Le parlement libyen reconnu par la communauté internationale se réunit
lundi pour voter la confiance au gouvernement d'union, premier pas prévu
dans l'accord parrainé par l'ONU pour mettre fin au chaos régnant dans
le pays.
De nombreux parlementaires ont exprimé leur optimisme ces derniers jours mais l'issue du vote reste très incertaine.
Il se heurte à deux défis importants: l'obtention du quorum et
l'entérinement de l'accord politique signé en décembre sous l'égide de
l'ONU mais contesté par de nombreux responsables.
Depuis plusieurs jours, "des députés affluent vers Tobrouk", ville de
l'est où siège le parlement de 176 membres reconnu depuis plus d'un an
et demi, "et je suis sûr que nous allons atteindre le quorum", a déclaré
à l'AFP le parlementaire Fahmi Touati.
Il faut qu'ils soient au moins 89, soit plus que la moitié, pour que
puisse s'ouvrir la séance, a indiqué un responsable du parlement. Mais
l'approbation de l'accord politique et le vote de confiance requièrent
la majorité des deux tiers plus un, soit 119 députés.
"La grande difficulté sera de faire accepter l'accord" conclu, après des
mois de discussions, le 17 décembre à Skhirat (Maroc), indique M.
Touati. "Une soixantaine de députés sont susceptibles de s'y opposer
mais nous continuons à dialoguer avec eux".
Le président du parlement, Aguila Saleh, a publiquement critiqué cet
accord, tout comme le controversé général Khalifa Haftar, commandant des
forces loyales au pouvoir reconnu.
Il est également contesté au sein des autorités rivales, celles du
Congrès général national (CGN), le parlement non reconnu par la
communauté internationale, installé depuis un an et demi à Tripoli. Son
président, Nouri Abou Sahmein, a pris position contre lui.
Selon M. Touati, les critiques des députés de Tobrouk se focalisent sur
un article qui veut que tous les postes éminents des institutions
militaires et sécuritaires soient approuvés par lui, ce qui pose un
risque pour le général Haftar, qui perdrait ainsi son poste et pourrait
ne pas retrouver ses fonctions.
Trois gouvernements
Il existe aujourd'hui de facto trois autorités en Libye, et donc trois
sceaux différents sur les communiqués publiés par les différentes
autorités: "Gouvernement libyen provisoire", "Gouvernement de salut
national" et "Gouvernement d'union nationale".
Ce troisième gouvernement, formé le 19 janvier, se résume pour l'instant
à un 'conseil présidentiel' qui travaille depuis Tunis. Il est dirigé
par l'homme d'affaires tripolitain Fayez el-Sarraj et compte 32
ministres, censés représenter les différentes régions et parties de ce
pays éclaté.
Ce gouvernement d'union est censé siéger dans la capitale Tripoli. Mais
cela semble bien improbable tant que le CGN et son 'gouvernement de
salut national' contestent son existence, appuyés par Fajr Libya, une
coalition de milices dont certaines islamistes.
S'il est approuvé lundi par le parlement de Tobrouk, ses seules
alternatives seraient de succéder au gouvernement provisoire d'Abdallah
el-Theni à Baïda, une ville de l'est proche de Benghazi, ou l'exil.
Les tentatives pour apaiser les rivalités libyennes et stabiliser ce
pays riche en pétrole ont jusqu'à présent échoué. Mais la communauté
internationale a accru ses pressions ces derniers mois, très inquiète de
la montée en puissance de l'organisation Etat islamique (EI) et de
l'afflux de migrants rejoignant l'Europe depuis les côtes libyennes.
L'EI tente depuis plusieurs semaines une percée vers l'est depuis son
bastion de Syrte, à 450 km à l'est de Tripoli, pour atteindre la zone du
"Croissant pétrolier" où sont situés les principaux terminaux
pétroliers. Le groupe jihadiste compterait environ 3.000 combattants en
Libye selon Paris.
Le Premier ministre désigné Fayez el-Sarraj était attendu lundi à Alger
pour discuter de l'évolution de la situation dans son pays, qui
préoccupe beaucoup ses voisins comme l'Egypte et la Tunisie.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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