Le Premier ministre Benjamin Netanyahu a engagé mercredi des
négociations avec Avigdor Lieberman, l'une des figures les plus
belliqueuses de la droite israélienne, pour élargir son gouvernement,
semblant tourner le dos à une vision travailliste plus conciliante du
conflit israélo-palestinien.
Elargir sa coalition gouvernementale est un objectif publiquement énoncé
par Netanyahu depuis que sa victoire inattendue aux législatives de
mars 2015 lui a permis de former son quatrième gouvernement. Mais elles
lui ont conféré la plus ténue des majorités parlementaires (une voix)
qui fait de lui l'otage de ses alliés.
Après des mois de menées plus ou moins discrètes, l'effort s'est
brutalement intensifié. Netanyahu a rencontré mercredi après-midi Lieberman, ancien ministre des Affaires étrangères et chef de file
populiste du parti de la droite dure Israël Beiteinou.
Les entretiens se sont déroulés "dans une bonne atmosphère et il a été
décidé de former des équipes de négociations", a indiqué dans un
communiqué le Likoud, parti de droite de Netanyahu.
Netanyahu avait une autre option, radicalement antagoniste: le parti
travailliste dirigé par Isaac Herzog. Après des semaines de théâtre
d'ombres, Herzog, durement contesté par les siens au point d'être
accusé de trahison, avait lancé mercredi un ultimatum à Netanyahu.
Ce dernier avait un "choix historique" à faire entre "la guerre et (les)
funérailles" avec Lieberman et le parti Foyer juif déjà au
gouvernement, ou "l'espérance pour tous les citoyens d'Israël", avait
dit Herzog devant la presse.
En soirée, le leader travailliste a accusé "des éléments extrémistes
gauchistes violents" au sein de son propre parti d'entraver ses
discussions avec Netanyahu et ainsi de faire le lit de l'arrivée de Lieberman au gouvernement, qui sera un "cauchemar" pour la coalition.
En préférant formaliser les contacts avec Lieberman, Netanyahu
prête le flanc au soupçon que ses discussions avec M. Herzog n'auraient
servi qu'à faire pression sur le chef du parti de la droite dure.
Les manoeuvres pourraient avorter. Mais la presse en ligne a rapporté
que Netanyahu avait offert à M. Lieberman le portefeuille de la
Défense, ce qui satisferait une exigence primordiale de celui-ci.
La communauté internationale s'intéresse de près au choix que Netanyahu ferait entre une ouverture à gauche ou la droitisation d'un
gouvernement qui est déjà l'un des plus à droite de l'histoire d'Israël.
Alors que l'effort de paix est moribond, le portefeuille des Affaires
étrangères était communément attribué à Herzog dans les hypothèses
d'un gouvernement d'union nationale.
Herzog défend la création d'un Etat palestinien indépendant qui
coexisterait en paix avec Israël Plusieurs fois ministre, il est aussi
diplomate que Netanyahu peut être abrupt.
Il est l'antithèse de Lieberman, rival de Netanyahu dont il fut le
ministre des Affaires étrangères, connu pour ses déclarations à
l'emporte-pièce.
Avigdor Lieberman a proposé en 2015 de "couper à la hache la tête" des Arabes israéliens qui ne seraient pas loyaux à Israël.
Il était la bête noire des Européens quand il était chef de la
diplomatie (2009-2012, puis 2013-2015), même s'il avait été mis à
l'écart des négociations avec les Palestiniens. Il prône l'échange de
territoires, populations comprises, entre Israéliens et Palestiniens.
Au moment où les différentes parties faisaient monter les enchères, Lieberman déclarait récemment que le gouvernement Netanyahu "ne combat
pas le terrorisme, mais se contente de le contenir. Il ne construit pas à
Jérusalem ou dans les blocs de colonies de Judée-Samarie", nom
israélien donné à la Cisjordanie occupée, rapportait la presse.
La poursuite de la colonisation --la construction d'habitations civiles
sur des territoires occupés par Israël-- est illégale aux yeux de la
communauté internationale qui y voit un obstacle majeur à la paix.
Lieberman demanderait aussi, pour accepter de rejoindre le
gouvernement, la peine de mort pour les auteurs d'attentats
anti-israéliens. Il est partisan des assassinats ciblés et d'un
renversement du Hamas, le mouvement islamiste qui dirige la bande de
Gaza.
S'il prenait le portefeuille de la Défense, il remplacerait Moshé Yaalon
qui s'était récemment exprimé publiquement contre un usage excessif de
la force envers les Palestiniens, ou avait poussé aux sanctions contre
un soldat accusé d'avoir achevé un assaillant palestinien qui ne
semblait plus poser de danger.
Lieberman avait lui manifesté son soutien au soldat.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire