Elle s’est éteinte en silence, elle qui emplissait le monde de son rire,
de son charisme et de la hardiesse de ses propos. La sociologue et
écrivaine marocaine Fatima Mernissi est décédée, tôt, lundi 30 novembre,
à Rabat. Une disparition regrettée par les nombreux amis et élèves de
cette figure complexe, à la fois universitaire et militante féministe,
et qui a inspiré des profils variés, de la journaliste
américano-égyptienne Mona Eltahawy à la figure de proue du féminisme
musulman, Amina Wadud.
Pour s’être saisie avec courage des grandes questions de société –
féminisme, islam et modernité –, Fatima Mernissi était devenue, d’abord
au Maghreb puis au-delà, une icône pour toute une génération
d’intellectuels. « Je suis née en 1940 dans un harem à Fès, ville
marocaine du IXe siècle, située à 5 000 km à l’ouest de La Mecque, et à 1
000 km au sud de Madrid, l’une des capitales des féroces chrétiens »,
écrit-elle en incipit de son best-seller Rêves de femmes, une enfance au
harem (Albin Michel/Le Fennec, 1994, le Livre de Poche, 1998).
Cette œuvre résolument fictionnelle tisse les fils de la mémoire en
évoquant une multitude de figures féminines hautes en couleur. Dans la
lignée assumée des Mille et une nuits, Mernissi y mêle le récit, par
moments autobiographique, et des réflexions sociologiques par la bouche
d’une fillette découvrant sa place dans le monde et, surtout, les
frontières (hûdûd) fixées par une société patriarcale. Originellement
écrit en anglais, l’ouvrage est traduit en vingt-cinq langues. Rêves de
femmes consacre la carrière originale d’une sociologue sortie des
sentiers battus de l’université.
Au service de « la liberté, la création, l’amour »
Après des études de lettres à Rabat, elle décroche une bourse pour la
Sorbonne puis obtient en 1974 un doctorat de sociologie à l’université
américaine de Brandeis (Massachusetts). L’année suivante, elle tire de
sa thèse une première publication, Beyond the Veil, qui s’impose
rapidement aux Etats-Unis comme un classique des cultural studies. Sa
thèse : les profondes entraves à la liberté des femmes dans les pays
dits « islamiques » ne trouvent pas tant leur origine dans les sources
scripturaires que dans des formes de contrôle théorisées dans un second
temps de l’islam, notamment sous la dynastie des Omeyyades.
Mernissi retourne ensuite enseigner la sociologie à l’université
Mohammed-V de Rabat. Elle y côtoie les principales figures de
l’avant-garde intellectuelle, dont Abdelkébir Khatibi, qui la présente
au poète Mohammed Bennis. « Elle a brillé bien au-delà de la sociologie,
car elle a ouvert des fenêtres vers la culture arabe et islamique,
témoigne le poète, ému de cette disparition. « Vous me l’apprenez »,
confie-t-il, au téléphone depuis la Chine, où il est en déplacement.
Fatima Mernissi aimait aussi courir le monde, de conférences en
cérémonies. En 2003, l’intellectuelle reçoit le prix Prince des Asturies
– le Nobel espagnol – que lui remet alors le prince Felipe, pas encore
souverain. Cette large reconnaissance n’empêche pas des moments plus
douloureux, une solitude parfois, qui semblent avoir été moteur dans son
écriture et son engagement civique. La parution, en 1987, de son livre
Le Harem politique (Albin Michel, 2010), l’expose à la vindicte des
islamistes marocains et de certains oulémas. La sociologue y plaide,
après avoir démontré qu’il a été falsifié, une réappropriation du
message du prophète Mahomet, qu’elle oppose à la « misogynie » de son
successeur, le calife Omar. « En tant que femme, Fatima a toujours
bataillé pour revendiquer sa place dans la culture marocaine, et plus
largement dans le référentiel arabo-musulman. Elle y a défendu la
liberté, la création, l’amour », insiste Mohammed Bennis.
A partir des années 1990, Mernissi s’engage dans la vie associative au
Maroc. L’écrivaine reconnue anime des ateliers d’écriture avec des
amateurs, des militants des droits humains, d’anciens prisonniers des «
années de plomb » marocaines (années 1960 à 1980), des journalistes.
Tous se sentent aujourd’hui orphelins. Comme Fadma Aït Mous. Cette
politologue a été la dernière à l’interroger longuement pour son ouvrage
cosigné avec Driss Ksikes, Le Métier d’intellectuel. Un recueil de
dialogues avec quinze penseurs du Maroc qui a reçu le prix Grand Atlas
le 20 novembre, à Rabat. « J’ai rencontré Fatima en 2008, se souvient
Fadma Aït Mous. A moi qui voulais l’interviewer, elle m’a orienté vers
mes origines. Par son humilité, elle incarne la générosité, la curiosité
intellectuelle, la joie de vivre et la capacité de s’émerveiller au
quotidien des petits fourmillements de la vie sociale. »
Le legs de Fatima Mernissi paraît immense. Fadma Aït Mous en retient «
une grande maîtrise du patrimoine musulman, un travail étymologique
minutieux où elle décèle des formes de modernité et dans lequel elle
puise l’essence d’un islam cosmique, remède contre la peur et les
cloisonnements territoriaux des temps présents ».
(30-11-2015 - Par Youssef Ait Akdim)
Bibliographie
Sexe, Idéologie, Islam, Éditions Maghrébines, 1985 Le Fennec
Al Jins Ka Handasa Ijtima'iya, Éditions Le Fennec, Casablanca 1987
Le monde n'est pas un harem, édition révisée, Albin Michel, 1991
Sultanes oubliées : femmes chefs d'État en Islam, Albin Michel / Éditions Le Fennec, 1990
Le harem politique : le Prophète et les femmes, Albin Michel, 1987, Paperback 1992
La Peur-Modernité : conflit islam démocratie, Albin Michel / Éditions Le Fennec, 1992
Nissa' 'Ala Ajnihati al-Hulmt, Éditions Le Fennec, Casablanca, 1998
Rêves de femmes : une enfance au harem, Éditions Le Fennec, Casablanca 1997 - Éd. Albin Michel Nov. 1998
Les Aït-Débrouille, Éditions Le Fennec, Casablanca, 1997 (2e édition, Édition de poche, Marsam, Rabat, 2003)
Êtes-vous vacciné contre le harem ?, Texte-Test pour les messieurs qui adorent les dames, Éditions Le Fennec, Casablanca, 1998
Le Harem et l'Occident, Albin Michel, 2001
Les Sindbads marocains, Voyage dans le Maroc civique, Éditions Marsam, Rabat, 2004
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
lundi 30 novembre 2015
Tunisie : Un président "chef de parti" (Benoît Delmas)
Dimanche en début d'après-midi, la présidence a fait savoir que BCE
s'exprimerait sur toutes les chaînes de télévision à 20 h 45. Six jours
après l'attentat qui a tué douze membres de la garde présidentielle, six
jours après l'entrée d'un couvre-feu drastique qui court de 21 heures à
5 heures dans le Grand Tunis (2,6 millions d'habitants répartis sur
quatre gouvernorats), six jours après l'instauration de l'état d'urgence
dans tout le pays pour une durée de trente jours, six jours enfin après
que le terrorisme a frappé au cœur de la capitale, la parole
présidentielle était attendue. Si la nouvelle Constitution a donné le
pouvoir à l'Assemblée des représentants du peuple, le symbole de
Carthage demeure puissant. Et c'est BCE qui au soir de l'acte revendiqué
par Daech était intervenu pour annoncer la batterie de mesures
sécuritaires. À 20 h 45, l'homme a surpris en évoquant la situation au
sein de son ancien parti (il en a démissionné après sa victoire
électorale, se devant d'être le président de tous les Tunisiens). La
crise d'adolescence que vit Nidaa Tounes fragilise l'action politique
depuis la rentrée. "La patrie avant le parti", a lancé, façon coup de
semonces à l'égard des 32 députés frondeurs, le vieux briscard de la vie
politique tunisienne. La scission en cours du bloc parlementaire a
mobilisé toutes les ressources humaines au pouvoir, du président de
l'ARP Mohamed Ennaceur au ministre-chef de cabinet d'Essebsi, Ridha
Belhaj. Sans succès. Son intervention a duré 17 minutes. Onze ont été
dédiées à Nidaa Tounes, cinq à la paix sociale, une minute quarante-sept
au terrorisme.
Une paix sociale pour le Nobel de la paix
Le propos présidentiel a tenu en trois points : besoin d'un parti uni, nécessité d'une paix sociale (de grandes grèves étaient prévues faute d'un accord sur les salaires du secteur privé) entre l'Ugtt et l'Utica et ce afin de pouvoir lutter contre le terrorisme. La date du 10 décembre hante les esprits. À Oslo, on remettra le prix Nobel de la paix aux quatre organisations qui ont mené le dialogue national au deuxième semestre 2013 afin de mettre sur pieds un gouvernement de technocrates. Parmi le quatuor : le syndicat Ugtt et le patronat réuni sous le sigle Utica. Les deux partenaires se sont violemment heurtés lors des négociations salariales dans le secteur privé. Au point qu'un secrétaire-général adjoint de l'Ugtt évoque de faire Nobel à part depuis le 20 octobre, date du limogeage de Mohamed Salah Ben Aissa. L'intérim est effectué par le ministre de la Défense qui a fort à faire sur le front du terrorisme et de la frontière avec la Libye. Les discussions sont en cours avec les partis alliés (les islamistes d'Ennahda au premier rang, les libéraux d'Afek Tounes et l'UPL de l'homme d'affaires Slim Riahi). Un processus qui peut prendre du temps, il avait fallu plusieurs semaines à Habib Essid pour former son équipe. La Tunisie vit son septième jour d'état urgence. Et le Grand Tunis a connu sa sixième nuit de couvre-feu. Huit heures durant lesquelles tout déplacement est interdit. La mesure est appliquée avec fermeté. Des contrevenants ont été placés en garde à vue.
(30-11-2015 - Benoît Delmas)
Une paix sociale pour le Nobel de la paix
Le propos présidentiel a tenu en trois points : besoin d'un parti uni, nécessité d'une paix sociale (de grandes grèves étaient prévues faute d'un accord sur les salaires du secteur privé) entre l'Ugtt et l'Utica et ce afin de pouvoir lutter contre le terrorisme. La date du 10 décembre hante les esprits. À Oslo, on remettra le prix Nobel de la paix aux quatre organisations qui ont mené le dialogue national au deuxième semestre 2013 afin de mettre sur pieds un gouvernement de technocrates. Parmi le quatuor : le syndicat Ugtt et le patronat réuni sous le sigle Utica. Les deux partenaires se sont violemment heurtés lors des négociations salariales dans le secteur privé. Au point qu'un secrétaire-général adjoint de l'Ugtt évoque de faire Nobel à part depuis le 20 octobre, date du limogeage de Mohamed Salah Ben Aissa. L'intérim est effectué par le ministre de la Défense qui a fort à faire sur le front du terrorisme et de la frontière avec la Libye. Les discussions sont en cours avec les partis alliés (les islamistes d'Ennahda au premier rang, les libéraux d'Afek Tounes et l'UPL de l'homme d'affaires Slim Riahi). Un processus qui peut prendre du temps, il avait fallu plusieurs semaines à Habib Essid pour former son équipe. La Tunisie vit son septième jour d'état urgence. Et le Grand Tunis a connu sa sixième nuit de couvre-feu. Huit heures durant lesquelles tout déplacement est interdit. La mesure est appliquée avec fermeté. Des contrevenants ont été placés en garde à vue.
(30-11-2015 - Benoît Delmas)
Maroc : Décès de la sociologue marocaine Fatima Mernissi
La sociologue et écrivaine marocaine Fatema Mernissi est décédée ce matin à Rabat à l’âge de 75 ans.
Écrivaine, sociologue mondialement reconnue pour ses oeuvres, Fatema Mernissi a dénoncé le patriarcat dans la culture musulmane. Elle a également mené de longs combats pour la cause féminine avec la création d’abord des « Caravanes civiques » puis ensuite le collectif « Femmes, familles, enfants ».
Parmi ses livres, on peut citer « Sexe, Idéologie, Islam » publié en 1985, "Le monde n’est pas un harem", "Sultanes oubliées : femmes chefs d’État en Islam", ou encore "Le harem politique : le Prophète et les femmes".
Fatema Mernissi a reçu en mai 2003 le prix Princesse des Asturies en littérature.
En 2013, elle était la seule Marocaine à figurer dans le classement des 100 femmes les plus influentes du monde arabe, réalisé par le magazine Arabian Business.
Écrivaine, sociologue mondialement reconnue pour ses oeuvres, Fatema Mernissi a dénoncé le patriarcat dans la culture musulmane. Elle a également mené de longs combats pour la cause féminine avec la création d’abord des « Caravanes civiques » puis ensuite le collectif « Femmes, familles, enfants ».
Parmi ses livres, on peut citer « Sexe, Idéologie, Islam » publié en 1985, "Le monde n’est pas un harem", "Sultanes oubliées : femmes chefs d’État en Islam", ou encore "Le harem politique : le Prophète et les femmes".
Fatema Mernissi a reçu en mai 2003 le prix Princesse des Asturies en littérature.
En 2013, elle était la seule Marocaine à figurer dans le classement des 100 femmes les plus influentes du monde arabe, réalisé par le magazine Arabian Business.
Arabie Saoudite : Le Royaume passé au crible par Stéphane Lacroix (Armin Arefi)
Les tragiques attentats de Paris ont délié les langues au sujet du plus
grand allié de la France au Moyen-Orient. Depuis le 13 novembre 2015,
l'Arabie saoudite est ouvertement accusée d'un double jeu à l'égard de
l'islamisme radical. Grand spécialiste de l'islam politique dans la
région, Stéphane Lacroix, chercheur au Ceri-Sciences Po, a passé
plusieurs années dans le royaume. Il décrypte les liens entre politique et religieux au royaume des saintes mosquées.
(Propos recueillis par Armin Arefi)
L'Arabie saoudite a-t-elle joué un rôle dans l'essor de l'islam radical ?
L'Arabie Saoudite est un État par nature fondamentalement prosélyte dont l'islam officiel est missionnaire et puritain. Pour le comprendre, il faut revenir au pacte fondateur du royaume conclu au XVIIIe siècle entre le prédicateur rigoriste Mohammed ben Abdelwahhab et la famille Al Saoud. Les oulémas (théologiens) légitiment le pouvoir politique des princes et leur accordent une large marge de manœuvre en ne s'immisçant pas dans leurs décisions, notamment concernant la politique étrangère. En échange, les religieux font appliquer l'islam salafiste (version ultra-rigoriste de l'islam) dans la société saoudienne, seul garant, selon eux, de la moralité sociale. Et le bras d'application de cette norme salafiste est la police religieuse. À l'étranger, les oulémas se voient accorder les moyens de faire de la prédication (da'wa), c'est-à-dire d'exporter leur vision de l'islam.
Quel est le rôle exact du royaume dans l'expansion du salafisme dans le monde ?
En échange du pouvoir politique laissé aux princes saoudiens, les oulémas s'emploient à diffuser leur message religieux dans le monde. Cela se traduit, dès le début des années 1960, par la création de la Ligue islamique mondiale, de l'Université islamique de Médine, et de toute une série d'ONG financées par le pouvoir saoudien dont la mission est de faire de l'humanitaire, mais aussi du prosélytisme.
Ce salafisme peut-il virer au djihadisme ?
Rarement. Si le salafisme tel que le comprennent les Saoudiens (retour à l'islam des origines, NDLR) est un islam missionnaire, puritain et ultra-rigoriste, il est dépourvu de tout versant politique, à la différence du djihadisme (qui prône le recours aux actions violentes, NDLR). D'ailleurs, le grand mufti (religieux, NDLR) d'Arabie saoudite a souligné que les « attentats-suicides étaient contraires à l'islam », et les cheikhs (sages) saoudiens produisent depuis des années des ouvrages contre Al-Qaïda et Daech.
Mais ce prosélytisme n'a-t-il pas contribué à radicaliser le monde musulman ?
Ce prosélytisme a affecté la pratique de l'islam dans le monde sunnite en le rendant de plus en plus conservateur. En Occident, il a produit une communauté ultra-rigoriste, cherchant à reconstruire une société idéale, de l'entre-soi. Ainsi, on peut s'inquiéter en France du problème sociétal que pose la croissance de cet islam puritain, d'autant que certains de ses partisans peuvent, en raison de certaines de leurs pratiques, entrer en conflit avec les lois républicaines. Mais il ne faut pas tout mélanger. Salafisme n'est pas synonyme de djihadisme.
N'existe-t-il pas des liens entre ces deux mouvances ?
Il peut exister des passerelles à la marge, mais la porosité est limitée par les cheikhs qui structurent les communautés salafistes. Le salafisme n'est pas révolutionnaire et n'attire pas le même public que le djihadisme. Il suffit, pour s'en convaincre, de regarder le parcours des terroristes des récentes attaques, qui ne fréquentaient pas les milieux salafistes. Au contraire, le djihadisme est un islamisme révolutionnaire, inspiré au départ de l'Égyptien Sayyid Qutb (idéologue radical issu des Frères musulmans, qui s'en sont ensuite démarqués, NDLR), pour qui il n'existait qu'une seule solution face à un pouvoir impie : l'action révolutionnaire et parfois violente. Certes, surtout à partir des années 1990, les djihadistes vont reformuler les idées de Qutb à partir de certains concepts salafistes, mais avec une lecture totalement différente. Aujourd'hui, en se focalisant sur les milieux salafistes (qui ont subi de nombreuses perquisitions dans le cadre de l'état d'urgence, NDLR), la police française s'en prend à des personnes qui n'ont pas de lien avéré avec la mouvance djihadiste. Et traiter des salafistes comme des terroristes, c'est ajouter à l'impression que l'on stigmatise les musulmans, ce qui fait précisément le jeu de Daech.
Au-delà du wahhabisme, quel est le rôle de l'Arabie saoudite dans le financement de groupes djihadistes ?
Les princes saoudiens ne soutiennent plus les islamistes comme ils ont pu le faire jusqu'aux années 1990. Ils en ont même aujourd'hui une peur bleue, car ce sont les seuls à représenter un modèle concurrent aux Saoud, et donc à pouvoir déstabiliser la monarchie. L'Arabie saoudite est fondamentalement antirévolutionnaire. Au cours du Printemps arabe, elle a surtout soutenu le statu quo : l'ancien président tunisien Ben Ali à qui elle a accordé l'asile, ainsi que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi... L'exception est la Syrie, mais c'est seulement parce que derrière Bachar el-Assad se trouve le rival iranien.
Justement, le royaume Saoud ne soutient-il pas des mouvements djihadistes contre le président syrien ?
Il est important de faire la part des choses. Depuis 2011, l'Arabie saoudite a surtout soutenu l'Armée syrienne libre (rebelles laïques, NDLR) en Syrie et elle reste aujourd'hui un de ses principaux financiers. En effet, les Saoudiens préfèrent des acteurs non idéologiques à des mouvements religieux qui seraient leur concurrent sur le plan politique.
Il se dit pourtant que Riyad finance, aux côtés du Qatar et de la Turquie, l'« Armée de la conquête », une coalition rebelle islamiste…
L'Armée syrienne libre étant frappée par les divisions, les Saoudiens se sont aujourd'hui partiellement reportés sur des islamistes « nationalistes » (qui n'agissent pas au nom du djihad global) pour des raisons d'efficacité militaire. Ce changement date surtout de janvier 2015 et l'arrivée sur le trône du roi Salman, moins anti-islamiste que son prédécesseur Abdallah.
Des fonds privés saoudiens ne financent-ils pas les groupes djihadistes en Syrie ?
En parallèle des financements étatiques, des oulémas n'appartenant pas à l'establishment officiel se sont rangés derrière des groupes politiques salafistes. Dès le début du conflit, ces religieux ont soutenu en Syrie le groupe Ahrar el Sham et le front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda). Mais pour la plupart d'entre eux, ils ne soutiennent pas Daech. L'organisation État islamique est détestée d'eux, car elle prétend au leadership sur l'islam tout entier, ce qui est inacceptable pour ses concurrents.
Comment expliquer que des oulémas saoudiens continuent à soutenir des groupes djihadistes en Syrie ?
La bicéphalité du pouvoir – la cohabitation du religieux et du politique – en Arabie saoudite crée un espace intermédiaire qu'investissent des oulémas islamistes beaucoup plus politisés, d'autant plus que toute contestation en Arabie saoudite s'organise autour de l'islam. Ces derniers sont populaires : plusieurs d'entre eux ont des millions de followers sur Twitter.
Pourquoi le pouvoir saoudien ne fait-il rien, d'autant que ces djihadistes menacent à terme la monarchie al-Saoud ?
Le pouvoir saoudien se méfie de ces oulémas islamistes, dont certains ont mené la contestation contre le régime dans les années 1990. Mais il ne peut se permettre de les envoyer en prison, le coût étant trop élevé en interne. Là encore, la politique intérieure a des effets réels sur la politique étrangère.
D'une certaine manière, l'Arabie saoudite ne joue-t-elle pas un double jeu ?
Les Saoudiens ont péché de deux manières. D'une part, par leur incapacité, si ce n'est leur manque de volonté, à contrôler les réseaux privés, sous peine de bouleverser l'équilibre interne de la monarchie et de la déstabiliser. De l'autre, par leur obsession anti-iranienne qui fait que l'Iran est aujourd'hui hissé au rang de priorité pour le royaume, devant Daech, qui n'arrive qu'en seconde position. Voilà pourquoi la majorité des ressources militaires et financières saoudiennes sont aujourd'hui dirigées vers le Yémen (où l'Arabie saoudite est en guerre contre les miliciens chiites houthis, soutenus par l'Iran), au détriment de l'Irak et de la Syrie.
(30-11-2015 )
L'Arabie saoudite a-t-elle joué un rôle dans l'essor de l'islam radical ?
L'Arabie Saoudite est un État par nature fondamentalement prosélyte dont l'islam officiel est missionnaire et puritain. Pour le comprendre, il faut revenir au pacte fondateur du royaume conclu au XVIIIe siècle entre le prédicateur rigoriste Mohammed ben Abdelwahhab et la famille Al Saoud. Les oulémas (théologiens) légitiment le pouvoir politique des princes et leur accordent une large marge de manœuvre en ne s'immisçant pas dans leurs décisions, notamment concernant la politique étrangère. En échange, les religieux font appliquer l'islam salafiste (version ultra-rigoriste de l'islam) dans la société saoudienne, seul garant, selon eux, de la moralité sociale. Et le bras d'application de cette norme salafiste est la police religieuse. À l'étranger, les oulémas se voient accorder les moyens de faire de la prédication (da'wa), c'est-à-dire d'exporter leur vision de l'islam.
Quel est le rôle exact du royaume dans l'expansion du salafisme dans le monde ?
En échange du pouvoir politique laissé aux princes saoudiens, les oulémas s'emploient à diffuser leur message religieux dans le monde. Cela se traduit, dès le début des années 1960, par la création de la Ligue islamique mondiale, de l'Université islamique de Médine, et de toute une série d'ONG financées par le pouvoir saoudien dont la mission est de faire de l'humanitaire, mais aussi du prosélytisme.
Ce salafisme peut-il virer au djihadisme ?
Rarement. Si le salafisme tel que le comprennent les Saoudiens (retour à l'islam des origines, NDLR) est un islam missionnaire, puritain et ultra-rigoriste, il est dépourvu de tout versant politique, à la différence du djihadisme (qui prône le recours aux actions violentes, NDLR). D'ailleurs, le grand mufti (religieux, NDLR) d'Arabie saoudite a souligné que les « attentats-suicides étaient contraires à l'islam », et les cheikhs (sages) saoudiens produisent depuis des années des ouvrages contre Al-Qaïda et Daech.
Mais ce prosélytisme n'a-t-il pas contribué à radicaliser le monde musulman ?
Ce prosélytisme a affecté la pratique de l'islam dans le monde sunnite en le rendant de plus en plus conservateur. En Occident, il a produit une communauté ultra-rigoriste, cherchant à reconstruire une société idéale, de l'entre-soi. Ainsi, on peut s'inquiéter en France du problème sociétal que pose la croissance de cet islam puritain, d'autant que certains de ses partisans peuvent, en raison de certaines de leurs pratiques, entrer en conflit avec les lois républicaines. Mais il ne faut pas tout mélanger. Salafisme n'est pas synonyme de djihadisme.
N'existe-t-il pas des liens entre ces deux mouvances ?
Il peut exister des passerelles à la marge, mais la porosité est limitée par les cheikhs qui structurent les communautés salafistes. Le salafisme n'est pas révolutionnaire et n'attire pas le même public que le djihadisme. Il suffit, pour s'en convaincre, de regarder le parcours des terroristes des récentes attaques, qui ne fréquentaient pas les milieux salafistes. Au contraire, le djihadisme est un islamisme révolutionnaire, inspiré au départ de l'Égyptien Sayyid Qutb (idéologue radical issu des Frères musulmans, qui s'en sont ensuite démarqués, NDLR), pour qui il n'existait qu'une seule solution face à un pouvoir impie : l'action révolutionnaire et parfois violente. Certes, surtout à partir des années 1990, les djihadistes vont reformuler les idées de Qutb à partir de certains concepts salafistes, mais avec une lecture totalement différente. Aujourd'hui, en se focalisant sur les milieux salafistes (qui ont subi de nombreuses perquisitions dans le cadre de l'état d'urgence, NDLR), la police française s'en prend à des personnes qui n'ont pas de lien avéré avec la mouvance djihadiste. Et traiter des salafistes comme des terroristes, c'est ajouter à l'impression que l'on stigmatise les musulmans, ce qui fait précisément le jeu de Daech.
Au-delà du wahhabisme, quel est le rôle de l'Arabie saoudite dans le financement de groupes djihadistes ?
Les princes saoudiens ne soutiennent plus les islamistes comme ils ont pu le faire jusqu'aux années 1990. Ils en ont même aujourd'hui une peur bleue, car ce sont les seuls à représenter un modèle concurrent aux Saoud, et donc à pouvoir déstabiliser la monarchie. L'Arabie saoudite est fondamentalement antirévolutionnaire. Au cours du Printemps arabe, elle a surtout soutenu le statu quo : l'ancien président tunisien Ben Ali à qui elle a accordé l'asile, ainsi que le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi... L'exception est la Syrie, mais c'est seulement parce que derrière Bachar el-Assad se trouve le rival iranien.
Justement, le royaume Saoud ne soutient-il pas des mouvements djihadistes contre le président syrien ?
Il est important de faire la part des choses. Depuis 2011, l'Arabie saoudite a surtout soutenu l'Armée syrienne libre (rebelles laïques, NDLR) en Syrie et elle reste aujourd'hui un de ses principaux financiers. En effet, les Saoudiens préfèrent des acteurs non idéologiques à des mouvements religieux qui seraient leur concurrent sur le plan politique.
Il se dit pourtant que Riyad finance, aux côtés du Qatar et de la Turquie, l'« Armée de la conquête », une coalition rebelle islamiste…
L'Armée syrienne libre étant frappée par les divisions, les Saoudiens se sont aujourd'hui partiellement reportés sur des islamistes « nationalistes » (qui n'agissent pas au nom du djihad global) pour des raisons d'efficacité militaire. Ce changement date surtout de janvier 2015 et l'arrivée sur le trône du roi Salman, moins anti-islamiste que son prédécesseur Abdallah.
Des fonds privés saoudiens ne financent-ils pas les groupes djihadistes en Syrie ?
En parallèle des financements étatiques, des oulémas n'appartenant pas à l'establishment officiel se sont rangés derrière des groupes politiques salafistes. Dès le début du conflit, ces religieux ont soutenu en Syrie le groupe Ahrar el Sham et le front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda). Mais pour la plupart d'entre eux, ils ne soutiennent pas Daech. L'organisation État islamique est détestée d'eux, car elle prétend au leadership sur l'islam tout entier, ce qui est inacceptable pour ses concurrents.
Comment expliquer que des oulémas saoudiens continuent à soutenir des groupes djihadistes en Syrie ?
La bicéphalité du pouvoir – la cohabitation du religieux et du politique – en Arabie saoudite crée un espace intermédiaire qu'investissent des oulémas islamistes beaucoup plus politisés, d'autant plus que toute contestation en Arabie saoudite s'organise autour de l'islam. Ces derniers sont populaires : plusieurs d'entre eux ont des millions de followers sur Twitter.
Pourquoi le pouvoir saoudien ne fait-il rien, d'autant que ces djihadistes menacent à terme la monarchie al-Saoud ?
Le pouvoir saoudien se méfie de ces oulémas islamistes, dont certains ont mené la contestation contre le régime dans les années 1990. Mais il ne peut se permettre de les envoyer en prison, le coût étant trop élevé en interne. Là encore, la politique intérieure a des effets réels sur la politique étrangère.
D'une certaine manière, l'Arabie saoudite ne joue-t-elle pas un double jeu ?
Les Saoudiens ont péché de deux manières. D'une part, par leur incapacité, si ce n'est leur manque de volonté, à contrôler les réseaux privés, sous peine de bouleverser l'équilibre interne de la monarchie et de la déstabiliser. De l'autre, par leur obsession anti-iranienne qui fait que l'Iran est aujourd'hui hissé au rang de priorité pour le royaume, devant Daech, qui n'arrive qu'en seconde position. Voilà pourquoi la majorité des ressources militaires et financières saoudiennes sont aujourd'hui dirigées vers le Yémen (où l'Arabie saoudite est en guerre contre les miliciens chiites houthis, soutenus par l'Iran), au détriment de l'Irak et de la Syrie.
(30-11-2015 )
Syrie: Les Emirats prêts à contribuer à une force terrestre contre l'EI
Les Emirats arabes unis sont prêts à participer à une force terrestre
pour combattre Daesh à savoir le groupe dit Etat islamique (EI) en Syrie, a annoncé un
ministre en louant les frappes russes contre les jihadistes qualifiés
d'"ennemi commun".
Toute intervention militaire en Syrie "complique la situation, qu'elle vienne de la Russie ou d'une autre partie", a déclaré le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash, cité lundi par l'agence officielle WAM qui relatait une discussion entre ce haut responsable et des journalistes sur la Syrie.
Mais M. Gargash a ajouté que son pays, membre de la coalition internationale anti-EI dirigée par Washington, "est prêt à participer à tout effort international nécessitant une intervention terrestre pour combattre le terrorisme".
"Les pays de la région doivent supporter une part du fardeau. Et il n'y a pas lieu d'avoir une intervention étrangère comme celle des Américains pour libérer le Koweït", a ajouté le ministre émirati.
Il se reférait à la coalition internationale qui, sous la conduite des Etats-Unis, avait libéré le Koweït en février 1991 après sept mois d'occupation irakienne.
Les Emirats ont été parmi les premiers pays en septembre 2014 à participer à la campagne aérienne contre l'EI en Syrie.
"Personne ne va s'inquiéter du bombardement russe de Daesh (acronyme arabe de l'EI) ou d'Al-Qaïda, car ce bombardement vise un ennemi commun", a dit M. Gargash, dont le pays est aussi l'un des piliers de la coalition arabe intervenue en mars au Yémen contre des rebelles chiites accusés de liens avec l'Iran.
Il s'agit d'une des rares réactions arabes à l'opération lancée fin septembre par la Russie contre les jihadistes de l'EI en Syrie. L'Egypte était le premier pays à saluer cette intervention.
La Russie, intervenue dans le conflit pour venir en aide au régime de Bashar al-Assad, affirme viser l'EI et d'autres groupes "terroristes", c'est-à-dire opposés au pouvoir.
Mais les Occidentaux et des opposants accusent Moscou de concentrer ses bombardements sur des rebelles qualifiés de "modérés".
Dimanche, deux sénateurs américains ont plaidé pour l'envoi de 100.000 soldats étrangers, en majorité de pays sunnites mais aussi Américains, pour combattre l'EI en Syrie.
"Il faudrait 100.000 soldats au total" pour combattre l'EI, a déclaré à des journalistes John McCain, président du Comité des forces armées du Sénat américain, lors d'une visite à Bagdad.
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a pour sa part assuré lundi que son pays avait les effectifs suffisants pour battre Daesh.
Toute intervention militaire en Syrie "complique la situation, qu'elle vienne de la Russie ou d'une autre partie", a déclaré le ministre d'Etat émirati aux Affaires étrangères Anwar Gargash, cité lundi par l'agence officielle WAM qui relatait une discussion entre ce haut responsable et des journalistes sur la Syrie.
Mais M. Gargash a ajouté que son pays, membre de la coalition internationale anti-EI dirigée par Washington, "est prêt à participer à tout effort international nécessitant une intervention terrestre pour combattre le terrorisme".
"Les pays de la région doivent supporter une part du fardeau. Et il n'y a pas lieu d'avoir une intervention étrangère comme celle des Américains pour libérer le Koweït", a ajouté le ministre émirati.
Il se reférait à la coalition internationale qui, sous la conduite des Etats-Unis, avait libéré le Koweït en février 1991 après sept mois d'occupation irakienne.
Les Emirats ont été parmi les premiers pays en septembre 2014 à participer à la campagne aérienne contre l'EI en Syrie.
"Personne ne va s'inquiéter du bombardement russe de Daesh (acronyme arabe de l'EI) ou d'Al-Qaïda, car ce bombardement vise un ennemi commun", a dit M. Gargash, dont le pays est aussi l'un des piliers de la coalition arabe intervenue en mars au Yémen contre des rebelles chiites accusés de liens avec l'Iran.
Il s'agit d'une des rares réactions arabes à l'opération lancée fin septembre par la Russie contre les jihadistes de l'EI en Syrie. L'Egypte était le premier pays à saluer cette intervention.
La Russie, intervenue dans le conflit pour venir en aide au régime de Bashar al-Assad, affirme viser l'EI et d'autres groupes "terroristes", c'est-à-dire opposés au pouvoir.
Mais les Occidentaux et des opposants accusent Moscou de concentrer ses bombardements sur des rebelles qualifiés de "modérés".
Dimanche, deux sénateurs américains ont plaidé pour l'envoi de 100.000 soldats étrangers, en majorité de pays sunnites mais aussi Américains, pour combattre l'EI en Syrie.
"Il faudrait 100.000 soldats au total" pour combattre l'EI, a déclaré à des journalistes John McCain, président du Comité des forces armées du Sénat américain, lors d'une visite à Bagdad.
Le Premier ministre irakien Haider al-Abadi a pour sa part assuré lundi que son pays avait les effectifs suffisants pour battre Daesh.
Syrie : Fabius ouvre la porte à un soutien à l'armée syrienne si Bashar s'en va
Collaborer avec l'armée syrienne pour combattre l'État islamique (EI),
mais à une condition : que l'actuel président Bashar el-Assad ne soit
plus aux commandes. C'est ce qu'a annoncé le chef de la diplomatie
française Laurent Fabius.
"Si on arrive à une transition politique et que ce n'est plus Bashar qui dirige l'armée syrienne, il peut y avoir des actions communes contre le terrorisme. Mais sous M. Bashar ce n'est pas possible", a déclaré Laurent Fabius sur la radio France Inter, interrogé au Bourget où se déroule la conférence climat. "Il est évident que ce n'est pas sous la maîtrise de M. Assad que l'armée pourrait être engagée aux côtés de l'opposition modérée", a-t-il insisté.
Faciliter une rencontre entre Poutine et Erdogan
La France a désormais pour priorité en Syrie la lutte contre les djihadistes de l'EI, organisation qui a revendiqué les sanglants attentats du 13 novembre à Paris. Mais "nous travaillons pour une transition politique", a assuré Laurent Fabius, alors que deux réunions internationales, associant pour la première fois les alliés du régime syrien, Moscou et Téhéran, se sont déroulées en octobre et novembre à Vienne. Cette réunion a permis d'établir une feuille de route prévoyant une réunion de l'opposition et d'éléments du régime syrien d'ici le 1er janvier, la mise en place d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'élaboration d'une nouvelle constitution avant l'organisation d'élections dans les 18 mois.
Alors que plus de 150 chefs d'État et de gouvernement sont réunis lundi au Bourget près de Paris pour la plus grande conférence sur le climat jamais organisée, le sujet syrien devrait être abordé lors des multiples bilatérales qui auront lieu en marge de la conférence. Évoquant la possibilité d'une bilatérale entre les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, brouillés depuis qu'un avion russe a été abattu à la frontière syrienne par l'armée turque, Laurent Fabius, qui préside la COP21, a assuré que "si nous pouvons faciliter les choses nous le ferons".
"Si on arrive à une transition politique et que ce n'est plus Bashar qui dirige l'armée syrienne, il peut y avoir des actions communes contre le terrorisme. Mais sous M. Bashar ce n'est pas possible", a déclaré Laurent Fabius sur la radio France Inter, interrogé au Bourget où se déroule la conférence climat. "Il est évident que ce n'est pas sous la maîtrise de M. Assad que l'armée pourrait être engagée aux côtés de l'opposition modérée", a-t-il insisté.
Faciliter une rencontre entre Poutine et Erdogan
La France a désormais pour priorité en Syrie la lutte contre les djihadistes de l'EI, organisation qui a revendiqué les sanglants attentats du 13 novembre à Paris. Mais "nous travaillons pour une transition politique", a assuré Laurent Fabius, alors que deux réunions internationales, associant pour la première fois les alliés du régime syrien, Moscou et Téhéran, se sont déroulées en octobre et novembre à Vienne. Cette réunion a permis d'établir une feuille de route prévoyant une réunion de l'opposition et d'éléments du régime syrien d'ici le 1er janvier, la mise en place d'un gouvernement de transition dans les six mois et l'élaboration d'une nouvelle constitution avant l'organisation d'élections dans les 18 mois.
Alors que plus de 150 chefs d'État et de gouvernement sont réunis lundi au Bourget près de Paris pour la plus grande conférence sur le climat jamais organisée, le sujet syrien devrait être abordé lors des multiples bilatérales qui auront lieu en marge de la conférence. Évoquant la possibilité d'une bilatérale entre les présidents russe Vladimir Poutine et turc Recep Tayyip Erdogan, brouillés depuis qu'un avion russe a été abattu à la frontière syrienne par l'armée turque, Laurent Fabius, qui préside la COP21, a assuré que "si nous pouvons faciliter les choses nous le ferons".
Israël/Palestine : Deux Israéliens reconnus coupables du meurtre d'un Palestinien brûlé vif
Un tribunal de Jérusalem a déclaré lundi deux israéliens coupables
d'avoir enlevé et brûlé vif un adolescent palestinien en 2014, un
meurtre qui avait contribué à l'escalade des violences menant à la
guerre de Gaza.
Le tribunal a suspendu son jugement contre un troisième homme, le meneur du groupe, dans l'attente de l'examen de son état mental.
Dans son jugement, le tribunal dit que les trois accusés, un adulte et deux mineurs, ont bien enlevé et assassiné Mohammad Abu Khdeir en juillet 2014. Mais il ne prononce pas encore de peine et dit que, dans le cas de l'adulte, il devra déterminer s'il est ou pas pénalement responsable.
Les juges se prononceront le 20 décembre sur cette question. Les avocats de cet adulte, Yosef Haim Ben David, qui passe pour l'instigateur et le principal exécutant du crime, plaident son état mental pour affirmer qu'il est pénalement irresponsable. Ils ont produit un document à l'appui de leurs dires il y a quelques jours seulement, a indiqué le tribunal, ce qui explique ce coup de théâtre de dernière minute.
Les juges prononceront les peines le 13 janvier, au moins dans le cas des deux mineurs, a dit le tribunal.
Yosef Haim Ben David, habitant juif d'une colonie proche de Jérusalem, avait expliqué aux enquêteurs après son arrestation qu'ils cherchaient à venger l'enlèvement et l'assassinat, trois semaines plus tôt, de trois adolescents israéliens par des Palestiniens en Cisjordanie occupée.
L'assassinat de Mohammad Abu Khdeir avait contribué à attisé les violences entre Palestiniens et Israéliens qui avaient débouché sur la guerre dans la bande de Gaza en juillet et août 2014.
Le tribunal a suspendu son jugement contre un troisième homme, le meneur du groupe, dans l'attente de l'examen de son état mental.
Dans son jugement, le tribunal dit que les trois accusés, un adulte et deux mineurs, ont bien enlevé et assassiné Mohammad Abu Khdeir en juillet 2014. Mais il ne prononce pas encore de peine et dit que, dans le cas de l'adulte, il devra déterminer s'il est ou pas pénalement responsable.
Les juges se prononceront le 20 décembre sur cette question. Les avocats de cet adulte, Yosef Haim Ben David, qui passe pour l'instigateur et le principal exécutant du crime, plaident son état mental pour affirmer qu'il est pénalement irresponsable. Ils ont produit un document à l'appui de leurs dires il y a quelques jours seulement, a indiqué le tribunal, ce qui explique ce coup de théâtre de dernière minute.
Les juges prononceront les peines le 13 janvier, au moins dans le cas des deux mineurs, a dit le tribunal.
Yosef Haim Ben David, habitant juif d'une colonie proche de Jérusalem, avait expliqué aux enquêteurs après son arrestation qu'ils cherchaient à venger l'enlèvement et l'assassinat, trois semaines plus tôt, de trois adolescents israéliens par des Palestiniens en Cisjordanie occupée.
L'assassinat de Mohammad Abu Khdeir avait contribué à attisé les violences entre Palestiniens et Israéliens qui avaient débouché sur la guerre dans la bande de Gaza en juillet et août 2014.
dimanche 29 novembre 2015
Israël/Palestine : Nouvelles attaques au couteau, fermeture de radios palestiniennes
Les attaques au couteau se poursuivent. Un garde-frontière israélien a
été grièvement blessé au cou dimanche à Jérusalem. Son agresseur, un
Palestinien de 38 ans originaire de Naplouse dans le nord de la
Cisjordanie, a été tué par d'autres gardes-frontières après qu'il a
commis son acte en criant "Allah Akbar" (Dieu est le plus grand).
Depuis le 1er octobre, 99 Palestiniens et 1 Arabe israélien ont été tués – et 17 du côté israélien, ainsi qu'un Américain et un Érythréen, selon un décompte de l'AFP. Une majorité des Palestiniens tués l'ont été en tentant ou en menant des attaques.
Fermeture de plusieurs radios palestiniennes
Peu auparavant, l'armée israélienne a fermé dans la nuit de samedi à dimanche une troisième station de radio palestinienne en un mois à Hébron, ville du sud de la Cisjordanie au centre des violences qui frappent Israël et les Territoires palestiniens depuis le 1er octobre. Les forces militaires "ont confisqué le matériel de diffusion de la station radio surnommée Dream qui a diffusé des programmes en vue de promouvoir et d'encourager le terrorisme contre des civils et les forces de sécurité israéliennes", a précisé une porte-parole militaire. Le propriétaire de la station, Talab Jabari, a précisé que les soldats avaient "saisi tout le matériel et provoqué d'importants dégâts dans la station". Il a également indiqué qu'il avait reçu un ordre écrit de fermeture pour une période de six mois.
Deux autres stations de radio privées palestiniennes à Hébron, Al-Khalil et Al-Hourriya, accusées elles aussi d'encourager les violences, ont été fermées en novembre par l'armée israélienne. Deux autres radios palestiniennes, dont une émet depuis Hébron, ont affirmé samedi avoir été menacées de fermeture par Israël qui les accuse d'"inciter à la violence" contre ses troupes. Tareq Souitan, directeur de Radio Nass, qui émet depuis la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, a indiqué avoir reçu une notification écrite. "La lettre (...) nous menace de fermeture et de saisie de notre matériel si nous continuons à inciter à la violence" contre l'armée israélienne selon les termes employés dans la missive, a-t-il expliqué. "Nous ne faisons que diffuser des informations et des chansons nationalistes qui passent également sur d'autres radios palestiniennes", a-t-il encore dit. Une autre radio, On FM, qui émet depuis Hébron a également affirmé avoir reçu cette notification.
Israël accuse les médias palestiniens "d'incitation à la violence"
Ces fermetures et les nouvelles menaces "sont la preuve qu'Israël planifie une escalade", a affirmé Mahmoud Khalifa, haut cadre du ministère palestinien de l'Information. Le ministre israélien de l'Énergie Youval Steinitz, un proche du chef du gouvernement Benjamin Netanyahu, a également préconisé jeudi la fermeture de la télévision et de la radio publiques palestiniennes qu'il a accusées "d'incitations à la violence". Les Territoires palestiniens comptent près de 90 stations de radio locales, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, ainsi que 18 chaînes de télévision. La plupart de ces médias couvrent depuis le 1er octobre, souvent en direct, les affrontements qui opposent régulièrement jeunes lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, et diffusent des chants patriotiques entre les bulletins d'information.
Par ailleurs, le Fatah, le parti du président palestinien Mahmud Abbas a décidé de reporter son congrès, qui était initialement prévu dimanche "en raison des circonstances actuelles", annoncé le mouvement.
Depuis le 1er octobre, 99 Palestiniens et 1 Arabe israélien ont été tués – et 17 du côté israélien, ainsi qu'un Américain et un Érythréen, selon un décompte de l'AFP. Une majorité des Palestiniens tués l'ont été en tentant ou en menant des attaques.
Fermeture de plusieurs radios palestiniennes
Peu auparavant, l'armée israélienne a fermé dans la nuit de samedi à dimanche une troisième station de radio palestinienne en un mois à Hébron, ville du sud de la Cisjordanie au centre des violences qui frappent Israël et les Territoires palestiniens depuis le 1er octobre. Les forces militaires "ont confisqué le matériel de diffusion de la station radio surnommée Dream qui a diffusé des programmes en vue de promouvoir et d'encourager le terrorisme contre des civils et les forces de sécurité israéliennes", a précisé une porte-parole militaire. Le propriétaire de la station, Talab Jabari, a précisé que les soldats avaient "saisi tout le matériel et provoqué d'importants dégâts dans la station". Il a également indiqué qu'il avait reçu un ordre écrit de fermeture pour une période de six mois.
Deux autres stations de radio privées palestiniennes à Hébron, Al-Khalil et Al-Hourriya, accusées elles aussi d'encourager les violences, ont été fermées en novembre par l'armée israélienne. Deux autres radios palestiniennes, dont une émet depuis Hébron, ont affirmé samedi avoir été menacées de fermeture par Israël qui les accuse d'"inciter à la violence" contre ses troupes. Tareq Souitan, directeur de Radio Nass, qui émet depuis la ville de Jénine, dans le nord de la Cisjordanie, a indiqué avoir reçu une notification écrite. "La lettre (...) nous menace de fermeture et de saisie de notre matériel si nous continuons à inciter à la violence" contre l'armée israélienne selon les termes employés dans la missive, a-t-il expliqué. "Nous ne faisons que diffuser des informations et des chansons nationalistes qui passent également sur d'autres radios palestiniennes", a-t-il encore dit. Une autre radio, On FM, qui émet depuis Hébron a également affirmé avoir reçu cette notification.
Israël accuse les médias palestiniens "d'incitation à la violence"
Ces fermetures et les nouvelles menaces "sont la preuve qu'Israël planifie une escalade", a affirmé Mahmoud Khalifa, haut cadre du ministère palestinien de l'Information. Le ministre israélien de l'Énergie Youval Steinitz, un proche du chef du gouvernement Benjamin Netanyahu, a également préconisé jeudi la fermeture de la télévision et de la radio publiques palestiniennes qu'il a accusées "d'incitations à la violence". Les Territoires palestiniens comptent près de 90 stations de radio locales, en Cisjordanie occupée et dans la bande de Gaza, ainsi que 18 chaînes de télévision. La plupart de ces médias couvrent depuis le 1er octobre, souvent en direct, les affrontements qui opposent régulièrement jeunes lanceurs de pierres palestiniens et soldats israéliens, et diffusent des chants patriotiques entre les bulletins d'information.
Par ailleurs, le Fatah, le parti du président palestinien Mahmud Abbas a décidé de reporter son congrès, qui était initialement prévu dimanche "en raison des circonstances actuelles", annoncé le mouvement.
Syrie: Bashar accuse ses adversaires de soutenir davantage "les terroristes"
Le dictateur syrien Bashar al-Assad a accusé dimanche sans les nommer
"des pays hostiles à la Syrie" d'avoir renforcé leur soutien aux
"terroristes" en réaction à l'offensive menée par les forces loyales au
régime avec l'aide de l'Iran et de la Russie.
Sur le terrain, au moins 18 civils ont été tués dimanche et plus de 40 blessés dans des frappes "probablement russes" sur la ville d'Ariha, dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cette ville se trouve dans la province d'Idleb, contrôlée par des rebelles regroupés dans la coalition "Armée de la conquête" qui comprend entre autres la branche syrienne d'Al-Qaïda, le Front Al-Nosra. Le régime syrien désigne ces rebelles comme des "terroristes" et tente de regagner du terrain contre eux.
Dans ce contexte, le boucher de Damas s'est félicité, en accueillant Ali Akbar Velayati, le conseiller pour les affaires internationales du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, des "réalisations importantes de l'armée (...) dans la lutte contre le terrorisme, avec l'appui des amis et à leur tête l'Iran et la Russie", a rapporté l'agence syrienne Sana.
Ces "réalisations" ont "poussé certains pays hostiles à la Syrie et qui prétendent combattre le terrorisme, à (...) revoir à la hausse le financement et l'armement des groupes terroristes", a ajouté Bashar.
L'Armée de la Conquête est financée, selon des experts, par des pays du Golfe.
Samedi, Damas avait accusé la Turquie d'avoir augmenté "son soutien aux terroristes, ainsi que les livraisons d'armes et munitions".
Le régime syrien, ainsi que l'Iran, son principal allié régional, considèrent pêle-mêle comme "terroristes" les rebelles modérés et les jihadistes du groupe État islamique (EI).
Velayati a réitéré de son côté la "détermination" de Téhéran à "poursuivre son soutien au gouvernement et au peuple syriens".
Bashar compte aussi sur le soutien de la Russie qui mène depuis le 30 septembre des bombardements aériens en Syrie affirmant cibler l'EI. Des groupes rebelles syriens accusent Moscou de viser des combattants de l'opposition plutôt que l'EI.
Dimanche, le corps du pilote d'un bombardier russe abattu mardi par l'aviation turque a été ramené de Syrie en Turquie où il sera remis à un représentant russe, a annoncé Ankara alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas.
En plus de la Russie, l'EI est visé depuis 2014 par des frappes d'une coalition internationale menée par les États-Unis, qui n'est pas parvenu à le neutraliser mais qui a permis aux forces kurdes de le chasser de certaines zones.
Le président français François Hollande tente d'élargir cette coalition depuis que l'EI a revendiqué les attentats de Paris qui ont fait 130 morts.
Si l'Allemagne a annoncé dimanche qu'elle comptait déployer quelque 1.200 militaires pour aider la France dans cette lutte, les Espagnols sont davantage divisés sur la question selon des sondages et Madrid temporise.
Le gouvernement de David Cameron a de son côté intensifié ses efforts dimanche pour obtenir un consensus autour de l'extension à la Syrie des frappes britanniques contre l'EI dans l'espoir d'un vote au Parlement la semaine prochaine.
Le groupe jihadiste qui sème la terreur dans les régions qu'il contrôle, a exécuté 3.591 personnes en Syrie, dont plus de la moitié étaient des civils, depuis qu'il a proclamé un "califat" islamique en juin 2014, à cheval entre la Syrie et l'Irak, a rapporté dimanche l'OSDH.
Depuis 2011, le conflit syrien a fait plus de 250.000 morts. La moitié de la population a dû fuir son foyer, plus de quatre millions ayant fui à l'étranger, selon l'ONU.
Sur le terrain, au moins 18 civils ont été tués dimanche et plus de 40 blessés dans des frappes "probablement russes" sur la ville d'Ariha, dans le nord-ouest de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Cette ville se trouve dans la province d'Idleb, contrôlée par des rebelles regroupés dans la coalition "Armée de la conquête" qui comprend entre autres la branche syrienne d'Al-Qaïda, le Front Al-Nosra. Le régime syrien désigne ces rebelles comme des "terroristes" et tente de regagner du terrain contre eux.
Dans ce contexte, le boucher de Damas s'est félicité, en accueillant Ali Akbar Velayati, le conseiller pour les affaires internationales du guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, des "réalisations importantes de l'armée (...) dans la lutte contre le terrorisme, avec l'appui des amis et à leur tête l'Iran et la Russie", a rapporté l'agence syrienne Sana.
Ces "réalisations" ont "poussé certains pays hostiles à la Syrie et qui prétendent combattre le terrorisme, à (...) revoir à la hausse le financement et l'armement des groupes terroristes", a ajouté Bashar.
L'Armée de la Conquête est financée, selon des experts, par des pays du Golfe.
Samedi, Damas avait accusé la Turquie d'avoir augmenté "son soutien aux terroristes, ainsi que les livraisons d'armes et munitions".
Le régime syrien, ainsi que l'Iran, son principal allié régional, considèrent pêle-mêle comme "terroristes" les rebelles modérés et les jihadistes du groupe État islamique (EI).
Velayati a réitéré de son côté la "détermination" de Téhéran à "poursuivre son soutien au gouvernement et au peuple syriens".
Bashar compte aussi sur le soutien de la Russie qui mène depuis le 30 septembre des bombardements aériens en Syrie affirmant cibler l'EI. Des groupes rebelles syriens accusent Moscou de viser des combattants de l'opposition plutôt que l'EI.
Dimanche, le corps du pilote d'un bombardier russe abattu mardi par l'aviation turque a été ramené de Syrie en Turquie où il sera remis à un représentant russe, a annoncé Ankara alors que les relations entre les deux pays sont au plus bas.
En plus de la Russie, l'EI est visé depuis 2014 par des frappes d'une coalition internationale menée par les États-Unis, qui n'est pas parvenu à le neutraliser mais qui a permis aux forces kurdes de le chasser de certaines zones.
Le président français François Hollande tente d'élargir cette coalition depuis que l'EI a revendiqué les attentats de Paris qui ont fait 130 morts.
Si l'Allemagne a annoncé dimanche qu'elle comptait déployer quelque 1.200 militaires pour aider la France dans cette lutte, les Espagnols sont davantage divisés sur la question selon des sondages et Madrid temporise.
Le gouvernement de David Cameron a de son côté intensifié ses efforts dimanche pour obtenir un consensus autour de l'extension à la Syrie des frappes britanniques contre l'EI dans l'espoir d'un vote au Parlement la semaine prochaine.
Le groupe jihadiste qui sème la terreur dans les régions qu'il contrôle, a exécuté 3.591 personnes en Syrie, dont plus de la moitié étaient des civils, depuis qu'il a proclamé un "califat" islamique en juin 2014, à cheval entre la Syrie et l'Irak, a rapporté dimanche l'OSDH.
Depuis 2011, le conflit syrien a fait plus de 250.000 morts. La moitié de la population a dû fuir son foyer, plus de quatre millions ayant fui à l'étranger, selon l'ONU.
Liban : La libération des militaires enlevés par des jihadistes retardée
Des "obstacles" de dernière minute ont retardé dimanche la libération
des militaires et policiers libanais enlevés il y a plus d'un an par la
branche syrienne d'Al-Qaïda, le Front Al-Nosra, au Liban. C'est ce qu'a
indiqué, dimanche, une source des services de sécurité à l'AFP.
Plusieurs convois des services de sécurité ont été aperçus depuis la
matinée dans la localité libanaise d'Arsal, frontalière de la Syrie, au
moment où plusieurs médias faisaient état d'un échange imminent de
militaires et policiers enlevés contre des prisonniers.
"Des obstacles de dernière minute ont retardé la libération des militaires libanais, le Front Al-Nosra ayant ajouté de nouvelles conditions", a indiqué la source sous couvert de l'anonymat, précisant que les services de sécurité libanais n'avaient pas encore donné de réponse définitive quant aux nouvelles exigences du groupe jihadiste. En août 2014, des jihadistes s'étaient brièvement emparés de la localité d'Arsal en lançant une attaque depuis le côté syrien de cette zone frontalière poreuse, prenant en otage des dizaines de membres des forces libanaises de sécurité. Depuis, quatre ont été exécutés et 25 autres policiers et soldats sont toujours aux mains des jihadistes, 16 aux mains du Front al-Nosra et 9 détenus par le groupe Etat islamique (EI).
Échange de prisonniers
Selon des sources des services de sécurité, l'arrangement trouvé avec Al-Nosra prévoit la libération des 16 militaires contre des membres des familles ou proches des jihadistes emprisonnés, dont Saja al-Doulaimi, ex-femme du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi et Ola al-Okaili, l'épouse d'Abou Ali al-Chichani, un commandant du Front al-Nosra qui a rejoint l'EI. L'arrestation des deux femmes par la sécurité libanaise avait été annoncée début décembre 2014.
Selon la même source sécuritaire, l'échange s'est heurté à de nouvelles demandes du Front Al-Nosra qui réclame désormais la libération d'autres prisonniers qui n'étaient pas inscrits sur la liste initiale. En raison de cette affaire, le chef du gouvernement libanais Tammam Salam, a annoncé l'annulation de son voyage lundi à Paris pour participer à la conférence de l'ONU sur le climat, la COP21.
"Des obstacles de dernière minute ont retardé la libération des militaires libanais, le Front Al-Nosra ayant ajouté de nouvelles conditions", a indiqué la source sous couvert de l'anonymat, précisant que les services de sécurité libanais n'avaient pas encore donné de réponse définitive quant aux nouvelles exigences du groupe jihadiste. En août 2014, des jihadistes s'étaient brièvement emparés de la localité d'Arsal en lançant une attaque depuis le côté syrien de cette zone frontalière poreuse, prenant en otage des dizaines de membres des forces libanaises de sécurité. Depuis, quatre ont été exécutés et 25 autres policiers et soldats sont toujours aux mains des jihadistes, 16 aux mains du Front al-Nosra et 9 détenus par le groupe Etat islamique (EI).
Échange de prisonniers
Selon des sources des services de sécurité, l'arrangement trouvé avec Al-Nosra prévoit la libération des 16 militaires contre des membres des familles ou proches des jihadistes emprisonnés, dont Saja al-Doulaimi, ex-femme du chef de l'EI Abou Bakr al-Baghdadi et Ola al-Okaili, l'épouse d'Abou Ali al-Chichani, un commandant du Front al-Nosra qui a rejoint l'EI. L'arrestation des deux femmes par la sécurité libanaise avait été annoncée début décembre 2014.
Selon la même source sécuritaire, l'échange s'est heurté à de nouvelles demandes du Front Al-Nosra qui réclame désormais la libération d'autres prisonniers qui n'étaient pas inscrits sur la liste initiale. En raison de cette affaire, le chef du gouvernement libanais Tammam Salam, a annoncé l'annulation de son voyage lundi à Paris pour participer à la conférence de l'ONU sur le climat, la COP21.
Israël/Palestine : Imposante manifestation contre l'interdiction de la "branche nord" du Mouvement islamique
Des milliers d'Arabes Israéliens ont défilé samedi à Oum el-Fahem dans
le nord d'Israël pour dénoncer l'interdiction d'une organisation
islamique accusée par le gouvernement de Benjamin Netanyahu d'incitation
à la violence.
Sous une nuée de drapeaux palestiniens, ces descendants de Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948, ont crié "Nous ne sommes pas des terroristes", "Nous sommes plus forts que l'interdiction", avant d'être harangués par des représentants de la minorité arabe d'Israël, dont des députés du Parlement israélien.
Le 17 novembre, Israël a interdit la "branche nord" du Mouvement islamique et son réseau d'associations, en accusant l'organisation d'inciter les Arabes israéliens et les Palestiniens à la violence en propageant des "mensonges" au sujet de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Devant les manifestants à Oum el-Fahem, le chef du groupe Raëd Salah, a dénoncé cette interdiction comme une mesure "terroriste".
"Qui est le terroriste? Moi je dis que c'est le racisme d'Israël, celui qui a fermé des associations qui venaient en aide à 23.000 orphelins désormais abandonnés à leur faim", a-t-il dit.
M. Salah a affirmé que ces associations fournissaient des services à un demi million d'Arabes Israéliens, sur une population de 1,4 million (17,5% de la population israélienne).
"Des services que l'Etat devrait fournir à tous ses citoyens", a dénoncé Mohamed Baraké, qui dirige le Haut comité de suivi regroupant les principales organisations représentant la communauté arabe israélienne qui se plaint de longue date de discriminations.
Depuis sa fondation au début des années 1970, le Mouvement islamique en Israël a tissé un réseau d'associations -religieuses, sportives ou éducatives - et de services sociaux parmi les Arabes Israéliens.
Mais ce mouvement s'est scindé en 1996 en deux entités distinctes, dont une seule, la "branche sud" du mouvement, participe aux institutions israéliennes.
M. Salah a récemment été condamné à 11 mois de prison ferme pour avoir appelé en 2007 "tout musulman et Arabe à venir en aide aux Palestiniens et à lancer une intifada islamique" pour l'esplanade des Mosquées, lieu sacré pour les musulmans et les juifs.
Son mouvement a fait de ce site son cheval de bataille, mobilisant notamment dans la Vieille ville de Jérusalem, d'où est partie la vague de violence qui depuis début octobre a coûté la vie à 98 Palestiniens, à un Arabe israélien, à 17 morts côté israélien, ainsi qu'à un Américain et à un Erythréen.
Le mouvement a été interdit alors que le gouvernement Netanyahu s'est dit déterminé à durcir la répression pour mettre fin à la flambée des violences.
Sous une nuée de drapeaux palestiniens, ces descendants de Palestiniens restés sur leur terre à la création d'Israël en 1948, ont crié "Nous ne sommes pas des terroristes", "Nous sommes plus forts que l'interdiction", avant d'être harangués par des représentants de la minorité arabe d'Israël, dont des députés du Parlement israélien.
Le 17 novembre, Israël a interdit la "branche nord" du Mouvement islamique et son réseau d'associations, en accusant l'organisation d'inciter les Arabes israéliens et les Palestiniens à la violence en propageant des "mensonges" au sujet de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem.
Devant les manifestants à Oum el-Fahem, le chef du groupe Raëd Salah, a dénoncé cette interdiction comme une mesure "terroriste".
"Qui est le terroriste? Moi je dis que c'est le racisme d'Israël, celui qui a fermé des associations qui venaient en aide à 23.000 orphelins désormais abandonnés à leur faim", a-t-il dit.
M. Salah a affirmé que ces associations fournissaient des services à un demi million d'Arabes Israéliens, sur une population de 1,4 million (17,5% de la population israélienne).
"Des services que l'Etat devrait fournir à tous ses citoyens", a dénoncé Mohamed Baraké, qui dirige le Haut comité de suivi regroupant les principales organisations représentant la communauté arabe israélienne qui se plaint de longue date de discriminations.
Depuis sa fondation au début des années 1970, le Mouvement islamique en Israël a tissé un réseau d'associations -religieuses, sportives ou éducatives - et de services sociaux parmi les Arabes Israéliens.
Mais ce mouvement s'est scindé en 1996 en deux entités distinctes, dont une seule, la "branche sud" du mouvement, participe aux institutions israéliennes.
M. Salah a récemment été condamné à 11 mois de prison ferme pour avoir appelé en 2007 "tout musulman et Arabe à venir en aide aux Palestiniens et à lancer une intifada islamique" pour l'esplanade des Mosquées, lieu sacré pour les musulmans et les juifs.
Son mouvement a fait de ce site son cheval de bataille, mobilisant notamment dans la Vieille ville de Jérusalem, d'où est partie la vague de violence qui depuis début octobre a coûté la vie à 98 Palestiniens, à un Arabe israélien, à 17 morts côté israélien, ainsi qu'à un Américain et à un Erythréen.
Le mouvement a été interdit alors que le gouvernement Netanyahu s'est dit déterminé à durcir la répression pour mettre fin à la flambée des violences.
samedi 28 novembre 2015
Irak : Un sixième charnier de Daech découvert près de Sinjar
Un
charnier entouré de mines, où se trouveraient les restes de plus de 120
personnes assassinées par l'organisation État islamique (EI), a été
identifié, a annoncé un responsable samedi. Il s'agit du sixième
charnier découvert près de cette ville de Sinjar depuis que le groupe
djihadiste en a été chassé mi-novembre, a expliqué le responsable de la
zone, Mahma Khalil.
L'EI avait pris le contrôle de Sinjar en août 2014, menant une série de massacres, d'enlèvements et de viols contre la minorité yazidie, qui constituait la majorité de sa population. L'ONU avait décrit cette attaque comme une « tentative de génocide ».
Présence de mines
De nombreuses mines ont été placées autour du site, qui abrite les restes de 123 personnes selon les témoignages de personnes ayant assisté aux exécutions, a ajouté Mahma Khalil. Les mines sont fréquemment utilisées par le groupe radical sunnite, qui a pris le contrôle de larges pans du territoire irakien l'année dernière. Elles constituent une menace majeure même après le départ des djihadistes, empêchant les déplacés de retourner chez eux.
Le charnier, situé à environ 10 kilomètres à l'ouest de Sinjar, n'a pas encore été exhumé, a précisé Mahma Khalil. Un autre charnier découvert dans la zone abriterait les corps de dizaines de femmes que l'EI aurait exécutées, selon un responsable.
Les forces kurdes, avec l'appui de la coalition aérienne menée par les États-Unis, ont chassé les djihadistes de Sinjar le 13 novembre.
(28-11-2015)
L'EI avait pris le contrôle de Sinjar en août 2014, menant une série de massacres, d'enlèvements et de viols contre la minorité yazidie, qui constituait la majorité de sa population. L'ONU avait décrit cette attaque comme une « tentative de génocide ».
Présence de mines
De nombreuses mines ont été placées autour du site, qui abrite les restes de 123 personnes selon les témoignages de personnes ayant assisté aux exécutions, a ajouté Mahma Khalil. Les mines sont fréquemment utilisées par le groupe radical sunnite, qui a pris le contrôle de larges pans du territoire irakien l'année dernière. Elles constituent une menace majeure même après le départ des djihadistes, empêchant les déplacés de retourner chez eux.
Le charnier, situé à environ 10 kilomètres à l'ouest de Sinjar, n'a pas encore été exhumé, a précisé Mahma Khalil. Un autre charnier découvert dans la zone abriterait les corps de dizaines de femmes que l'EI aurait exécutées, selon un responsable.
Les forces kurdes, avec l'appui de la coalition aérienne menée par les États-Unis, ont chassé les djihadistes de Sinjar le 13 novembre.
(28-11-2015)
Arabie Saoudite: "Procédure de grâce" en cours pour le blogeur Raef Badawi
Une "procédure de grâce" est en cours auprès du roi d'Arabie Saoudite au
sujet du blogueur Raef Badawi, condamné à dix ans de prison et 1.000
coups de fouet, a indiqué samedi le secrétaire d'Etat suisse aux
Affaires Etrangèrs, Yves Rossier.
"J'ai été informé que la sentence a été suspendue", déclare M. Rossier dans l'édition de samedi du quotidien de Fribourg, La Liberté, précisant avoir évoqué cette affaire lors de sa visite officielle à Ryad cette semaine.
"Une procédure de grâce est maintenant en cours auprès du chef de l'Etat, donc du roi Salman ben Abdelaziz al-Saoud", a-t-il ajouté.
Raef Badawi, 31 ans, arrêté en vertu d'une loi sur la cybercriminalité, a été condamné fin 2014 à dix ans de prison et 1.000 coups de fouet. Il avait reçu ses 50 premiers coups de fouets en janvier, mais cette punition avait été suspendue après une vague de protestations dans le monde.
Le blogueur a obtenu le 29 octobre le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit décerné par le Parlement européen, qui a alors appelé à sa libération "immédiate".
La justice saoudienne, qui a ordonné la fermeture de son site internet, reproche à Badawi d'y avoir publié des écrits critiquant la police religieuse en Arabie Saoudite et d'y avoir appelé à la fin de l'influence de la religion sur la vie publique.
(28-11-2015)
"J'ai été informé que la sentence a été suspendue", déclare M. Rossier dans l'édition de samedi du quotidien de Fribourg, La Liberté, précisant avoir évoqué cette affaire lors de sa visite officielle à Ryad cette semaine.
"Une procédure de grâce est maintenant en cours auprès du chef de l'Etat, donc du roi Salman ben Abdelaziz al-Saoud", a-t-il ajouté.
Raef Badawi, 31 ans, arrêté en vertu d'une loi sur la cybercriminalité, a été condamné fin 2014 à dix ans de prison et 1.000 coups de fouet. Il avait reçu ses 50 premiers coups de fouets en janvier, mais cette punition avait été suspendue après une vague de protestations dans le monde.
Le blogueur a obtenu le 29 octobre le prix Sakharov pour la liberté de l'esprit décerné par le Parlement européen, qui a alors appelé à sa libération "immédiate".
La justice saoudienne, qui a ordonné la fermeture de son site internet, reproche à Badawi d'y avoir publié des écrits critiquant la police religieuse en Arabie Saoudite et d'y avoir appelé à la fin de l'influence de la religion sur la vie publique.
(28-11-2015)
Egypte: Quatre policiers tués par des hommes à moto près du Caire
Quatre policiers ont été tués samedi par des hommes masqués sur une moto au sud du Caire, a indiqué le ministère de l'Intérieur.
Les hommes à moto ont ouvert le feu sur une voiture de police, tuant ses passagers, avant de prendre la fuite dans un secteur entre les célèbres pyramides de Guizeh, à l'ouest du Caire, et celles de Saqarra plus au sud, poursuit le ministère dans un communiqué.
L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat mais les forces de sécurité égyptiennes sont très fréquemment la cible d'attentats revendiqués par la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
La plupart des attaques sont perpétrées dans le nord de la péninsule du Sinaï (est), bastion du groupe, mais la capitale égyptienne n'est pas épargnée par ces violences.
Ces attentats se sont multipliés depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013, et des centaines de policiers et de soldats ayant été tués dans ces attaques.
L'armée annonce régulièrement la mort et la capture de nombreux jihadistes mais il est impossible de vérifier ces bilans de sources indépendantes.
(28-11-2015)
Les hommes à moto ont ouvert le feu sur une voiture de police, tuant ses passagers, avant de prendre la fuite dans un secteur entre les célèbres pyramides de Guizeh, à l'ouest du Caire, et celles de Saqarra plus au sud, poursuit le ministère dans un communiqué.
L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat mais les forces de sécurité égyptiennes sont très fréquemment la cible d'attentats revendiqués par la branche égyptienne du groupe jihadiste Etat islamique (EI).
La plupart des attaques sont perpétrées dans le nord de la péninsule du Sinaï (est), bastion du groupe, mais la capitale égyptienne n'est pas épargnée par ces violences.
Ces attentats se sont multipliés depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi en 2013, et des centaines de policiers et de soldats ayant été tués dans ces attaques.
L'armée annonce régulièrement la mort et la capture de nombreux jihadistes mais il est impossible de vérifier ces bilans de sources indépendantes.
(28-11-2015)
Syrie: Le groupe EI chassé, des villageois tentent de reprendre une vie normale
Dans la cour de sa maison, Baïda, une fillette de quatre ans, griffonne
sur un dépliant de consignes religieuses que le groupe Etat islamique
(EI) distribuait aux habitants de son village du nord-est de la Syrie
avant d'en être chassé.
A ses côtés, son père Hamdane, 39 ans, se félicite du départ de l'EI d'al-Challal à la suite d'une offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui regroupent des factions arabes et kurdes appuyées par les Etats-Unis.
"Nous sommes contents parce que nous ne les voyons plus dans notre village", lance Hamdane en regardant sa fille qui a été maquillée pour fêter le départ des jihadistes.
"Du temps de l'EI, le maquillage était interdit", ajoute ce père de neuf enfants qui n'a pas pu quitter son village durant les près de deux ans d'occupation par les jihadistes.
Lors de l'offensive lancée le 30 octobre dans la province de Hassaké, les FDS ont pris plusieurs villages avant de s'emparer mi-novembre d'al-Hol, une ville contrôlée par l'EI depuis début 2014 et située sur la route d'approvisionnement en armes et en matériel de l'EI entre la Syrie et l'Irak.
La région est toute proche de la frontière avec l'Irak, un pays où l'EI contrôle comme en Syrie de vastes territoires.
C'était la première victoire stratégique pour cette nouvelle coalition syrienne, mais aussi un soulagement pour les habitants de la région qui espèrent pouvoir reprendre une vie normale.
Niqab ou flagellation
Durant l'occupation des jihadistes, Hamdane était contraint de se plier aux règles strictes imposées par l'EI.
Il a été ainsi obligé d'envoyer ses enfants de moins de douze ans dans une école religieuse administrée par les jihadistes, faute de quoi il risquait "la punition et la flagellation", dit-il.
Malgré le départ des extrémistes, qui ont fui vers le sud de la province de Hassaké, Mariam Ali Ahmad les craint toujours.
Si cette femme de 42 ans peut à nouveau arborer une longue robe multicolore, l'habit traditionnel dans cette région rurale conservatrice, elle préfère cacher son visage avec le foulard qui couvre sa tête.
Elle raconte que les jihadistes fouettaient toute femme qui sortait sans l'abbaya noire et le niqab.
"La situation est relativement meilleure", dit Mariam qui précise cependant avoir beaucoup perdu lors des combats entre les jihadistes et les FDS mi-novembre.
"Nous avons quitté le village durant les affrontements. Une roquette s'est abattue sur la maison, endommageant nos réserves de nourriture. Nous avons perdu les lentilles, la farine, l'orge pour nourrir les moutons. Nous n'avons plus de quoi manger", déplore-t-elle.
"Belles dans votre chasteté"
Alors que l'agriculture et l'élevage représentent la source principale de revenu des habitants de la région, en plus du commerce des hydrocarbures, Hamid al-Nasser raconte l'état de désolation dans lequel se trouvent ses terres.
"Depuis deux ans, je n'ai pas pu faire des semences sur mes terres", déplore cet agriculteur de 44 ans.
Selon lui, les jihadistes ont interdit aux paysans de sortir des zones qu'ils contrôlaient, l'empêchant ainsi de se procurer des semences et du diesel pour faire fonctionner les machines agricoles.
Les signes de la présence jihadiste sont encore présents un peu partout dans le village aux maisons en torchis.
"Dans le califat, pas de pots-de vin, pas de corruption, pas de favoritisme", peut-on lire sur un mur. "Soeurs au niqab, comme vous êtes belles et merveilleuses dans votre chasteté", indique une pancarte.
Et sur les façades des salons de coiffure, les jihadistes tenaient à rappeler aux hommes qu'il était "interdit de raser la barbe ou la tailler".
Les habitants qui avaient fui à l'arrivée des jihadistes reviennent progressivement après avoir obtenu l'autorisation des FDS.
"Nous encourageons le retour de tous les habitants", affirme le colonel Talal Ali Sello, porte-parole des FDS. Des équipes de démineurs nettoient la zone où des mines et engins piégés ont été découverts.
Et en parallèle à la force militaire, les FDS oeuvrent actuellement à former une "structure politique pour gérer les zones libérées", explique le colonel.
A ses côtés, son père Hamdane, 39 ans, se félicite du départ de l'EI d'al-Challal à la suite d'une offensive des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui regroupent des factions arabes et kurdes appuyées par les Etats-Unis.
"Nous sommes contents parce que nous ne les voyons plus dans notre village", lance Hamdane en regardant sa fille qui a été maquillée pour fêter le départ des jihadistes.
"Du temps de l'EI, le maquillage était interdit", ajoute ce père de neuf enfants qui n'a pas pu quitter son village durant les près de deux ans d'occupation par les jihadistes.
Lors de l'offensive lancée le 30 octobre dans la province de Hassaké, les FDS ont pris plusieurs villages avant de s'emparer mi-novembre d'al-Hol, une ville contrôlée par l'EI depuis début 2014 et située sur la route d'approvisionnement en armes et en matériel de l'EI entre la Syrie et l'Irak.
La région est toute proche de la frontière avec l'Irak, un pays où l'EI contrôle comme en Syrie de vastes territoires.
C'était la première victoire stratégique pour cette nouvelle coalition syrienne, mais aussi un soulagement pour les habitants de la région qui espèrent pouvoir reprendre une vie normale.
Niqab ou flagellation
Durant l'occupation des jihadistes, Hamdane était contraint de se plier aux règles strictes imposées par l'EI.
Il a été ainsi obligé d'envoyer ses enfants de moins de douze ans dans une école religieuse administrée par les jihadistes, faute de quoi il risquait "la punition et la flagellation", dit-il.
Malgré le départ des extrémistes, qui ont fui vers le sud de la province de Hassaké, Mariam Ali Ahmad les craint toujours.
Si cette femme de 42 ans peut à nouveau arborer une longue robe multicolore, l'habit traditionnel dans cette région rurale conservatrice, elle préfère cacher son visage avec le foulard qui couvre sa tête.
Elle raconte que les jihadistes fouettaient toute femme qui sortait sans l'abbaya noire et le niqab.
"La situation est relativement meilleure", dit Mariam qui précise cependant avoir beaucoup perdu lors des combats entre les jihadistes et les FDS mi-novembre.
"Nous avons quitté le village durant les affrontements. Une roquette s'est abattue sur la maison, endommageant nos réserves de nourriture. Nous avons perdu les lentilles, la farine, l'orge pour nourrir les moutons. Nous n'avons plus de quoi manger", déplore-t-elle.
"Belles dans votre chasteté"
Alors que l'agriculture et l'élevage représentent la source principale de revenu des habitants de la région, en plus du commerce des hydrocarbures, Hamid al-Nasser raconte l'état de désolation dans lequel se trouvent ses terres.
"Depuis deux ans, je n'ai pas pu faire des semences sur mes terres", déplore cet agriculteur de 44 ans.
Selon lui, les jihadistes ont interdit aux paysans de sortir des zones qu'ils contrôlaient, l'empêchant ainsi de se procurer des semences et du diesel pour faire fonctionner les machines agricoles.
Les signes de la présence jihadiste sont encore présents un peu partout dans le village aux maisons en torchis.
"Dans le califat, pas de pots-de vin, pas de corruption, pas de favoritisme", peut-on lire sur un mur. "Soeurs au niqab, comme vous êtes belles et merveilleuses dans votre chasteté", indique une pancarte.
Et sur les façades des salons de coiffure, les jihadistes tenaient à rappeler aux hommes qu'il était "interdit de raser la barbe ou la tailler".
Les habitants qui avaient fui à l'arrivée des jihadistes reviennent progressivement après avoir obtenu l'autorisation des FDS.
"Nous encourageons le retour de tous les habitants", affirme le colonel Talal Ali Sello, porte-parole des FDS. Des équipes de démineurs nettoient la zone où des mines et engins piégés ont été découverts.
Et en parallèle à la force militaire, les FDS oeuvrent actuellement à former une "structure politique pour gérer les zones libérées", explique le colonel.
vendredi 27 novembre 2015
Syrie : Fabius envisage que le régime syrien participe à la lutte contre Daech
En envisageant pour la première fois que des forces de Bashar el-Assad
puissent être associées à la lutte contre le groupe djihadiste État
islamique (EI), la France, qui a rompu toute relation avec Damas depuis
2012, opère un nouveau virage dans son approche du conflit syrien. Pour
lutter contre l'EI, « il y a deux séries de mesures : les bombardements
(...) et des forces au sol, qui ne peuvent pas être les nôtres, mais qui
peuvent être à la fois des forces de l'Armée syrienne libre
(opposition), des forces arabes sunnites, et pourquoi pas des forces du
régime, et des Kurdes également bien sûr », a déclaré vendredi le chef
de la diplomatie française, Laurent Fabius, à la radio RTL.
Le ministre a précisé par la suite dans une déclaration à l'AFP qu'une participation des forces du régime syrien ne pouvait être envisagée que « dans le cadre de la transition politique », et a répété son leitmotiv selon lequel le président Bashar el-Assad ne pouvait pas « faire partie de l'avenir de la Syrie ». Pour Paris, une collaboration avec l'armée syrienne ne pourrait donc se faire qu'une fois engagée une transition politique, transition politique qui ne peut avoir comme issue que le départ du président Assad, selon l'analyse française.
Il n'empêche : ces déclarations surprennent dans la bouche de celui qui s'est toujours montré comme le détracteur le plus farouche du président Assad, considéré comme le « boucher » de son propre peuple et la cause de l'émergence de l'État islamique. « Assad et les terroristes, c'est l'envers d'une même médaille », avait coutume de répéter Laurent Fabius.
Confrontée à la crise des réfugiés et à la menace djihadiste, la France a nettement infléchi sa diplomatie envers la Syrie depuis plusieurs mois. Les sanglants attentats du 13 novembre à Paris ont précipité le virage de la politique française, le président François Hollande annonçant clairement que la priorité absolue était donnée à la lutte contre l'EI. « Notre ennemi en Syrie, c'est Daech » (acronyme arabe de l'État islamique), avait-il déclaré devant les parlementaires français trois jours après les attentats.
Rapprochement franco-russe
La France s'est aussi spectaculairement rapprochée de la Russie, fidèle allié du régime de Damas, en reprenant à son compte l'idée d'une coopération, voire d'une coalition internationale unique pour lutter contre les jihadistes. Une proposition qu'avait faite Moscou en septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies, mais qui avait été rejetée à l'époque en raison de la volonté russe d'associer le régime syrien à la lutte contre l'EI.
Les déclarations de Laurent Fabius interviennent au lendemain d'un voyage en Russie du président français au cours duquel Paris et Moscou ont décidé de « coordonner » leurs frappes aériennes en Syrie contre les jihadistes de l'EI. Une telle coopération est inédite. La Russie, accusée par les Occidentaux de ne frapper que modérément l'EI et de concentrer ses opérations sur les autres groupes rebelles menaçant le régime de Damas, va s'« abstenir » de bombarder « l'opposition saine », a promis Vladimir Poutine. Tout en précisant bien que l'armée syrienne était un « allié naturel dans la lutte contre le terrorisme ». « Le président Poutine nous a demandé d'établir une carte des forces qui ne sont pas terroristes et qui combattent Daech », a précisé vendredi Laurent Fabius. « Il s'est engagé - dès lors que nous lui fournissons cette carte, ce que nous allons faire - à ne pas bombarder ceux-là, c'est très important », a-t-il insisté.
Reste que Paris et Moscou n'ont pas trouvé d'accord sur la coalition large voulue par François Hollande ni sur le sort de Bashar. « Malheureusement, nos partenaires ne sont actuellement pas prêts à travailler ensemble au sein d'une coalition unique », a répété vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Quant au sort d'Assad, Moscou répète que c'est aux Syriens de décider.
La communauté internationale a relancé une dynamique pour trouver une solution politique à la guerre syrienne, avec deux réunions internationales à Vienne, en octobre et novembre, associant pour la première fois l'Iran, autre grand allié de Damas. Une feuille de route prévoyant une rencontre entre opposition et éléments du régime d'ici le 1er janvier, la mise en place d'un gouvernement d'union d'ici six mois, une nouvelle Constitution et des élections dans les 18 mois, a été agréée.
Paris, qui a longtemps réclamé le départ d'Assad comme préalable à toute négociation, a abandonné cette exigence il y a quelques mois. Mais Laurent Fabius s'est dit confiant dans le fait qu'un processus politique aboutirait à son départ. « Il n'y a aucune chance, si l'élection est régulière, que Bashar soit élu », a-t-il estimé.
Le ministre a précisé par la suite dans une déclaration à l'AFP qu'une participation des forces du régime syrien ne pouvait être envisagée que « dans le cadre de la transition politique », et a répété son leitmotiv selon lequel le président Bashar el-Assad ne pouvait pas « faire partie de l'avenir de la Syrie ». Pour Paris, une collaboration avec l'armée syrienne ne pourrait donc se faire qu'une fois engagée une transition politique, transition politique qui ne peut avoir comme issue que le départ du président Assad, selon l'analyse française.
Il n'empêche : ces déclarations surprennent dans la bouche de celui qui s'est toujours montré comme le détracteur le plus farouche du président Assad, considéré comme le « boucher » de son propre peuple et la cause de l'émergence de l'État islamique. « Assad et les terroristes, c'est l'envers d'une même médaille », avait coutume de répéter Laurent Fabius.
Confrontée à la crise des réfugiés et à la menace djihadiste, la France a nettement infléchi sa diplomatie envers la Syrie depuis plusieurs mois. Les sanglants attentats du 13 novembre à Paris ont précipité le virage de la politique française, le président François Hollande annonçant clairement que la priorité absolue était donnée à la lutte contre l'EI. « Notre ennemi en Syrie, c'est Daech » (acronyme arabe de l'État islamique), avait-il déclaré devant les parlementaires français trois jours après les attentats.
Rapprochement franco-russe
La France s'est aussi spectaculairement rapprochée de la Russie, fidèle allié du régime de Damas, en reprenant à son compte l'idée d'une coopération, voire d'une coalition internationale unique pour lutter contre les jihadistes. Une proposition qu'avait faite Moscou en septembre lors de l'Assemblée générale des Nations unies, mais qui avait été rejetée à l'époque en raison de la volonté russe d'associer le régime syrien à la lutte contre l'EI.
Les déclarations de Laurent Fabius interviennent au lendemain d'un voyage en Russie du président français au cours duquel Paris et Moscou ont décidé de « coordonner » leurs frappes aériennes en Syrie contre les jihadistes de l'EI. Une telle coopération est inédite. La Russie, accusée par les Occidentaux de ne frapper que modérément l'EI et de concentrer ses opérations sur les autres groupes rebelles menaçant le régime de Damas, va s'« abstenir » de bombarder « l'opposition saine », a promis Vladimir Poutine. Tout en précisant bien que l'armée syrienne était un « allié naturel dans la lutte contre le terrorisme ». « Le président Poutine nous a demandé d'établir une carte des forces qui ne sont pas terroristes et qui combattent Daech », a précisé vendredi Laurent Fabius. « Il s'est engagé - dès lors que nous lui fournissons cette carte, ce que nous allons faire - à ne pas bombarder ceux-là, c'est très important », a-t-il insisté.
Reste que Paris et Moscou n'ont pas trouvé d'accord sur la coalition large voulue par François Hollande ni sur le sort de Bashar. « Malheureusement, nos partenaires ne sont actuellement pas prêts à travailler ensemble au sein d'une coalition unique », a répété vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. Quant au sort d'Assad, Moscou répète que c'est aux Syriens de décider.
La communauté internationale a relancé une dynamique pour trouver une solution politique à la guerre syrienne, avec deux réunions internationales à Vienne, en octobre et novembre, associant pour la première fois l'Iran, autre grand allié de Damas. Une feuille de route prévoyant une rencontre entre opposition et éléments du régime d'ici le 1er janvier, la mise en place d'un gouvernement d'union d'ici six mois, une nouvelle Constitution et des élections dans les 18 mois, a été agréée.
Paris, qui a longtemps réclamé le départ d'Assad comme préalable à toute négociation, a abandonné cette exigence il y a quelques mois. Mais Laurent Fabius s'est dit confiant dans le fait qu'un processus politique aboutirait à son départ. « Il n'y a aucune chance, si l'élection est régulière, que Bashar soit élu », a-t-il estimé.
Syrie : A Raqa, quand les sirènes hurlent, l'EI se terre
Dès que les sirènes retentissent à l'approche d'un bombardement sur
Raqa, fief du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, les jihadistes
courent se cacher dans des tunnels et tranchées, ont raconté à l'AFP des
habitants.
"Les sirènes installées partout sur les toits et dans les rues alertent les membres de l'EI de l'imminence d'un raid", relate Taym Ramadan, un habitant, dans un rare témoignage depuis cette cité des bords de l'Euphrate quasiment coupée du monde par les jihadistes.
"Dès qu'ils les entendent, ils fuient immédiatement leurs positions, quittent leurs véhicules et courent se cacher", poursuit ce membre de "Raqa est massacrée en silence", un groupe qui documente les abus des jihadistes.
Chef-lieu d'une province agricole, Raqa est tombée aux mains de l'EI au début de 2014.
La communication se fait par internet à l'insu des jihadistes qui ont sévèrement limité l'accès à la toile, coupant le réseau pour les particuliers et obligeant les cafés internet à leur dévoiler l'identité de leurs clients.
Face à l'intensification des bombardements français et russes, après les attentats de Paris et l'explosion d'un avion russe en Egypte, les combattants de l'EI ont développé de nouvelles tactiques pour se protéger.
"Ils se cachent dans des tranchées souterraines et ont transféré leurs bases dans les quartiers résidentiels", relève Abou Cham, un autre membre de "Raqa est massacré en silence" joint par l'AFP via internet.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui dispose de nombreuses sources sur le terrain, évoque également le déplacement d'un certain nombre de bases de l'EI vers des quartiers très peuplés.
"Ils organisent des réunions dans des tunnels, ils ont transféré les dépôts d'armes dans les quartiers résidentiels et vidé les camps d'entraînement, notamment ceux d'al-Karin et al-Itimad", souligne de son côté Hicham al-Hachimi, expert des groupes jihadistes.
"L'EI tient aussi ses réunions dans les hôpitaux et les mosquées car ils savent que ces lieux ne seront pas visés" par la coalition internationale ni par les avions russes, dit-il.
Selon les règles du droit international, les attaques militaires doivent éviter les lieux où sont concentrés des civils et les combattants éviter de se servir de ces derniers comme boucliers humains.
Cafés internet fermés
"Le problème c'est que les bombardements peuvent durer toutes la journée et toute la nuit, et chaque fois, les sirènes d'alarme hurlent", précise Abou Cham.
Une nouvelle épreuve pour une population déjà soumise aux nombreuses exactions du groupe jihadiste.
L'EI a récemment installé des points de contrôle pour vérifier les cartes d'identité. Selon Abou Cham, le groupe mène des descentes nocturnes dans les cafés internet.
Plusieurs de ces cafés accusés de ne pas remplir des conditions comme la séparation entre femmes et hommes ont été fermés, a rapporté l'OSDH.
Par ailleurs, les habitants doivent présenter une autorisation préalable pour pouvoir quitter les régions contrôlées par l'EI.
Accusé de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a procédé à de nombreuses décapitations d'hommes et à des exécutions massives, a lapidé des femmes soupçonnées d'adultère et infligé des morts atroces à des homosexuels.
Transfert de combattants
Face aux bombardements, l'EI a également décidé de déplacer des combattants en Irak, pays voisin où le groupe contrôle de vastes portions de territoire, selon l'OSDH.
La brigade Tabouk, composée surtout d'Ouzbeks et de combattants caucasiens, a été tranférée de Raqa vers la ville frontalière de Qaïm en Irak.
Les produits pétroliers sont désormais transportés dans des conteneurs plus petits, après que des centaines de camions-citernes ont été détruits par les avions de la coalition internationale et russes à Raqa et à Deir Ezzor, selon M. al-Hachimi.
L'organisation jihadiste contrôle la majorité des champs pétroliers de Syrie, notamment dans la province orientale de Deir Ezzor.
La contrebande de pétrole lui rapporterait 1,5 million de dollars par jour (euros) lorsque le prix moyen s'établit à 45 dollars (euros) le baril, selon une enquête publiée en octobre par le quotidien économique Financial Times.
Wahington et Moscou se sont fixé pour objectif de davantage frapper au portefeuille l'EI.
"Les sirènes installées partout sur les toits et dans les rues alertent les membres de l'EI de l'imminence d'un raid", relate Taym Ramadan, un habitant, dans un rare témoignage depuis cette cité des bords de l'Euphrate quasiment coupée du monde par les jihadistes.
"Dès qu'ils les entendent, ils fuient immédiatement leurs positions, quittent leurs véhicules et courent se cacher", poursuit ce membre de "Raqa est massacrée en silence", un groupe qui documente les abus des jihadistes.
Chef-lieu d'une province agricole, Raqa est tombée aux mains de l'EI au début de 2014.
La communication se fait par internet à l'insu des jihadistes qui ont sévèrement limité l'accès à la toile, coupant le réseau pour les particuliers et obligeant les cafés internet à leur dévoiler l'identité de leurs clients.
Face à l'intensification des bombardements français et russes, après les attentats de Paris et l'explosion d'un avion russe en Egypte, les combattants de l'EI ont développé de nouvelles tactiques pour se protéger.
"Ils se cachent dans des tranchées souterraines et ont transféré leurs bases dans les quartiers résidentiels", relève Abou Cham, un autre membre de "Raqa est massacré en silence" joint par l'AFP via internet.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), une ONG qui dispose de nombreuses sources sur le terrain, évoque également le déplacement d'un certain nombre de bases de l'EI vers des quartiers très peuplés.
"Ils organisent des réunions dans des tunnels, ils ont transféré les dépôts d'armes dans les quartiers résidentiels et vidé les camps d'entraînement, notamment ceux d'al-Karin et al-Itimad", souligne de son côté Hicham al-Hachimi, expert des groupes jihadistes.
"L'EI tient aussi ses réunions dans les hôpitaux et les mosquées car ils savent que ces lieux ne seront pas visés" par la coalition internationale ni par les avions russes, dit-il.
Selon les règles du droit international, les attaques militaires doivent éviter les lieux où sont concentrés des civils et les combattants éviter de se servir de ces derniers comme boucliers humains.
Cafés internet fermés
"Le problème c'est que les bombardements peuvent durer toutes la journée et toute la nuit, et chaque fois, les sirènes d'alarme hurlent", précise Abou Cham.
Une nouvelle épreuve pour une population déjà soumise aux nombreuses exactions du groupe jihadiste.
L'EI a récemment installé des points de contrôle pour vérifier les cartes d'identité. Selon Abou Cham, le groupe mène des descentes nocturnes dans les cafés internet.
Plusieurs de ces cafés accusés de ne pas remplir des conditions comme la séparation entre femmes et hommes ont été fermés, a rapporté l'OSDH.
Par ailleurs, les habitants doivent présenter une autorisation préalable pour pouvoir quitter les régions contrôlées par l'EI.
Accusé de crimes contre l'Humanité par l'ONU, l'EI a procédé à de nombreuses décapitations d'hommes et à des exécutions massives, a lapidé des femmes soupçonnées d'adultère et infligé des morts atroces à des homosexuels.
Transfert de combattants
Face aux bombardements, l'EI a également décidé de déplacer des combattants en Irak, pays voisin où le groupe contrôle de vastes portions de territoire, selon l'OSDH.
La brigade Tabouk, composée surtout d'Ouzbeks et de combattants caucasiens, a été tranférée de Raqa vers la ville frontalière de Qaïm en Irak.
Les produits pétroliers sont désormais transportés dans des conteneurs plus petits, après que des centaines de camions-citernes ont été détruits par les avions de la coalition internationale et russes à Raqa et à Deir Ezzor, selon M. al-Hachimi.
L'organisation jihadiste contrôle la majorité des champs pétroliers de Syrie, notamment dans la province orientale de Deir Ezzor.
La contrebande de pétrole lui rapporterait 1,5 million de dollars par jour (euros) lorsque le prix moyen s'établit à 45 dollars (euros) le baril, selon une enquête publiée en octobre par le quotidien économique Financial Times.
Wahington et Moscou se sont fixé pour objectif de davantage frapper au portefeuille l'EI.
Tunisie: Appels à une réelle stratégie antiterroriste
Les appels à une stratégie globale contre le terrorisme se sont
multipliés jeudi en Tunisie, où certains parlementaires et experts ont
jugé "superficielles" les mesures annoncées dans la foulée de l'attentat
suicide contre la garde présidentielle.
Mardi, au coeur de Tunis, un kamikaze de 26 ans a déclenché sa ceinture d'explosifs contre un bus de la sécurité présidentielle dont 12 membres ont été tués.
Il s'agit du troisième attentat d'envergure revendiqué cette année par le groupe Etat islamique (EI), qui a fait de la Tunisie l'une de ses principales cibles. Soixante personnes en tout ont été tuées en mars au musée du Bardo et en juin dans un hôtel près de Sousse. Le kamikaze de mardi a été identifié comme un vendeur ambulant, Houssam Abdelli, habitant Daouar Hicher, un quartier populaire de la banlieue de Tunis.
Suspecté par la police d'appartenir à des mouvements extrémistes, il avait été mis fin août en détention provisoire avant d'être libéré sur décision judiciaire, a affirmé sur Nessma TV le porte-parole du syndicat de l'Administration générale des unités d'intervention, Mehdi Chaouch, relevant de la police.
A la suite de l'attaque, les autorités ont annoncé une série de mesures: rétablissement de l'état d'urgence dans tout le pays, couvre-feu nocturne dans le Grand Tunis et fermeture pour 15 jours de la frontière poreuse avec la Libye, longue de près de 500 km.
Unanimes, partis politiques et société civile ont exhorté à "l'union nationale" et appelé à "se ranger derrière les forces de l'ordre".
Depuis mardi, des centaines de Tunisiens se sont rendus sur les lieux de l'attentat, où de nombreuses gerbes de fleurs ont été déposées. Jeudi soir, une messe a été célébrée en la cathédrale de Tunis pour les "victimes du terrorisme". "Les joies du peuple tunisien sont nos joies et ses souffrances sont nos souffrances", a dit l'archevêque de Tunis, Mgr Ilario Antoniazzi.
Manque de vision
Mais les critiques et appels à une stratégie antiterroriste globale se sont dans le même temps multipliés.
"Notre peuple attend davantage", a lancé l'élu de gauche Ahmed Seddik au Parlement en présence du Premier ministre Habib Essid.
Plusieurs autres députés, comme Abdellatif Mekki du parti islamiste Ennahda, deuxième force politique, ont réclamé la tenue d'un congrès national sur la lutte antiterroriste, jusque-là reporté.
La veille, le Conseil de sécurité nationale présidé par le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi a annoncé la fermeture provisoire de la frontière avec la Libye et le "renforcement de la surveillance sur les frontières maritimes et dans les aéroports".
Il a également été décidé de doter le ministère de l'Intérieur et l'armée de 6.000 agents supplémentaires au total en 2016, d'"intensifier les opérations de blocage des sites (internet) en lien avec le terrorisme" et d'"activer la loi antiterroriste le plus vite possible".
Pour l'expert indépendant Selim Kharrat, il s'agit de "décisions superficielles prises pour rassurer une opinion publique apeurée, qui dénotent d'un manque de vision". "Quelle est la stratégie de fond? Quid de la réforme des appareils sécuritaires? Que prévoyez-vous de faire pour l'éducation et contre le chômage?", déplore-t-il.
Hamza Meddeb, chercheur non-résident au Carnegie Center, évoque un "paradoxe" tunisien.
Alors que des dizaines de policiers, militaires, touristes et civils ont été tués depuis la révolution de 2011, "une vraie stratégie nationale concertée contre le terrorisme, qui mobilise l'Etat, la société civile et les partis n'existe pas".
Centraliser le renseignement
Face aux critiques, M. Essid a défendu les mesures prises et assuré qu'un plan pour l'emploi des jeunes dans les régions jouxtant les montagnes -où sont retranchés des jihadistes et où chômage et misère sont prégnants- serait très vite mis en oeuvre.
Le ministère de l'Intérieur a par ailleurs annoncé l'arrestation de "30 personnes suspectées d'appartenir à des organisations terroristes", après 26 interpellations mercredi.
Et le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli a affirmé que les Tunisiens de retour de zones de conflit feraient l'objet d'une mesure "d'assignation à résidence".
La Tunisie fait face depuis 2011 à un essor de la mouvance jihadiste et des milliers de Tunisiens ont rejoint les groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye. D'après les autorités, les auteurs des attaques du Bardo et de Sousse avaient été formés au maniement des armes en Libye.
Pour M. Meddeb, la Tunisie doit élaborer "une politique étrangère équilibrée sur la Libye et ne pas se laisser enliser dans le conflit". Il lui faut aussi développer la coopération entre armée et police pour centraliser le renseignement.
Le gouvernement a averti que l'état d'urgence et le couvre-feu seraient "strictement" appliqués, provoquant l'inquiétude d'ONG qui ont appelé au respect des libertés publiques.
Mardi, au coeur de Tunis, un kamikaze de 26 ans a déclenché sa ceinture d'explosifs contre un bus de la sécurité présidentielle dont 12 membres ont été tués.
Il s'agit du troisième attentat d'envergure revendiqué cette année par le groupe Etat islamique (EI), qui a fait de la Tunisie l'une de ses principales cibles. Soixante personnes en tout ont été tuées en mars au musée du Bardo et en juin dans un hôtel près de Sousse. Le kamikaze de mardi a été identifié comme un vendeur ambulant, Houssam Abdelli, habitant Daouar Hicher, un quartier populaire de la banlieue de Tunis.
Suspecté par la police d'appartenir à des mouvements extrémistes, il avait été mis fin août en détention provisoire avant d'être libéré sur décision judiciaire, a affirmé sur Nessma TV le porte-parole du syndicat de l'Administration générale des unités d'intervention, Mehdi Chaouch, relevant de la police.
A la suite de l'attaque, les autorités ont annoncé une série de mesures: rétablissement de l'état d'urgence dans tout le pays, couvre-feu nocturne dans le Grand Tunis et fermeture pour 15 jours de la frontière poreuse avec la Libye, longue de près de 500 km.
Unanimes, partis politiques et société civile ont exhorté à "l'union nationale" et appelé à "se ranger derrière les forces de l'ordre".
Depuis mardi, des centaines de Tunisiens se sont rendus sur les lieux de l'attentat, où de nombreuses gerbes de fleurs ont été déposées. Jeudi soir, une messe a été célébrée en la cathédrale de Tunis pour les "victimes du terrorisme". "Les joies du peuple tunisien sont nos joies et ses souffrances sont nos souffrances", a dit l'archevêque de Tunis, Mgr Ilario Antoniazzi.
Manque de vision
Mais les critiques et appels à une stratégie antiterroriste globale se sont dans le même temps multipliés.
"Notre peuple attend davantage", a lancé l'élu de gauche Ahmed Seddik au Parlement en présence du Premier ministre Habib Essid.
Plusieurs autres députés, comme Abdellatif Mekki du parti islamiste Ennahda, deuxième force politique, ont réclamé la tenue d'un congrès national sur la lutte antiterroriste, jusque-là reporté.
La veille, le Conseil de sécurité nationale présidé par le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi a annoncé la fermeture provisoire de la frontière avec la Libye et le "renforcement de la surveillance sur les frontières maritimes et dans les aéroports".
Il a également été décidé de doter le ministère de l'Intérieur et l'armée de 6.000 agents supplémentaires au total en 2016, d'"intensifier les opérations de blocage des sites (internet) en lien avec le terrorisme" et d'"activer la loi antiterroriste le plus vite possible".
Pour l'expert indépendant Selim Kharrat, il s'agit de "décisions superficielles prises pour rassurer une opinion publique apeurée, qui dénotent d'un manque de vision". "Quelle est la stratégie de fond? Quid de la réforme des appareils sécuritaires? Que prévoyez-vous de faire pour l'éducation et contre le chômage?", déplore-t-il.
Hamza Meddeb, chercheur non-résident au Carnegie Center, évoque un "paradoxe" tunisien.
Alors que des dizaines de policiers, militaires, touristes et civils ont été tués depuis la révolution de 2011, "une vraie stratégie nationale concertée contre le terrorisme, qui mobilise l'Etat, la société civile et les partis n'existe pas".
Centraliser le renseignement
Face aux critiques, M. Essid a défendu les mesures prises et assuré qu'un plan pour l'emploi des jeunes dans les régions jouxtant les montagnes -où sont retranchés des jihadistes et où chômage et misère sont prégnants- serait très vite mis en oeuvre.
Le ministère de l'Intérieur a par ailleurs annoncé l'arrestation de "30 personnes suspectées d'appartenir à des organisations terroristes", après 26 interpellations mercredi.
Et le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli a affirmé que les Tunisiens de retour de zones de conflit feraient l'objet d'une mesure "d'assignation à résidence".
La Tunisie fait face depuis 2011 à un essor de la mouvance jihadiste et des milliers de Tunisiens ont rejoint les groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye. D'après les autorités, les auteurs des attaques du Bardo et de Sousse avaient été formés au maniement des armes en Libye.
Pour M. Meddeb, la Tunisie doit élaborer "une politique étrangère équilibrée sur la Libye et ne pas se laisser enliser dans le conflit". Il lui faut aussi développer la coopération entre armée et police pour centraliser le renseignement.
Le gouvernement a averti que l'état d'urgence et le couvre-feu seraient "strictement" appliqués, provoquant l'inquiétude d'ONG qui ont appelé au respect des libertés publiques.
Israël/Palestine : Un Palestinien abattu après avoir percuté en voiture des soldats
Un Palestinien a percuté vendredi avec sa voiture des soldats israéliens
postés à une station de bus en Cisjordanie occupée avant d'être abattu
par un civil, a indiqué la police.
"La voiture d'un Palestinien a heurté deux (soldats) Israéliens à une station de bus (près de la colonie israélienne de Kfar Adoumim, au nord-est de Jérusalem), le terroriste a été neutralisé", a précisé la police.
Les secours israéliens ont indiqué que les deux soldats avaient été transportés à l'hôpital à Jérusalem, conscients et légèrement blessés.
Selon un officier de police, le Palestinien est sorti de sa voiture après avoir percuté les soldats et a commencé à courir, avant d'être abattu par un civil israélien.
L'assaillant a été identifié par la police comme Fadi Hassib, un Palestinien originaire de Ramallah dont le frère a été abattu dimanche après avoir lui aussi percuté en voiture des Israéliens et tenté de les poignarder.
Depuis le 1er octobre, les attaques à l'arme blanche, à l'arme à feu ou à la voiture bélier, les affrontements entre jeunes Palestiniens et soldats israéliens et les violences entre Palestiniens et colons israéliens ont fait 98 morts côté palestinien -dont un Arabe israélien- et 17 côté israélien, ainsi qu'un Américain et un Erythréen, selon un décompte de l'AFP.
La majorité des Palestiniens tués l'ont été en commettant ou en tentant de commettre des attaques contre des Israéliens.
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, appelle vendredi à un jour de colère.
"La voiture d'un Palestinien a heurté deux (soldats) Israéliens à une station de bus (près de la colonie israélienne de Kfar Adoumim, au nord-est de Jérusalem), le terroriste a été neutralisé", a précisé la police.
Les secours israéliens ont indiqué que les deux soldats avaient été transportés à l'hôpital à Jérusalem, conscients et légèrement blessés.
Selon un officier de police, le Palestinien est sorti de sa voiture après avoir percuté les soldats et a commencé à courir, avant d'être abattu par un civil israélien.
L'assaillant a été identifié par la police comme Fadi Hassib, un Palestinien originaire de Ramallah dont le frère a été abattu dimanche après avoir lui aussi percuté en voiture des Israéliens et tenté de les poignarder.
Depuis le 1er octobre, les attaques à l'arme blanche, à l'arme à feu ou à la voiture bélier, les affrontements entre jeunes Palestiniens et soldats israéliens et les violences entre Palestiniens et colons israéliens ont fait 98 morts côté palestinien -dont un Arabe israélien- et 17 côté israélien, ainsi qu'un Américain et un Erythréen, selon un décompte de l'AFP.
La majorité des Palestiniens tués l'ont été en commettant ou en tentant de commettre des attaques contre des Israéliens.
Le Hamas, qui contrôle la bande de Gaza, appelle vendredi à un jour de colère.
jeudi 26 novembre 2015
Moyen-Orient : Arabie saoudite et Qatar, des alliés encombrants pour la France (Assawra)
L'Arabie saoudite et le Qatar, deux alliés de la France, rejettent tous
liens politiques ou financiers avec l'organisation État islamique qui a
revendiqué les attentats meurtriers de Paris, mais de riches donateurs
du Golfe ont contribué à la montée en puissance du groupe djihadiste,
estiment des experts. « Cette question du financement place la France
dans une situation inconfortable, au moment où elle a déclaré la guerre
au terrorisme », note l'expert algérien Hasni Abidi, basé à Genève,
interrogé par l'AFP. Arabie saoudite et Qatar démentent catégoriquement
toute relation avec les extrémistes de l'EI, et combattent
officiellement l'organisation. Ils se sont ainsi joints en 2014 à la
campagne aérienne conduite par Washington en Syrie, et le Qatar abrite
le Centcom, le centre de commandement pour les opérations anti-EI.
Quatre jours après les pires attentats qu'a connu la France (130 morts, 350 blessés), cheikh Abdallah ben Nasser Al-Thani, le Premier ministre du Qatar, était reçu à l'Élysée, et assurait le président François Hollande de son « plein soutien » dans la lutte contre les djihadistes. Le matin même, le Premier ministre Manuel Valls était interrogé sur d'éventuels liens entre les monarchies du Golfe et l'EI. « Le pouvoir en Arabie saoudite, comme au Qatar, lutte contre Daech [acronyme arabe de l'État islamique]. Ça, c'est incontestable. Et je n'ai pas de raisons de douter aujourd'hui de l'engagement de ces deux gouvernements », affirmait-il sur la radio France Inter. Mais les grandes fortunes de ces monarchies du Golfe sont-elles, elles aussi, exemptes de tout soupçon ? interrogeait la radio. « Reste la question de l'ensemble de ces financements... » convenait Manuel Valls, avant d'ajouter : « Nous ne pourrions accepter aucun élément qui participe du terrorisme contre nous. »
La France entretient des relations d'« amitié » avec l'Arabie saoudite, un pays qui, écrit mercredi le journal Le Monde dans un éditorial, « finance le fondamentalisme sunnite à travers le monde ». Et entre la France et le Qatar, pays qui soutient les Frères musulmans, les liens sont étroits. L'émirat gazier a acheté en mai 24 avions de combat français Rafale, pour 6,3 milliards d'euros.
Centaines de millions de dollars
Dès 2010, le site WikiLeaks avait tourné le couteau dans la plaie sur cette question des financements, en publiant une note diplomatique américaine qui affirmait : « Les donateurs [privés] en Arabie saoudite demeurent la principale source mondiale de financement de groupes terroristes sunnites. » À l'époque, cette note visait surtout Al-Qaïda, dont la branche irakienne est à l'origine de l'État islamique. Elle dénonçait aussi le laxisme du Qatar et du Koweït, dans la lutte contre le financement des djihadistes. « Il n'y a pas de preuve crédible que le gouvernement saoudien soutient financièrement l'EI », qu'il considère comme une « menace directe » pour sa sécurité, écrivait l'an dernier l'analyste Lori Plotkin Boghardt, du Washington Institute.
Mais les « donateurs du Golfe, dont les Saoudiens passent pour être les plus charitables, ont acheminé des centaines de millions de dollars en Syrie ces dernières années, notamment à l'EI et à d'autres groupes », ajoutait-elle. Ces aides financières passent notamment par la « zakat », l'aumône légale chez les musulmans, des donations par des fondations islamiques, ou des personnes privées. « Il n'y a pas de financements directs de Riyad et de Doha des groupes djihadistes. Mais il faut se souvenir qu'au début de la révolution syrienne, il y avait le feu vert de tout le monde pour donner de l'argent à l'opposition syrienne, toutes tendances confondues. C'est la radicalisation de Daech qui a compliqué la situation » , note Hasni Abidi.
« Aujourd'hui, l'Arabie saoudite et le Qatar condamnent Daech, qui les menace. Enfin, il faut noter que l'EI a moins besoin aujourd'hui de financements extérieurs », ajoute-t-il. « La valeur totale des donations externes à l'EI est minime, comparée aux autres sources de revenus », qui sont principalement le pétrole, soulignait en février un rapport de l'institution Financial Action Task Force. « La France et les Occidentaux ont besoin des pays du Golfe pour contrôler ces flux financiers », ajoute Hasni Abidi. « Il faut rechercher leur coopération, et ne pas les braquer. »
(26-11-2015, Assawra)
Quatre jours après les pires attentats qu'a connu la France (130 morts, 350 blessés), cheikh Abdallah ben Nasser Al-Thani, le Premier ministre du Qatar, était reçu à l'Élysée, et assurait le président François Hollande de son « plein soutien » dans la lutte contre les djihadistes. Le matin même, le Premier ministre Manuel Valls était interrogé sur d'éventuels liens entre les monarchies du Golfe et l'EI. « Le pouvoir en Arabie saoudite, comme au Qatar, lutte contre Daech [acronyme arabe de l'État islamique]. Ça, c'est incontestable. Et je n'ai pas de raisons de douter aujourd'hui de l'engagement de ces deux gouvernements », affirmait-il sur la radio France Inter. Mais les grandes fortunes de ces monarchies du Golfe sont-elles, elles aussi, exemptes de tout soupçon ? interrogeait la radio. « Reste la question de l'ensemble de ces financements... » convenait Manuel Valls, avant d'ajouter : « Nous ne pourrions accepter aucun élément qui participe du terrorisme contre nous. »
La France entretient des relations d'« amitié » avec l'Arabie saoudite, un pays qui, écrit mercredi le journal Le Monde dans un éditorial, « finance le fondamentalisme sunnite à travers le monde ». Et entre la France et le Qatar, pays qui soutient les Frères musulmans, les liens sont étroits. L'émirat gazier a acheté en mai 24 avions de combat français Rafale, pour 6,3 milliards d'euros.
Centaines de millions de dollars
Dès 2010, le site WikiLeaks avait tourné le couteau dans la plaie sur cette question des financements, en publiant une note diplomatique américaine qui affirmait : « Les donateurs [privés] en Arabie saoudite demeurent la principale source mondiale de financement de groupes terroristes sunnites. » À l'époque, cette note visait surtout Al-Qaïda, dont la branche irakienne est à l'origine de l'État islamique. Elle dénonçait aussi le laxisme du Qatar et du Koweït, dans la lutte contre le financement des djihadistes. « Il n'y a pas de preuve crédible que le gouvernement saoudien soutient financièrement l'EI », qu'il considère comme une « menace directe » pour sa sécurité, écrivait l'an dernier l'analyste Lori Plotkin Boghardt, du Washington Institute.
Mais les « donateurs du Golfe, dont les Saoudiens passent pour être les plus charitables, ont acheminé des centaines de millions de dollars en Syrie ces dernières années, notamment à l'EI et à d'autres groupes », ajoutait-elle. Ces aides financières passent notamment par la « zakat », l'aumône légale chez les musulmans, des donations par des fondations islamiques, ou des personnes privées. « Il n'y a pas de financements directs de Riyad et de Doha des groupes djihadistes. Mais il faut se souvenir qu'au début de la révolution syrienne, il y avait le feu vert de tout le monde pour donner de l'argent à l'opposition syrienne, toutes tendances confondues. C'est la radicalisation de Daech qui a compliqué la situation » , note Hasni Abidi.
« Aujourd'hui, l'Arabie saoudite et le Qatar condamnent Daech, qui les menace. Enfin, il faut noter que l'EI a moins besoin aujourd'hui de financements extérieurs », ajoute-t-il. « La valeur totale des donations externes à l'EI est minime, comparée aux autres sources de revenus », qui sont principalement le pétrole, soulignait en février un rapport de l'institution Financial Action Task Force. « La France et les Occidentaux ont besoin des pays du Golfe pour contrôler ces flux financiers », ajoute Hasni Abidi. « Il faut rechercher leur coopération, et ne pas les braquer. »
(26-11-2015, Assawra)
Israël/Palestine : Yahya Taha, 21 ans...
Un Palestinien de 21 ans a été tué jeudi par des tirs de soldats
israéliens lors de heurts à Qatanna en Cisjordanie occupée à l'ouest de
Jérusalem, a indiqué le ministère palestinien de la Santé.
Yahya Taha a été atteint à la tête par les tirs au cours d'affrontements avec des militaires israéliens, a ajouté le ministère. Ce décès porte à 95 le nombre de morts côté palestinien -dont un Arabe israélien- depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP. Les violences ont fait 17 morts côté israélien ainsi qu'un Américain et un Erythréen.
Yahya Taha a été atteint à la tête par les tirs au cours d'affrontements avec des militaires israéliens, a ajouté le ministère. Ce décès porte à 95 le nombre de morts côté palestinien -dont un Arabe israélien- depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP. Les violences ont fait 17 morts côté israélien ainsi qu'un Américain et un Erythréen.
mercredi 25 novembre 2015
Syrie : La droite française veut plus de coopération avec Moscou
Dans une position inconfortable depuis les attentats, hésitant entre
unité nationale et critiques du gouvernement, le groupe Les Républicains
- tout comme l'Union des démocrates et indépendants - soutiendra le
"virage" de François Hollande. Mais il entend poser, par la voix de
François Fillon qui sera l'orateur du groupe, la question de la
coopération avec la Russie.
"Avec les Russes, se posera clairement la question des sanctions: je n'imagine pas qu'on ait une coalition avec les Russes, qu'on puisse échanger à la fois des renseignements, des données militaires, et en même temps qu'on maintienne les sanctions économiques (...) ça n'aurait vraiment aucun sens", a déclaré mardi le chef de file du groupe LR Christian Jacob.
François Hollande doit donner "des signes tangibles de l'évolution de sa stratégie diplomatico-militaire", a-t-il ajouté.
Le vote des parlementaires intervient d'ailleurs entre le déplacement de François Hollande à Washington mardi et celui à Moscou jeudi pour tenter de créer une "coalition" contre le groupe Etat islamique (EI), en dépit des divergences avec les Russes sur l'avenir du régime syrien.
Manuel Valls, qui prendra la parole pour le gouvernement au début du débat à 16h, a évoqué mardi l'hypothèse d'une "coordination" internationale avec les Etats-Unis et la Russie, faute d'une "coalition" qui signifierait une organisation militaire unique avec un seul patron.
Une partie de plus en plus importante de la droite, dont François Fillon, va aussi jusqu'à militer pour une reprise de la coopération sécuritaire avec Bashar Al-Assad, hypothèse exclue par le gouvernement.
Majorité et opposition de droite devraient se rejoindre pour soutenir l'intervention de troupes au sol de forces de la région, mais sans soldats français, comme l'a encore exclu dimanche Jean-Yves Le Drian.
"Une victoire et une destruction de Daech passent obligatoirement à un moment donné par une présence au sol (..) cela ne veut pas dire la présence française au sol", a dit le ministre de la Défense. Pour battre l'EI, "il faut des frappes en appui (de la coalition, ndlr) et des forces au sol" qui peuvent être kurdes ou de l'Armée syrienne libre (ASL), a-t-il ajouté.
(25-11-2015)
"Avec les Russes, se posera clairement la question des sanctions: je n'imagine pas qu'on ait une coalition avec les Russes, qu'on puisse échanger à la fois des renseignements, des données militaires, et en même temps qu'on maintienne les sanctions économiques (...) ça n'aurait vraiment aucun sens", a déclaré mardi le chef de file du groupe LR Christian Jacob.
François Hollande doit donner "des signes tangibles de l'évolution de sa stratégie diplomatico-militaire", a-t-il ajouté.
Le vote des parlementaires intervient d'ailleurs entre le déplacement de François Hollande à Washington mardi et celui à Moscou jeudi pour tenter de créer une "coalition" contre le groupe Etat islamique (EI), en dépit des divergences avec les Russes sur l'avenir du régime syrien.
Manuel Valls, qui prendra la parole pour le gouvernement au début du débat à 16h, a évoqué mardi l'hypothèse d'une "coordination" internationale avec les Etats-Unis et la Russie, faute d'une "coalition" qui signifierait une organisation militaire unique avec un seul patron.
Une partie de plus en plus importante de la droite, dont François Fillon, va aussi jusqu'à militer pour une reprise de la coopération sécuritaire avec Bashar Al-Assad, hypothèse exclue par le gouvernement.
Majorité et opposition de droite devraient se rejoindre pour soutenir l'intervention de troupes au sol de forces de la région, mais sans soldats français, comme l'a encore exclu dimanche Jean-Yves Le Drian.
"Une victoire et une destruction de Daech passent obligatoirement à un moment donné par une présence au sol (..) cela ne veut pas dire la présence française au sol", a dit le ministre de la Défense. Pour battre l'EI, "il faut des frappes en appui (de la coalition, ndlr) et des forces au sol" qui peuvent être kurdes ou de l'Armée syrienne libre (ASL), a-t-il ajouté.
(25-11-2015)
Tunisie : Daech revendique l'attentat contre la sécurité présidentielle
Daech dit le groupe Etat islamique (EI) a de nouveau pris pour
cible la jeune démocratie tunisienne en revendiquant mercredi
l'attaque-suicide qui a tué la veille 12 membres de la sécurité
présidentielle en plein Tunis.
Il s'agit du troisième attentat d'envergure à être revendiqué par le groupe extrémiste cette année après ceux du musée du Bardo en mars et de Sousse en juin, qui avaient fait 60 morts.
L'état d'urgence a été dans la foulée rétabli dans tout le pays et un couvre-feu imposé dans le Grand Tunis.
Dans un communiqué diffusé sur des comptes jihadistes, l'EI affirme que l'auteur de l'attentat, un Tunisien identifié comme "Abou Abdallah al-Tounissi" et muni d'une ceinture d'explosifs, s'est introduit dans le véhicule et "s'est fait exploser".
Le groupe a publié une photo de cet homme habillé de blanc et portant la ceinture d'explosifs, le doigt levé, la tête et le visage couverts par un foulard.
Auparavant, le ministère de l'Intérieur avait indiqué que l'attaque avait été perpétrée à l'aide d'une ceinture de 10 kilos d'explosifs, composés de Semtex, un produit très puissant.
En matinée, les autorités avaient par ailleurs annoncé la découverte d'une treizième dépouille en cours d'identification, relevant qu'il pourrait s'agir du corps d'un "terroriste".
Très grave
Le Premier ministre Habib Essid a reconnu que cet attentat constituait un nouveau coup dur.
Au Bardo et à Sousse, "le but était de troubler le processus démocratique, (...) le secteur du tourisme", a-t-il déclaré. Celui de mardi "est d?un autre genre" car "il a visé un des symboles de l?Etat. (...) C'est grave, très grave". "Leur but est de déstabiliser l?Etat, de frapper l?institution de la présidence de la République", selon lui.
Sous le choc, la presse a appelé à l'union nationale et à la résistance, ainsi qu'à "une nouvelle philosophie et des mesures spéciales" pour lutter "contre le terrorisme".
Le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi a réuni mercredi le Conseil de sécurité nationale "afin de prendre les décisions nécessaires pour faire face à cette situation".
Il avait déjà annoncé mardi soir le rétablissement de l'état d'urgence, levé il y a moins de deux mois, ainsi qu'un couvre-feu dans le Grand Tunis de 21H00 à 05H00 du matin.
Une cérémonie d'hommage national a été organisée mercredi après-midi au palais présidentiel, lors de laquelle les 12 gardes ont été décorés à titre posthume.
Parmi les centaines de personnes présentes, dont les familles, beaucoup étaient en pleurs devant les 12 cercueils recouverts du drapeau tunisien et accompagnés des portraits des défunts.
"La Tunisie vaincra le terrorisme", a assuré Béji Caïd Essebsi.
De nombreux pays lui ont apporté leur soutien. "Les terroristes cherchent à utiliser la peur et la violence pour saper les avancées importantes que les Tunisiens ont réalisées vers un pays démocratique, stable et prospère", a réagi la Maison Blanche. "A Tunis comme à Paris, c'est le même combat pour la démocratie contre l'obscurantisme", a souligné le président français François Hollande.
La Tunisie, décrite comme un modèle pour sa transition démocratique, est devenue une cible privilégiée des jihadistes depuis sa révolution en janvier 2011.
Ils ont depuis tué plusieurs dizaines de membres des forces de l'ordre, notamment 15 soldats en juillet 2014 sur le mont Chaambi (centre-ouest), une attaque revendiquée par un groupe lié à Al-Qaïda.
Décisions improvisées
Les autorités annoncent régulièrement des arrestations de jihadistes présumés. Mais la Tunisie compte des milliers de ressortissants combattant dans les rangs de groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye, pays voisin où le chaos a permis l'émergence du groupe EI.
Deux syndicats des forces de sécurité ont fait porter la responsabilité des morts "au gouvernement et aux différents politiques en raison de leurs décisions improvisées et des nominations aléatoires".
Et sur les lieux de l'attentat, un agent a regretté mardi soir que les autorités n'aient pas changé le lieu de la relève de la garde alors que "nous sommes les premiers à être ciblés".
La centrale syndicale UGTT a pour sa part annoncé l'annulation des grèves et rassemblements prévus mercredi.
Les organisateurs des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) ont en revanche annoncé la poursuite de ce festival international, "seule manière de répondre à ces actes barbares", a dit à l'AFP son directeur Ibrahim Letaïef.
Sur le site de l'attentat, bouclé, des gerbes de fleurs ont été déposées sur les barricades, tandis que la circulation avait repris à proximité, en particulier sur l'avenue Mohamed-V, une artère très fréquentée de la capitale.
(25-11-2015)
Il s'agit du troisième attentat d'envergure à être revendiqué par le groupe extrémiste cette année après ceux du musée du Bardo en mars et de Sousse en juin, qui avaient fait 60 morts.
L'état d'urgence a été dans la foulée rétabli dans tout le pays et un couvre-feu imposé dans le Grand Tunis.
Dans un communiqué diffusé sur des comptes jihadistes, l'EI affirme que l'auteur de l'attentat, un Tunisien identifié comme "Abou Abdallah al-Tounissi" et muni d'une ceinture d'explosifs, s'est introduit dans le véhicule et "s'est fait exploser".
Le groupe a publié une photo de cet homme habillé de blanc et portant la ceinture d'explosifs, le doigt levé, la tête et le visage couverts par un foulard.
Auparavant, le ministère de l'Intérieur avait indiqué que l'attaque avait été perpétrée à l'aide d'une ceinture de 10 kilos d'explosifs, composés de Semtex, un produit très puissant.
En matinée, les autorités avaient par ailleurs annoncé la découverte d'une treizième dépouille en cours d'identification, relevant qu'il pourrait s'agir du corps d'un "terroriste".
Très grave
Le Premier ministre Habib Essid a reconnu que cet attentat constituait un nouveau coup dur.
Au Bardo et à Sousse, "le but était de troubler le processus démocratique, (...) le secteur du tourisme", a-t-il déclaré. Celui de mardi "est d?un autre genre" car "il a visé un des symboles de l?Etat. (...) C'est grave, très grave". "Leur but est de déstabiliser l?Etat, de frapper l?institution de la présidence de la République", selon lui.
Sous le choc, la presse a appelé à l'union nationale et à la résistance, ainsi qu'à "une nouvelle philosophie et des mesures spéciales" pour lutter "contre le terrorisme".
Le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi a réuni mercredi le Conseil de sécurité nationale "afin de prendre les décisions nécessaires pour faire face à cette situation".
Il avait déjà annoncé mardi soir le rétablissement de l'état d'urgence, levé il y a moins de deux mois, ainsi qu'un couvre-feu dans le Grand Tunis de 21H00 à 05H00 du matin.
Une cérémonie d'hommage national a été organisée mercredi après-midi au palais présidentiel, lors de laquelle les 12 gardes ont été décorés à titre posthume.
Parmi les centaines de personnes présentes, dont les familles, beaucoup étaient en pleurs devant les 12 cercueils recouverts du drapeau tunisien et accompagnés des portraits des défunts.
"La Tunisie vaincra le terrorisme", a assuré Béji Caïd Essebsi.
De nombreux pays lui ont apporté leur soutien. "Les terroristes cherchent à utiliser la peur et la violence pour saper les avancées importantes que les Tunisiens ont réalisées vers un pays démocratique, stable et prospère", a réagi la Maison Blanche. "A Tunis comme à Paris, c'est le même combat pour la démocratie contre l'obscurantisme", a souligné le président français François Hollande.
La Tunisie, décrite comme un modèle pour sa transition démocratique, est devenue une cible privilégiée des jihadistes depuis sa révolution en janvier 2011.
Ils ont depuis tué plusieurs dizaines de membres des forces de l'ordre, notamment 15 soldats en juillet 2014 sur le mont Chaambi (centre-ouest), une attaque revendiquée par un groupe lié à Al-Qaïda.
Décisions improvisées
Les autorités annoncent régulièrement des arrestations de jihadistes présumés. Mais la Tunisie compte des milliers de ressortissants combattant dans les rangs de groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye, pays voisin où le chaos a permis l'émergence du groupe EI.
Deux syndicats des forces de sécurité ont fait porter la responsabilité des morts "au gouvernement et aux différents politiques en raison de leurs décisions improvisées et des nominations aléatoires".
Et sur les lieux de l'attentat, un agent a regretté mardi soir que les autorités n'aient pas changé le lieu de la relève de la garde alors que "nous sommes les premiers à être ciblés".
La centrale syndicale UGTT a pour sa part annoncé l'annulation des grèves et rassemblements prévus mercredi.
Les organisateurs des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) ont en revanche annoncé la poursuite de ce festival international, "seule manière de répondre à ces actes barbares", a dit à l'AFP son directeur Ibrahim Letaïef.
Sur le site de l'attentat, bouclé, des gerbes de fleurs ont été déposées sur les barricades, tandis que la circulation avait repris à proximité, en particulier sur l'avenue Mohamed-V, une artère très fréquentée de la capitale.
(25-11-2015)
Tunisie : Fragilisée, la Tunisie tente de faire front après un nouvel attentat
La Tunisie s'efforçait de faire front mercredi au lendemain de
l'attentat perpétré en plein Tunis contre la sécurité présidentielle,
qui a fait au moins 12 morts et fragilise un peu plus la jeune
démocratie.
Cette attaque a tué 12 agents de la garde présidentielle et une 13e dépouille reste à identifier, ont indiqué les autorités, en précisant qu'il pourrait s'agir du corps d'un "terroriste".
Elle a été perpétrée à l'aide de 10 kilos d'explosifs contenus "dans un sac à dos ou une ceinture", a ajouté le ministère de l'Intérieur, sans dire explicitement si l'attaque avait été le fait d'un kamikaze.
L'attentat n'a pas encore été revendiqué. Le groupe Etat islamique (EI) avait endossé la responsabilité des deux attentats ayant fait 60 morts dont 59 touristes étrangers à Sousse en juin et au musée du Bardo à Tunis en mars. Mais un groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a également mené des actions meurtrières ces dernières années.
Au Bardo et à Sousse, "le but était de troubler le processus démocratique de la Tunisie, (...) le secteur du tourisme", a commenté mercredi le Premier ministre Habib Essid. Celui de mardi "est d'un autre genre" car "il a visé l'un des symboles de l'Etat. (...) C'est grave, très grave", a-t-il ajouté.
Face à ce nouveau coup dur, la presse a appelé à l'union nationale et à la résistance, ainsi qu'à "une nouvelle philosophie et des mesures spéciales" pour lutter "contre le terrorisme".
Le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi a réuni mercredi le Conseil de sécurité nationale "afin de prendre les décisions nécessaires pour faire face à cette situation".
Il a déjà annoncé le rétablissement de l'état d'urgence, levé il y a moins de deux mois, ainsi qu'un couvre-feu dans le Grand Tunis de 21H00 à 05H00 du matin.
- Sécurité renforcée -
La Tunisie est devenue une cible privilégiée des jihadistes depuis qu'elle est présentée comme un modèle pour sa transition démocratique après la révolution de 2011 qui a entraîné la chute du président autocrate Zine Abidine Ben Ali.
La mouvance jihadiste armée est depuis responsable de la mort de plusieurs dizaines de policiers et militaires. Quinze soldats ont été ainsi tués en juillet 2014 sur le mont Chaambi (centre-ouest) et cinq autres dans l'attaque d'un autocar transportant des militaires il y a un an.
Les autorités annoncent régulièrement des arrestations de jihadistes présumés. Mais la Tunisie compte des milliers de ressortissants combattant dans les rangs de groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye.
Le ministère du Transport a annoncé que les mesures de sécurité seraient renforcées dans les ports et que seuls les voyageurs seraient autorisés à pénétrer dans l'aéroport international de Tunis-Carthage.
Deux syndicats des forces de sécurité ont fait porter la responsabilité des morts "au gouvernement et aux différents politiques en raison de leurs décisions improvisées et des nominations aléatoires".
La centrale syndicale UGTT a pour sa part annoncé l'annulation des grèves et rassemblements prévus mercredi.
Les organisateurs des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) ont en revanche annoncé la poursuite de ce festival international. "C'est la seule manière de répondre à ces actes barbares", a dit à l'AFP son directeur Ibrahim Letaïef.
Le site de l'attentat était bouclé mercredi et des experts étaient à l'oeuvre autour du bus calciné, selon une journaliste de l'AFP. Derrière les barricades, où des gerbes de fleurs ont été déposées, des dizaines de citoyens manifestaient leur soutien aux forces de l'ordre, drapeaux tunisiens à la main.
La circulation a en revanche repris à proximité, en particulier sur l'avenue Mohamed-V, une artère très fréquentée, non loin du ministère de l'Intérieur.
"Comme d'habitude, on est monté dans le bus pour aller au travail. Au moment où le chauffeur s'apprêtait à démarrer, l'explosion a eu lieu", a témoigné sur la radio nationale un des gardes blessés.
"Cela fait des années que ce lieu est le point de relève (de la sécurité présidentielle) mais ils n'ont pas pensé à le changer, alors que nous sommes les premiers à être ciblés", avait pour sa part dénoncé mardi soir un agent, bouleversé.
Une grande tension a également régné une partie de la soirée. Plusieurs journalistes ont été agressés par des policiers en civil qui refusaient leur présence sur les lieux.
Reporters sans frontière a dénoncé ces "exactions", dont ont été victimes "une trentaine de journalistes".
(25-11-2015)
Cette attaque a tué 12 agents de la garde présidentielle et une 13e dépouille reste à identifier, ont indiqué les autorités, en précisant qu'il pourrait s'agir du corps d'un "terroriste".
Elle a été perpétrée à l'aide de 10 kilos d'explosifs contenus "dans un sac à dos ou une ceinture", a ajouté le ministère de l'Intérieur, sans dire explicitement si l'attaque avait été le fait d'un kamikaze.
L'attentat n'a pas encore été revendiqué. Le groupe Etat islamique (EI) avait endossé la responsabilité des deux attentats ayant fait 60 morts dont 59 touristes étrangers à Sousse en juin et au musée du Bardo à Tunis en mars. Mais un groupe lié à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a également mené des actions meurtrières ces dernières années.
Au Bardo et à Sousse, "le but était de troubler le processus démocratique de la Tunisie, (...) le secteur du tourisme", a commenté mercredi le Premier ministre Habib Essid. Celui de mardi "est d'un autre genre" car "il a visé l'un des symboles de l'Etat. (...) C'est grave, très grave", a-t-il ajouté.
Face à ce nouveau coup dur, la presse a appelé à l'union nationale et à la résistance, ainsi qu'à "une nouvelle philosophie et des mesures spéciales" pour lutter "contre le terrorisme".
Le chef de l'Etat Béji Caïd Essebsi a réuni mercredi le Conseil de sécurité nationale "afin de prendre les décisions nécessaires pour faire face à cette situation".
Il a déjà annoncé le rétablissement de l'état d'urgence, levé il y a moins de deux mois, ainsi qu'un couvre-feu dans le Grand Tunis de 21H00 à 05H00 du matin.
- Sécurité renforcée -
La Tunisie est devenue une cible privilégiée des jihadistes depuis qu'elle est présentée comme un modèle pour sa transition démocratique après la révolution de 2011 qui a entraîné la chute du président autocrate Zine Abidine Ben Ali.
La mouvance jihadiste armée est depuis responsable de la mort de plusieurs dizaines de policiers et militaires. Quinze soldats ont été ainsi tués en juillet 2014 sur le mont Chaambi (centre-ouest) et cinq autres dans l'attaque d'un autocar transportant des militaires il y a un an.
Les autorités annoncent régulièrement des arrestations de jihadistes présumés. Mais la Tunisie compte des milliers de ressortissants combattant dans les rangs de groupes extrémistes en Irak, en Syrie et en Libye.
Le ministère du Transport a annoncé que les mesures de sécurité seraient renforcées dans les ports et que seuls les voyageurs seraient autorisés à pénétrer dans l'aéroport international de Tunis-Carthage.
Deux syndicats des forces de sécurité ont fait porter la responsabilité des morts "au gouvernement et aux différents politiques en raison de leurs décisions improvisées et des nominations aléatoires".
La centrale syndicale UGTT a pour sa part annoncé l'annulation des grèves et rassemblements prévus mercredi.
Les organisateurs des Journées cinématographiques de Carthage (JCC) ont en revanche annoncé la poursuite de ce festival international. "C'est la seule manière de répondre à ces actes barbares", a dit à l'AFP son directeur Ibrahim Letaïef.
Le site de l'attentat était bouclé mercredi et des experts étaient à l'oeuvre autour du bus calciné, selon une journaliste de l'AFP. Derrière les barricades, où des gerbes de fleurs ont été déposées, des dizaines de citoyens manifestaient leur soutien aux forces de l'ordre, drapeaux tunisiens à la main.
La circulation a en revanche repris à proximité, en particulier sur l'avenue Mohamed-V, une artère très fréquentée, non loin du ministère de l'Intérieur.
"Comme d'habitude, on est monté dans le bus pour aller au travail. Au moment où le chauffeur s'apprêtait à démarrer, l'explosion a eu lieu", a témoigné sur la radio nationale un des gardes blessés.
"Cela fait des années que ce lieu est le point de relève (de la sécurité présidentielle) mais ils n'ont pas pensé à le changer, alors que nous sommes les premiers à être ciblés", avait pour sa part dénoncé mardi soir un agent, bouleversé.
Une grande tension a également régné une partie de la soirée. Plusieurs journalistes ont été agressés par des policiers en civil qui refusaient leur présence sur les lieux.
Reporters sans frontière a dénoncé ces "exactions", dont ont été victimes "une trentaine de journalistes".
(25-11-2015)
Syrie : Contre Daech, Fillon, ancien premier ministre français, veut soutenir le Hezbollah
Sur France Inter, François Fillon a prôné de « constituer une alliance
mondiale avec tous les combattants possibles et d'appuyer les seules
forces au sol qui combattent réellement l'État islamique, qui sont des
forces hétéroclites, qui ne sont pas toutes faciles à défendre compte
tenu de leur comportement passé, puisque ces forces, c'est les Kurdes,
qu'on aide mais pas suffisamment et qui par ailleurs se font bombarder
par les Turcs, c'est le Hezbollah, qui combat l'État islamique avec le
soutien de l'Iran (...), l'armée nationale syrienne et dans une moindre
mesure l'armée irakienne ».
La France doit-elle soutenir le Hezbollah, dont l'aide militaire figure sur la liste des organisations terroristes de l'UE ? « Je pense que la coalition mondiale doit aider tous ceux qui sont sur le terrain capables de battre l'État islamique. Sinon nous allons entrer dans un conflit qui va durer vingt ans. Ou alors l'alternative, c'est d'y aller nous-mêmes. Et chacun sait que les Occidentaux n'iront pas combattre en Syrie : les Américains n'iront jamais et sans les Américains, les autres Occidentaux ne peuvent pas y aller », a poursuivi l'ancien Premier ministre.
« La farce extraordinaire » des Russes
Quid de l'Armée syrienne libre, non mentionnée par François Fillon ? « J'ai jamais vu l'opposition syrienne se battre contre l'État islamique. L'opposition syrienne se bat principalement contre le régime d'Assad », a-t-il affirmé. « C'est pas avec ces forces-là qu'on va battre l'État islamique. Et si les Russes bombardent ces forces-là, c'est parce que les Russes essaient de protéger le régime syrien. Et aujourd'hui, malheureusement, je considère que le régime syrien est nécessaire dans un premier temps pour battre l'État islamique parce que, si le régime syrien tombe, c'est l'EI qui s'emparera du territoire parce que nous n'irons, nous les Occidentaux, jamais l'en empêcher », a développé François Fillon.
La Russie n'a-t-elle pas modifié sa stratégie depuis l'attentat dans le Sinaï et ceux de Paris ? « C'est une farce extraordinaire. Les Russes ont une stratégie depuis le début, ils n'en ont pas changé, nous, nous n'avons pas de stratégie », a dit le député de Paris, qui prône également le rétablissement d'un « dialogue technique » entre la France et la Syrie. « J'ai utilisé le mot ambassade, je l'ai retiré depuis. »
(25-11-2015)
La France doit-elle soutenir le Hezbollah, dont l'aide militaire figure sur la liste des organisations terroristes de l'UE ? « Je pense que la coalition mondiale doit aider tous ceux qui sont sur le terrain capables de battre l'État islamique. Sinon nous allons entrer dans un conflit qui va durer vingt ans. Ou alors l'alternative, c'est d'y aller nous-mêmes. Et chacun sait que les Occidentaux n'iront pas combattre en Syrie : les Américains n'iront jamais et sans les Américains, les autres Occidentaux ne peuvent pas y aller », a poursuivi l'ancien Premier ministre.
« La farce extraordinaire » des Russes
Quid de l'Armée syrienne libre, non mentionnée par François Fillon ? « J'ai jamais vu l'opposition syrienne se battre contre l'État islamique. L'opposition syrienne se bat principalement contre le régime d'Assad », a-t-il affirmé. « C'est pas avec ces forces-là qu'on va battre l'État islamique. Et si les Russes bombardent ces forces-là, c'est parce que les Russes essaient de protéger le régime syrien. Et aujourd'hui, malheureusement, je considère que le régime syrien est nécessaire dans un premier temps pour battre l'État islamique parce que, si le régime syrien tombe, c'est l'EI qui s'emparera du territoire parce que nous n'irons, nous les Occidentaux, jamais l'en empêcher », a développé François Fillon.
La Russie n'a-t-elle pas modifié sa stratégie depuis l'attentat dans le Sinaï et ceux de Paris ? « C'est une farce extraordinaire. Les Russes ont une stratégie depuis le début, ils n'en ont pas changé, nous, nous n'avons pas de stratégie », a dit le député de Paris, qui prône également le rétablissement d'un « dialogue technique » entre la France et la Syrie. « J'ai utilisé le mot ambassade, je l'ai retiré depuis. »
(25-11-2015)
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