Sans eux, sans elles, la Tunisie serait ignorante de ce qui se trame à
l'Assemblée des représentants du peuple. Sans eux, sans elles, les
débats en commission, en séance plénière, seraient l'affaire de quelques
initiés. Sans eux, sans elles, la jeune démocratie tunisienne n'aurait
pas la même valeur. À coups de live tweet, de rapport, ils et elles
mettent à nu le débat parlementaire. Ces jeunes femmes, ces jeunes
hommes forment l'équipe de La Boussole (Al Bawsala), fondée par Amira
Yahyaoui et désormais pilotée par Ons Abdelkrim, une jeune juriste.
Moyenne d'âge : moins de trente ans. Philosophie : l'optimisme est
requis. Sans aucun doute, l'action la plus utile menée depuis les
élections de l'Assemblée constituante en 2011. Désormais, Al Bawsala a
pris en main le dossier crucial de la décentralisation dans un pays où
tout remonte à Tunis. Pour les suivre sur Twitter : @AlBawsalaTN.
Inkyfada - Le média sans idéologie
Une bouffée d'oxygène journalistique dans un paysage médiatique qui se
cherche depuis la révolution. Un webmagazine qui refuse la course au
buzz, la facilité, les banalités officielles. En français et en arabe,
Inkyfada propose des sujets fouillés, des enquêtes, du long format
chiadé sur le plan tant visuel qu'iconographique et journalistique. Sous
la houlette de l'association Al Khatt (« liberté » en arabe), présidée
par Malek Khadraoui, Inkyfada consacre des articles à la lutte des
minorités sexuelles, aux régions marginalisées, à l'attitude du
ministère de l'Intérieur dans la lutte antiterroriste. Un article paru
après l'attentat de Tunis, le 24 novembre, a valu des ennuis au
rédacteur en chef arabophone Walid Mejri. La brigade anticriminelle de
la garde nationale le convoque comme « témoin » à la suite d'un de ses
articles consacré à la sécurité chancelante à l'aéroport de
Tunis-Carthage. Inkyfada s'affirme, sans modèle fondé sur la publicité,
comme un organe de presse indépendant. Sana Sbouai en est la rédactrice
en chef de la partie francophone du site. Et cofondatrice d'Inkyfada.
Shams, première association de défense des minorités sexuelles
Dans un pays qui rejette massivement l'homosexualité, 94 % des
Tunisiens, selon une étude américaine, la naissance d'une association
dédiée aux minorités sexuelles n'a pas fait l'unanimité. Une solide dose
de conservatisme et une part de tartufferie ont suffi à menacer les
fondateurs de cette organisation. L'un d'entre eux a trouvé refuge en
France à la suite de menaces de mort. Depuis le mois de septembre, on
assiste à une recrudescence des condamnations d'homosexuels en Tunisie. À
Kairouan, six jeunes seront condamnés pour « sodomie » - ce qu'autorise
l'article 230 du Code pénal - avec trois ans de prison ferme assortis
de cinq années de « bannissement » du gouvernorat de Kairouan. Une
décision fondée sur un texte qui date de 1913. Avec courage, ces jeunes
militants et militantes veulent changer les mentalités par la pédagogie.
Et ne veulent pas être un ghetto. Sans l'appui des hétérosexuels, Shams
ne pourra pas réussir son objectif : que la vie privée soit respectée.
(05-01-2016 - Benoît Delmas)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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