Un concert est donné dans le théâtre antique de Palmyre en Syrie pour célébrer la journée des Martyrs, le 6 mai 2016 (Afp)
Musique militaire, chants patriotiques, floraison de drapeaux, les
autorités syriennes ont célébré vendredi le centenaire de la journée des
Martyrs dans le théâtre antique de Palmyre, où il y a peu les
jihadistes exécutaient leurs prisonniers.
Alors que le pays connait depuis cinq ans une guerre civile qui a fait
plus de 170.000 morts, le régime a voulu donner un lustre particulier en
illuminant la cité antique, six semaines après que l'armée, épaulée par
les militaires russes, eut chassé les combattants ultra-radicaux de Daesh.
"Nous sommes ici pour saluer ceux qui sont morts pour sauver la patrie
et nous saluons les martyrs de la Syrie et parmi eux les héros qui sont
morts précisément sur ce théâtre", a affirmé le présentateur avant de
laisser la place à l'orchestre de la police et de l'armée qui a entamé
l'hymne aux morts.
Le 25 juillet 2015, Daesh avait diffusé une vidéo de l'exécution de 25
soldats dans ce théâtre et l'un des murs porte encore les empreintes des
balles.
Pour montrer le rôle primordial joué par leur pays, indéfectible allié
du régime, dans la reconquête de la ville, une vingtaine de soldats
russes sont montés sur scène en agitant des drapeaux russes et syriens,
avant le début de la représentation.
La veille, dans cet endroit mythique, le chef d'orchestre russe Valéri Guerguiev avait dirigé un concert symphonique.
Interprété par l'Orchestre symphonique du théâtre Mariinski de
Saint-Pétersbourg, le concert intitulé "Prière pour Palmyre, la musique
redonne vie aux anciens murs", s'était déroulé devant 400 spectateurs
dont de nombreux soldats russes.
Vendredi, les autorités avaient fait venir en bus dans cette ville en
plein désert, des délégations de toutes les régions de Syrie sous
contrôle gouvernemental et distribué au public à l'entrée du théâtre des
drapeaux syriens.
"J'ai toujours rêvé de revoir Palmyre. Nous sommes venus pour faire
revivre à nouveau Palmyre maintenant que la sécurité est rétablie et
j'espère assister bientôt à un concert dans la citadelle, qui est
aujourd'hui bien fatiguée", a affirmé à l'AFP Zoulfiqar Hassan, un
dentiste de la cité balnéaire de Lattaquié.
Ce monument islamique construit par les Mamelouks au 13ème siècle sur la
colline surplombant la site antique, a pris ensuite le nom de
Fakhredine, du nom de l'émir druze qui contrôla la cité au 16ème siècle.
Le château ainsi que le site antique de Palmyre sont classés au patrimoine mondial de l'Humanité.
May Aref, directrice d'une école, 35 ans, venue de Damas espère que "ce
concert marquera pour Palmyre le retour à sa splendeur d'antan et que ce
qui s'est passé n'était qu'un nuage passager".
La Chorale de joie a interprété des chansons patriotiques de Fayrouz.
Mais alors que la diva libanaise chante "mon père est parti avec
l'armée, il a tenu un fusil (...) il a combattu et gagné à Anjar", une
localité libanaise, les chanteurs l'ont remplacé par Palmyre.
Entre chaque morceau, le public scandait "Syrie" et "les fils des
martyrs protègent le chef de la nation", allusion à Bashar
al-Assad.
Six semaines après leur départ, Palmyre porte encore les irrémédiables
outrages de la présence durant dix mois des jihadistes avec la
destruction à l'explosif de monuments antiques comme l'illustre temple
de Bêl ou celui de Baalshamin ainsi que l'arc de triomphe et le musée.
Elle garde aussi les stigmates des combats pour la reconquête de la
ville avec les immeubles sans façades, les chaussées défoncées, où les
jihadistes avaient caché des mines artisanales que soldats russes et
syriens ont dû faire sauter.
Mais la guerre n'est pas loin. Daesh se trouve à une trentaine de km et
n'a pas rendu ses armes. Il y quelques jours, les jihadistes se sont
emparés du champ gazier de Chaer, tout proche.
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