Putschiste ou héros de la lutte antiterroriste? Le général Khalifa
Haftar suscite admiration ou rejet en Libye où certains le considèrent
comme un obstacle majeur au processus parrainé par l'ONU pour sortir le
pays de la crise.
Cheveux blancs contrastant avec ses sourcils noirs et sa fine moustache,
M. Haftar, 73 ans, se présente comme un "sauveur" de la Libye face aux
groupes islamistes qui y sèment le chaos. Mais ses rivaux l'accusent
surtout de fomenter des coups d'Etat.
Le chef proclamé de l'armée nationale libyenne (ANL) est au centre des
débats qui se tiennent depuis lundi au Parlement reconnu par la
communauté internationale.
Une majorité des députés exigent le retrait d'une disposition de
l'accord conclu en décembre sous l'égide de l'ONU qui risque de faire
perdre au général son poste à la tête d'une armée unifiée.
M. Haftar a progressivement pris de l'importance depuis le début de la
révolte contre le régime de Kadhafi en 2011 à laquelle il a pris part.
Il commande depuis plusieurs mois une opération militaire contre des
groupes qu'il a qualifiés de "terroristes" à Benghazi (est) en 2014,
considérée comme le fief de nombreuses milices islamistes lourdement
armées.
Ces affrontements ont fait au moins 1.960 morts depuis son lancement en 2014, selon le site indépendant Libya Body Count.
- Long exil -
Sorti des rangs de l'académie militaire de Benghazi et formé dans
l'ancienne Union soviétique, l'ex-général adhère au coup d'Etat
militaire de 1969 qui a renversé la monarchie des Senoussi et mené
Muammar Kadhafi au pouvoir.
Il participe à la guerre libyo-tchadienne (1978-1987) à la tête d'une
unité mais est fait prisonnier par les forces tchadiennes. Il est alors
lâché par Mouammar Kadhafi, qui affirme que le général ne fait pas
partie de son armée.
Les Américains parviennent à le libérer, une opération qui reste
aujourd'hui encore une énigme, et lui accordent l'asile politique aux
Etats-Unis, où il rejoint le mouvement de l'opposition libyenne à
l'étranger.
Après plus de vingt ans d'exil, M. Haftar rentre à Benghazi en mars 2011 peu après le déclenchement de la révolte antirégime.
Peu après la chute de Kadhafi, en octobre 2011, environ 150 officiers et
sous-officiers le proclament chef d'état-major, une nomination qui n'a
toutefois jamais été officialisée.
En mai 2014, il lance une nouvelle opération, baptisée "Dignité", mais
sans obtenir de succès probant sur le terrain. En octobre, fort
désormais du soutien du Parlement et du gouvernement reconnus par la
communauté internationale, il annonce une contre-offensive pour
reprendre Benghazi.
M. Haftar a assuré samedi à la télévision que "la libération" de
Benghazi était "imminente", que la ville était "désormais sécurisée" et
que "la prochaine guerre sera à Syrte" contre le groupe jihadiste Etat
islamique.
Tactique politique ou pas, cette rare intervention d'un militaire peu
loquace devant les médias, a précédé de quelques jours le vote attendu
au Parlement sur l'accord politique signé en décembre entre des
représentants des deux pouvoirs rivaux.
M. Haftar a été accusé de "corruption" par l'un de ses plus proches
collaborateurs, Mohamad al-Hijazi, qui a récemment fait défection, selon
les médias libyens.
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