Une organisation humanitaire syrienne a dénoncé mercredi les incessants
bombardements sur les hôpitaux et leurs "conséquences désastreuses" sur
les populations en Syrie, où 177 hôpitaux ont été détruits et près de
700 membres du personnel de santé tués depuis le début de la guerre en
2011.
"Depuis 2012, les infrastructures sanitaires sont sans cesse ciblées par
les bombardements", a déclaré Oubaïda al-Moufti, président de l'Union
des organisations de secours et de soins médicaux (UOSSM).
Rassemblant des médecins de la diaspora syrienne, l'UOSSM opère dans les
zones tenues par l'opposition armée, où elle intervient en soutien au
personnel médical local, en première ligne dans la guerre.
"Entre août 2012 et décembre 2015, 330 structures sanitaires, dont 177
hôpitaux, ont été détruites par des attaques armées. Pour la seule année
2015, on dénombre 112 attaques ciblées", a expliqué M. al-Moufti, au
cours d'une conférence à Paris de l'UOSSM consacrée à la "protection des
hôpitaux et du personnel médical en Syrie".
Sur "cette même période, 697 médecins, pharmaciens, dentistes,
infirmiers, aides-soignants et autres membres du personnel de santé ont
perdu la vie dans ces attaques ciblées".
"Depuis le début des frappes russes il y a quatre mois (en soutien au
régime de Bashar al-Assad), ce sont 29 hôpitaux qui ont été détruits, et
20 membres du personnel médical qui ont été tués", a-t-il souligné.
"La situation est insupportable, invivable dans ces zones" du fait des
bombardements. Ces "agressions sont commises en totale violation du
droit humanitaire et des conventions internationales", a-t-il estimé.
"Nous assistons à une dégradation continue de la situation", avec des
"conséquences désastreuses", un départ massif de médecins et un accès de
plus en plus limité voire inexistant aux soins.
Depuis septembre, "les bombardements ont augmenté en intensité et en
précision", a témoigné Monzer Khalil, médecin arrivé du gouvernorat
d'Idleb (nord-ouest).
"Alors qu'auparavant les hôpitaux étaient généralement partiellement
touchés, ils sont désormais détruits en totalité dans ces frappes",
a-t-il expliqué, faisant clairement allusion aux frappes russes.
La guerre en Syrie a fait quelque 250.000 morts. Selon l'Observatoire
syrien des droits de l'homme (OSDH), plus de mille civils ont péri dans
les raids russes depuis le début, le 30 septembre, de l'intervention de
la Russie en Syrie.
"90% des attaques sur les hôpitaux sont le fait de l'armée syrienne et
de ses alliés", ceci dans une "impunité totale", a rappelé la présidente
Amnesty France, Geneviève Garrigos, tandis que le président de Médecin
sans frontière (MSF), Mego Terzian, a fustigé une "stratégie délibérée".
"Nous sommes confrontés à la plus grande catastrophe humanitaire depuis
la seconde guerre mondiale. Et il n'y a malheureusement pas de
mobilisation à la hauteur de cette stratégie", a renchéri le professeur
Raphael Pitti, en charge de la formation pour l'UOSSM.
"Près de 60% des infrastructures hospitalières sont aujourd'hui
détruites, avec une fuite massive des personnels soignants, et tout ce
que cela implique de dramatique pour les populations", a observé M.
Pitti.
"250.000 morts, 200.000 prisonniers ou disparus, 600.000 blessés, 7,6
millions de déplacés, 4 millions de réfugiés...", a-t-il énuméré
"C'est un peuple qu'on assassine. (...) Et qu'avons nous fait depuis
cinq ans? Même pas un corridor humanitaire n'a été créé", a-t-il
fustigé, pointant en particulier les bombardements russes.
"Aujourd'hui, nous avons une obligation d'ingérence", a lancé M. Pitti,
qui a appelé à la mise en place d'une no-fly zone (zone d'exclusion
aérienne) sur une bande de 10km le long de la frontière turque.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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