Heurts entre les forces gouvernementales et des militants chiites à Al-Karsh au Yémen, le 13 mai 2016
Un nouvel attentat suicide commis par Daesh a fait 31 morts et 62 blessés parmi des recrues de la police au Yémen ce dimanche. L'attaque a eu lieu dans une région du sud-est du pays qui était encore la chasse gardée d'Al-Qaïda dernièrement. Alors qu'il a échappé à cet attentat, le chef de la police de la province du Hadramout, le général Moubarak al-Oubthani, a été légèrement blessé dans un deuxième attentat à l'explosif devant son bureau où six de ses gardes du corps ont trouvé la mort, selon une source de la sécurité.
Le général Oubthani a survécu tôt dimanche matin à une première attaque, lorsqu'un kamikaze a actionné sa ceinture d'explosifs parmi des dizaines de jeunes rassemblés dans un centre de recrutement de la police à Fuwah, dans la banlieue sud-ouest de Moukalla, chef-lieu du Hadramout, a indiqué un responsable provincial à l'Agence France-Presse. Au total, 31 recrues ont été tuées et 62 blessées dans cet attentat, selon des sources médicales qui ont révisé à la hausse un premier bilan de 25 morts et 60 blessés. Daesh, de plus en plus actif dans le sud du Yémen, a indiqué qu'un de ses combattants, identifié comme étant Abou al-Baraa al-Ansari, avait mené l'action suicide contre "les apostats des forces de sécurité, faisant environ 40 morts et des dizaines de blessés" à Fuwah.
Il s'agit de la deuxième opération revendiquée dans ce secteur par Daesh qui n'avait pas auparavant fait acte de présence dans la vaste province du Hadramout, l'un des principaux bastions d'Al-Qaïda, fortement implanté depuis une vingtaine d'années dans le sud du Yémen. Jeudi, Daesh avait revendiqué une attaque meurtrière contre l'armée yéménite à Khalf, à l'est de Moukalla, où trois attentats suicides à la voiture piégée avaient fait, selon un responsable militaire, au moins 15 morts.
Daesh donne l'impression de prendre le relais d'Al-Qaïda à Moukalla depuis que les forces gouvernementales, appuyées par une coalition arabe, ont réussi le 24 avril à reprendre cette grande ville portuaire que les combattants d'Al-Qaïda contrôlaient depuis un an. Les combattants de Daesh et d'Al-Qaïda ont profité de la guerre qui oppose depuis mars 2015 les forces loyalistes aux rebelles chiites Houthis, alliés aux partisans de l'ex-président Ali Abdallah Saleh, pour intensifier leurs actions dans le sud et le sud-est du Yémen. Les forces gouvernementales, soutenues par une coalition arabe sous commandement saoudien, peinent à rétablir la sécurité dans les provinces et les villes du Sud, reconquises l'été dernier.
Les attaques, revendiquées ou attribuées à des groupes djihadistes, contre des symboles de l'État se sont multipliées ces derniers mois dans ces régions, dans une apparente tentative d'entraver les efforts du gouvernement de remettre sur pied l'armée et les forces de sécurité. En avril, vingt recrues de l'armée avaient été tuées dans une embuscade tendue par des djihadistes dans la province d'Abyane, voisine de celle du Hadramout. Et en février, un attentat revendiqué par l'EI avait fait 14 morts dans un centre de formation de l'armée à Aden, la grande ville du Sud.
Le Yémen est en proie au chaos depuis l'entrée en septembre 2014 dans la capitale Sanaa de rebelles Houthis, accusés par l'Arabie sunnite voisine de liens avec l'Iran chiite. Des pourparlers de paix, engagés le 21 avril sous l'égide de l'ONU, se poursuivent à Koweït sans aucune percée significative vers un règlement. Le conflit a fait plus de 6 400 morts, 30 000 blessés et 2,8 millions de déplacés. Le fossé reste grand entre les délégations du gouvernement et des rebelles, qui s'accusent mutuellement de ne pas respecter une trêve, violée constamment depuis son entrée en vigueur le 11 avril à l'initiative de l'ONU.
(15-05-2016)
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