Netanyahu rejette l'initiative de paix française et propose de voir
Abbas à Paris.
En déplacement en Israël, le Premier ministre français Manuel Valls
s'est heurté lundi d'emblée à la résistance israélienne à l'initiative
de Paris pour relancer l'effort de paix moribond avec les Palestiniens,
avant même de rencontrer le plus farouche adversaire du projet, le
Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Avant d'être reçu par Benjamin Netanyahu vers 12 h 30, Manuel Valls a
rencontré le président Reuven Rivlin. Passé les civilités sur l'aide «
extraordinaire » apportée par la France à la création d'Israël et
l'hommage rendu à Manuel Valls comme à un « ami véritable d'Israël »,
Reuven Rivlin a donné au Premier ministre un avant-goût de ce qui
l'attendait avec Benjamin Netanyahu.
« Le peuple d'Israël ne remet certainement pas en doute ou en cause
votre bonne volonté, a dit le président, mais nous craignons vivement
qu'amener la discussion sur ce conflit (israélo-palestinien) dans
l'arène internationale ne fasse qu'inciter les Palestiniens, le
président Abbas, à éviter des négociations directes avec nous, qui sont
la seule possibilité d'arriver à une solution de paix véritable. » Les
Français savaient déjà que Manuel Valls allait au-devant de fortes
résistances quand il rencontrerait Benjamin Netanyahu après être allé se
recueillir sur les tombes des victimes juives des attentats en France. «
On peut être certain de la sincérité de la France et de sa volonté
désintéressée et modeste de tout faire pour aider Israël et la Palestine
à trouver le chemin de la paix », a dit Valls devant Rivlin.
Benjamin Netanyahu n'a cessé d'attaquer le projet français de réunir une
conférence internationale de paix. Il ne l'a même pas mentionné
dimanche à l'occasion d'entretiens avec le Premier ministre tchèque
Bohuslav Sobotka. Au contraire, il a évoqué, en termes allusifs, des «
initiatives » régionales impliquant les pays arabes. Le soutien
palestinien, lui, est acquis à Paris. « Je suis très lucide sur la
situation », déclare Manuel Valls à des journalistes lundi matin, « nous
ne sommes pas avant (les accords de paix d')Oslo. La colonisation, en
plus, s'est déployée. Il y a le mur » de séparation israélien d'avec la
Cisjordanie.
Depuis le début de sa visite, Manuel Valls s'est employé à surmonter les
réticences israéliennes et a multiplié les gestes symboliques et les
gages d'amitié, y compris personnelle, envers Israël, tout en répétant
que « la colonisation doit cesser ».
« Je rappellerai à Benjamin Netanyahu que cette initiative n'est pas
contre Israël », mais, au contraire, dans son intérêt comme dans celui
des Palestiniens, a signalé Manuel Valls lundi. Il a à nouveau évoqué
les motivations françaises : recréer une dynamique autour d'une «
solution à deux États » israélien et palestinien coexistant en paix, et
mettre fin à un dangereux statu quo qui menace de dégénérer en une
nouvelle escalade dans une région déjà en proie au tumulte. Après une
réunion préparatoire le 3 juin sans Israéliens ni Palestiniens, Paris
espère réunir à l'automne une grande conférence en leur présence.
Israël est foncièrement opposé aux conférences internationales. Pour
Benjamin Netanyahu, Israéliens et Palestiniens doivent faire la paix
lors de négociations bilatérales. Les Palestiniens disent avoir assez
sacrifié à l'exercice, en vain. Israël s'est emparé du vote mi-avril par
la France d'une résolution controversée de l'Unesco sur Jérusalem, dans
laquelle des lieux sacrés juifs sont seulement désignés sous leur nom
arabe ou entre guillemets. Le chef de la diplomatie française et
prédécesseur de Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault, avait été reçu très
fraîchement par Benjamin Netanyahu il y a huit jours.
Manuel Valls a admis un « problème de coordination » française à ce
sujet, mais a assuré que la querelle était « derrière nous ». Nouvelle
source de complication cependant : Benjamin Netanyahu semble en passe de
faire entrer dans son gouvernement l'ultranationaliste Avigdor
Lieberman, figure détestée des Palestiniens, au ministère clé de la
Défense.
Le Premier ministre a entamé cette deuxième journée marathon en Israël
sous le signe de la mémoire. Kippa noire sur la tête, il s'est recueilli
à Jérusalem sur les tombes des victimes d'actes antisémites en France :
Ilan Halimi, les victimes du tueur djihadiste de Toulouse Mohamed
Merah, ainsi que les victimes de la prise d'otages meurtrière de l'Hyper
Cacher à Paris en janvier 2015. Il a ensuite ranimé au mémorial Yad
Vashem la flamme en souvenir des quelque six millions de juifs
exterminés durant la Seconde Guerre mondiale.
Après le déjeuner avec Benjamin Netanyahu, Manuel Valls se rendra dans les territoires palestiniens.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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