Les pourparlers de paix sur la Syrie s'ouvrent vendredi à Genève en
l'absence de l'opposition syrienne réunie à Ryad, qui refuse d'y
participer si ses conditions ne sont pas satisfaites, malgré les
exhortations de l'ONU et des Etats-Unis.
Réuni dans la capitale saoudienne, l'essentiel des groupes de
l'opposition a posé jeudi des conditions préalables avant toute
participation à cette nouvelle session de pourparlers indirects sous
l'égide de l'ONU.
"Demain, nous ne serons pas à Genève. Nous pourrions nous y rendre
(ultérieurement), mais nous n'entrerons pas dans la salle des
négociations si nos demandes humanitaires ne sont pas satisfaites", a
déclaré Riad Hijab, le coordinateur du Haut comité des négociations
(HCN), sur la chaîne de télévision Al-Arabiya.
"L'opposition est disposée à se rendre à Genève si des mesures sont
prises" pour un arrêt des bombardements des zones civiles et un accès
aux localités assiégées, a précisé M. Hijab, rappelant que ces mesures
sont prévues par la résolution 2254 du Conseil de sécurité de l'ONU.
Peu auparavant, l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, a
lancé dans message vidéo un vibrant appel au peuple syrien.
"Maintenant, on a besoin de vous entendre interpeller les délégations à
la conférence et leur dire qu'ils ne peuvent pas manquer cette
occasion", a déclaré l'émissaire.
"Vous avez vu suffisamment de conférences. Celle-ci ne peut pas
échouer", a lancé M. de Mistura, en référence à de précédentes réunions
organisées depuis le début du conflit en mars 2011 et qui ont toutes
échoué.
Après l'annonce du refus des groupes réunis à Ryad, les Etats-Unis, tout
en qualifiant de "légitimes" leurs demandes dans le domaine
humanitaire, les ont exhortés à se rendre quand même à la table des
négociations.
"Il s'agit d'une opportunité vraiment historique pour eux d'aller à
Genève pour proposer des moyens sérieux, pratiques d'instaurer un
cessez-le-feu et d'autres mesures pour créer de la confiance", a déclaré
le porte-parole du département d'Etat américain, Mark Toner. "Et nous
continuons de penser qu'ils devraient la saisir sans conditions
préalables", a-t-il dit.
A Genève, la porte-parole des Nations unies pour les pourparlers, Khawla
Matar, a affirmé plus tôt que l'ONU maintenait à vendredi le lancement
des discussions.
La communauté internationale compte sur les pourparlers de Genève pour
trouver une solution politique à un conflit qui a fait depuis 2011 plus
de 260.000 morts et déplacé des millions de personnes. Elle y voit aussi
un moyen de concentrer les forces sur la lutte contre l'organisation
jihadiste Etat islamique (EI), qui contrôle de vastes territoires en
Syrie et en Irak.
Selon une source proche du gouvernement syrien, la délégation de Damas
arrivera, elle, vendredi à Genève et rencontrera M. de Mistura.
Marge de manoeuvre réduite -
Pour Agnès Levallois, spécialiste du Moyen-Orient, l'opposition est
embarrassée "car sa marge de manoeuvre s'est réduite" en raison
notamment des récentes victoires du pouvoir sur le terrain avec l'aide
de la Russie, qui mène depuis le 30 septembre 2015 en Syrie des frappes
aériennes contre les groupes rebelles, "confortant de plus en plus" le
pouvoir de Bashar al-Assad.
Le HCN insiste de plus pour être le seul représentant de l'opposition
aux pourparlers et a réclamé à M. de Mistura des précisions sur "la
nature des invitations" adressées à des opposants ne faisant pas partie
de cette instance.
Parmi eux figure Haytham Manna, coprésident du Conseil démocratique
syrien (CDS), une alliance d'opposants kurdes et arabes, qui est déjà à
Genève selon une journaliste de l'AFP.
Or la participation des Kurdes, en pointe dans la lutte contre l'EI, est
un des points de désaccord entre l'opposition et les pays étrangers
impliqués dans le conflit, comme la Turquie, qui s'y oppose.
La résolution 2254, sur laquelle se baseront les pourparlers, prévoit un
cessez-le-feu, un gouvernement de transition dans les six mois et des
élections dans les 18 mois. L'opposition exige le départ de Bashar au
début de la période de transition.
D'autre part, la Russie a proposé jeudi une réunion le 11 février à
Munich, en Allemagne, du Groupe international de soutien à la Syrie (17
pays, dont la Russie, les Etats-Unis, l'Arabie Saoudite et l'Iran).
Le ministre syrien de la Défense Fahd el-Freij a discuté jeudi à Moscou
avec son homologue russe Sergueï Choïgou du développement des relations
militaires entre les deux pays.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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