
israélienne aurait simplement concédé au ministre : "Oui, il y a aussi
l'incitation à la haine." Cette implacable rhétorique gouvernementale
avait déjà été martelée par le ministre israélien de l'Intérieur lors de
sa récente visite à Paris.
Interrogé par Le Point sur l'idée que le geste d'un enfant de 13 ans
s'attaquant à un Juif au couteau tout en étant certain d'être abattu
après, pouvait davantage traduire son désespoir face au manque de
perspectives, Silvan Shalom n'en démordait pas et répondait que "tout
cela repose sur l'incitation [à la haine]. Uniquement cela. Nous n'avons
rien fait à ce jeune de 13 ans." Avant de demander : "Quel genre
d'occupation un jeune de 13 ans ressent-il ?"
Ce n'est pas la première fois que le Premier ministre Benyamin Netanyahu
est contredit par l'un de ses chefs militaires. En août dernier déjà,
le chef d'état-major de l'armée israélienne, le général Eizenkot,
expliquait dans un rapport dévoilé par Mediapart pourquoi l'Iran n'était
pas la menace principale pour Israël, contrairement aux dires de
Netanyahu, pour qui la République islamique est une menace
existentielle. Cela n'a visiblement pas empêché son ministre de
l'Intérieur, Silvan Shalom, de surenchérir lors de sa récente visite à
Paris en déclarant que "la véritable menace à laquelle nous devons faire
face est l'Iran. Pas Daesh [acronyme arabe de l'organisation État
islamique, NDLR], ni le Hamas, ni cette nouvelle forme de violence
[palestinienne au couteau, NDLR]".
(04-11-2015
- Armin Arefi)
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