Le médiateur de l'ONU en Syrie Staffan de Mistura est en route pour Ryad
puis se rendra à Téhéran, a annoncé lundi l'ONU, en plein regain de
tension dans les relations entre ces deux protagonistes majeurs du
conflit syrien.
M. de Mistura "est en route pour Ryad", a précisé le porte-parole de
l'ONU Stéphane Dujarric. Il doit se rendre ensuite à Téhéran "dans le
courant de la semaine".
M. de Mistura "estime que la crise dans les relations entre l'Arabie
saoudite et l'Iran est très préoccupante" et qu'elle risque de provoquer
"une série de conséquences néfastes dans la région".
L'émissaire onusien va "évaluer l'impact" de cette crise sur le
processus de règlement du conflit syrien entamé par les grandes
puissances à la fin de l'an dernier à Vienne, a précisé M. Dujarric.
L'Iran est avec la Russie le plus fidèle allié du régime de Bachar
al-Assad tandis que l'Arabie Saoudite soutient l'opposition armée
syrienne et réclame le départ du pouvoir du président syrien.
A la suite de deux conférences internationales à Vienne en octobre et
novembre, auxquelles ont participé Ryad et Téhéran, l'ONU espère pouvoir
réunir à partir du 25 janvier à Genève des représentants du
gouvernement et de l'opposition pour des pourparlers de paix.
Selon M. Dujarric, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a appelé
lundi le ministre des Affaires étrangères saoudien Adel al-Jubeir pour
lui faire part de sa "profonde préoccupation" devant la rupture des
relations avec l'Iran.
L'Arabie saoudite et ses alliés ont rompu ou réduit leurs relations
diplomatiques avec l'Iran après une crise déclenchée par l'exécution par
Ryad d'un dignitaire chiite opposant au régime saoudien, Nimr el-Nimr.
Il a aussi "demandé instamment à l'Arabie Saoudite de renouveler son
engagement à un cessez-le-feu" au Yémen. Ryad avait annoncé samedi la
fin de cette trêve.
Des procès équitables
L'émissaire de l'ONU pour le Yémen Ismaïl Ould Cheikh Ahmed doit visiter
Ryad mercredi pour tenter de faire cesser de nouveau les hostilités.
La guerre civile au Yémen oppose des rebelles chiites soutenus par
l'Iran au gouvernement yéménite, appuyé par une coalition militaire
menée par Ryad.
M. Ban avait aussi appelé dimanche le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
M. Ban a demandé aux deux ministres "d'éviter toute action qui pourrait
exacerber les tensions entre les deux pays et dans la région", a indiqué
M. Dujarric. "Il a souligné l'importance pour les deux pays de
poursuivre un dialogue constructif, dans l'intérêt de la région et
au-delà", a-t-il ajouté.
Dans une lettre adressée lundi au Conseil de sécurité, la mission
iranienne à l'ONU a exprimé les "regrets" de Téhéran après le saccage
des missions diplomatiques saoudiennes à Téhéran et Machhad (nord-est)
par des manifestants.
L'Iran "n'épargnera aucun effort pour arrêter et poursuivre en justice"
les responsables de ces incidents, que le président iranien Hassan
Rohani avait qualifiés dimanche d'"injustifiables".
Téhéran "va prendre les mesures nécessaires pour que de tels incidents ne se reproduisent pas", ajoute la lettre.
De son côté, la mission saoudienne à l'ONU a répliqué aux critiques de
M. Ban sur les procès ayant mené aux exécutions qui ont déclenché la
crise avec l'Iran.
Dans une déclaration, la mission a "réaffirmé que toutes les personnes
condamnées ont eu droit à des procès équitables et justes". Les verdicts
n'ont pas tenu compte de leur appartenance "intellectuelle, raciale ou
confessionnelle" mais seulement de "leurs actions criminelles et
illégales", ajoute le texte.
Dans une première réaction dimanche, M. Ban s'était dit "consterné" par
les 47 exécutions et avait mis en doute le caractère équitable des
procès.
Selon des diplomates, les 15 pays membres du Conseil discutaient lundi
soir de la possibilité de publier une déclaration sur la crise
irano-saoudienne.
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