La Cour suprême
israélienne a décidé mercredi le maintien en détention du journaliste
palestinien Mohammad al-Qiq, malgré la détérioration de son état après
63 jours de grève de la faim.
La plus haute instance judiciaire israélienne, saisie par l'avocat du
prisonnier, a indiqué qu'elle suivrait l'évolution de son état au jour
le jour et statuerait sur une éventuelle remise en liberté en fonction
de cet état.
M. Qiq, 33 ans, reporter de la chaîne saoudienne Al-Majd, a été arrêté
le 21 novembre chez lui en Cisjordanie occupée. Il a été placé
mi-décembre en détention administrative, régime extrajudiciaire qui
permet la détention sans inculpation ni procès pour des périodes de six
mois renouvelables indéfiniment.
Il a cessé de s'alimenter le 25 novembre. Il dénonce les mauvais
traitements qu'il dit avoir subis, ainsi que son placement en détention
administrative.
Il est susceptible de mourir à tout moment, dit son avocat. Il a été
transféré le 30 décembre à l'hôpital d'Afoula (nord d'Israël).
Le Shin Beth, la sécurité intérieure israélienne, l'accuse d'être un
membre actif du Hamas, considérée
comme terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne.
M. Qiq, déjà emprisonné auparavant et condamné en 2008 à 16 mois de
prison pour appartenance à un organisme affilié au Hamas, dit ne se
livrer qu'au journalisme.
La cour a estimé que, "tant qu'il est conscient, tant qu'il est en
mesure de s'opposer si on le soigne ou si on le nourrit de force, les
juges n'interviendront pas", a dit son avocat Jawal Boulos aux
journalistes.
"Les docteurs disent qu'il est dans un état très dangereux et qu'il
commence à ne plus pouvoir parler. Tous ses membres lui font mal et il
se sent constamment engourdi", a-t-il dit.
Tout peut se produire à partir de 50 jours de grève de la faim et le
risque d'un décès croît chaque jour, selon les spécialistes qui
affirment qu'un être humain ne peut survivre au-delà de 60 à 70 jours en
n'absorbant que de l'eau.
Plus de 680 Palestiniens sont en détention administrative, sur un total
d'environ 6.800 détenus dans les prisons israéliennes, a indiqué à l'AFP
l'ONG palestinienne Addameer, qui défend les prisonniers.
Le précédent Allan
Le nombre de ces détentions a considérablement augmenté ces derniers
mois avec les arrestations opérées par les forces israéliennes face à
une nouvelle vague de violences.
La détention administrative est controversée non seulement chez les
Palestiniens, pour lesquels elle est une manifestation supplémentaire de
l'arbitraire sous l'occupation, mais aussi chez les défenseurs des
droits de l'Homme et dans la communauté internationale.
L'Union européenne a de nouveau exprimé mercredi, avant l'audience de la
Cour suprême, "son inquiétude sur le recours étendu de la part d'Israël
à la détention administrative".
Les missions européennes à Jérusalem et Ramallah "sont particulièrement inquiètes" quant à la santé de M. Qiq, ont-elles dit.
Pour Israël, la détention administrative, héritée du mandat britannique
sur la Palestine, est un outil essentiel pour empêcher des attentats
tout en permettant de garder secrètes des informations sensibles puisque
ce régime autorise les autorités à ne révéler aucun renseignement sur
le dossier.
C'est la deuxième fois en moins d'un an qu'Israël est confronté à un cas semblable.
En 2015, Mohammad Allan, présenté par le Jihad islamique comme l'un des
siens et détenu lui aussi sous le régime de la détention administrative,
avait observé une grève de la faim d'environ 60 jours. Les autorités
israéliennes avaient alors été prises entre le souci de ne pas céder aux
pressions des prisonniers et le risque d'un accès de violences
palestiniennes s'il mourait.
L'affaire avait été compliquée par l'adoption d'une nouvelle loi
israélienne votée en juillet 2015 précisément pour faire face à de
telles situations et permettant de nourrir de force un prisonnier. Une
telle pratique se heurte aux vives résistances des médecins,
indispensables a priori pour la mettre en oeuvre.
Ayant frôlé la mort en grève de la faim, Mohammad Allan avait finalement été libéré par Israël le 5 novembre 2015.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire