Cinq ans après avoir été chassé du pouvoir, l'ex-président
tunisien Zine el-Abidine Ben Ali, condamné à la prison à vie dans
son pays, vit en exil en toute discrétion en Arabie Saoudite. Le
14 janvier 2011, après un mois de manifestations violemment
réprimées, le dictateur embarque à destination de Jeddah, sur les
rives de la mer Rouge. Il est accompagné de sa seconde épouse
Leila Trabelsi - l'une des personnalités les plus honnies de
Tunisie -, leur fille Halima et leur fils Mohamed Zine el-Abidine.
Leur fille Nesrine part quant à elle avec son époux, l'homme
d'affaires Sakher El Materi, au Qatar avant d'aller s'installer en
exil aux Seychelles.
Du refuge saoudien de Zine el-Abidine Ben Ali, presque rien ne
filtre. Si l'ancien général de 79 ans, auteur d'un « coup d'État
médical » contre Habib Bourguiba en 1987, continue de réagir
régulièrement à des informations de presse le concernant par le
biais de communiqués de son avocat libanais, ce qu'il fait de ses
journées, ses moyens de subsistance et ses projets sont inconnus.
« Le président Ben Ali ne souhaite pas (...) fournir de détails »
sur sa vie à Jeddah, a indiqué à l'AFP Me Akram Azoury.
En 2011, dans un texte rendu public par un avocat, l'ex-président
avait donné pour la première fois sa version de son départ. Il
avait affirmé avoir été victime d'un stratagème mis au point par
le responsable de sa sécurité, le général Ali Seriati. Celui-ci,
évoquant la menace d'un assassinat, l'aurait poussé à aller mettre
sa famille à l'abri, selon cette version, puis aurait empêché son
retour en Tunisie. Zine el-Abidine Ben Ali soutenait aussi n'avoir
jamais donné « l'ordre de tirer à balles réelles sur les
manifestants ». Selon un bilan officiel, 338 personnes ont été
tuées dans la répression du soulèvement.
Répression, corruption
Rares aperçus de sa vie actuelle, quelques clichés publiés par ses
enfants sur Instagram. En août 2013 apparaît une photo de lui en
pyjama rayé sur un compte depuis supprimé. Un an plus tôt, Leila
Trabelsi avait publié un livre, Ma vérité, dans lequel elle
rejetait les accusations de corruption et de dérive dictatoriale
du régime déchu.
Pour la première fois depuis leur fuite, une photo de Ben Ali, les
cheveux toujours teints d'un noir de jais, souriant à côté de sa
femme portant le voile, était alors apparue, démentant les rumeurs
de divorce. Dans une interview à un quotidien français via Skype,
Leila Trabelsi avait aussi nié que son mari soit atteint d'une
maladie grave et dans le coma.
L'ancien couple présidentiel a été condamné par contumace dès juin
2011 à 35 ans de prison pour des malversations. Ben Ali a par la
suite écopé à deux reprises d'une peine de prison à vie pour la
répression des manifestations. Ensemble ou séparément, le couple a
été condamné dans plusieurs autres affaires liées à la corruption.
Face aux difficultés actuelles de la Tunisie, une nostalgie de
l'ère Ben Ali s'est répandue dans une frange de la société.
L'ex-dictateur reste toutefois largement discrédité, et son
portrait a été piétiné jeudi à Tunis pendant les célébrations du
cinquième anniversaire de sa chute.
Empire démantelé
Le reste du clan Ben Ali connaît des fortunes diverses. Ghazoua,
Dorsaf et Cyrine, les trois filles que Zine el-Abidine Ben Ali a
eues de son premier mariage avec la fille d'un général, vivent
toujours en Tunisie. Dorsaf est « malade », selon son époux Slim
Chiboub, un homme d'affaires qui a regagné le pays fin 2014 après
un long séjour aux émirats. Slim Chiboub avait alors été incarcéré
pour « trafic d'influence ». Il a été libéré mardi après avoir
accompli la période maximale de détention préventive (14 mois),
mais reste poursuivi dans d'autres affaires.
Un frère de Leila, Belhassen Trabelsi, richissime homme d'affaires
considéré comme le chef du clan ayant mis l'économie en coupe
réglée, encourt l'expulsion du Canada, où sa demande d'asile a été
refusée l'an dernier. Imed Trabelsi, un neveu de l'épouse de Ben
Ali, est emprisonné en Tunisie.
L'empire économique, qui s'étendait de la grande distribution à
l'immobilier en passant par la téléphonie, les médias ou
l'automobile, a été démantelé. Une partie a été privatisée, mais
des pans entiers restent sous contrôle d'administrateurs
judiciaires nommés par l'État. Aucun programme d'ampleur pour ces
actifs n'a été décidé.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire