Le Premier ministre Benjamin Netanyahu semblait en passe jeudi d'élargir
son gouvernement pour en faire le plus à droite de l'histoire d'Israël
avec le retour probable de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, figure
détestée des Palestiniens, au ministère de la Défense.
Les proches de M. Netanyahu continuaient à négocier jeudi avec ceux de
M. Lieberman pour que celui-ci rentre dans la coalition gouvernementale
avec Israël Beiteinou, le parti de la droite dure qu'il dirige.
Les fuites de part et d'autre dans la presse présentaient un accord comme proche.
Israël Beiteinou compte six députés, mais après les fuites sur un
accord, Orly Levi-Abekasis a annoncé sur Facebook son départ du parti
tout en maintenant son siège au Parlement, disant vouloir travailler sur
des questions socio-économiques "suivant les impératifs de ma
conscience".
Mais même avec cinq voix d'Israël Beiteinou au Parlement, M. Netanyahu
verrait réalisée son ambition publiquement avouée d'élargir sa majorité.
Sa victoire inattendue aux législatives de mars 2015 avait accordé à M.
Netanyahu la plus ténue des majorités (61 voix sur 120), le laissant à
la merci des caprices de ses alliés et faisant peser un doute permanent
sur la durée de son quatrième gouvernement.
Le retour au gouvernement de M. Lieberman, qui fut le ministre des
Affaires étrangères de M. Netanyahu de 2009-2012 puis de 2013-2015 et
qui demeure une figure incontournable et controversée de la politique
israélienne, s'opérerait après un retournement de situation
abracadabrant.
Car, M. Netanyahu avait semblé proche, mercredi matin, après des mois de
théâtre d'ombres, de conclure un accord avec le chef du Parti
travailliste, Isaac Herzog, se posant en champion de la paix avec les
Palestiniens.
Le retour de M. Lieberman risque de susciter les inquiétudes de la
communauté internationale quant à la politique du gouvernement
Netanyahu, en particulier sur le conflit israélo-palestinien, alors que
les craintes d'une nouvelle escalade sont déjà vives.
Au ministère de la Défense, M. Lieberman superviserait les activités de
l'armée dans les Territoires palestiniens. Les commentateurs posent déjà
la question d'un durcissement sous l'influence d'un homme qui, il y a
quelques jours, accusait le gouvernement Netanyahu de manquer de fermeté
face aux attaques palestiniennes et de ne pas construire dans les
grands blocs de colonies de Cisjordanie, territoire palestinien occupé
depuis 1967.
La poursuite de la colonisation --la construction d'habitations civiles
sur des territoires occupés par Israël-- est illégale aux yeux de la
communauté internationale qui y voit un obstacle majeur à la paix.
M. Lieberman a réclamé la peine de mort contre les auteurs d'attentats
anti-israéliens pour entrer dans la coalition. Il a laissé entendre
mercredi que le gouvernement pourrait accéder à cette exigence, parmi
d'autres comme celle, essentielle, du portefeuille de la Défense.
Le retour au gouvernement israélien d'un homme "connu pour ses vues
d'extrême droite sur les Palestiniens est une preuve supplémentaire du
fait que Netanyahu préfère promouvoir l'extrémisme au sein de son
gouvernement", a réagi le ministère palestinien des Affaires étrangères
dans un communiqué.
Le rappel de M. Lieberman "constitue la réponse de Netanyahu" aux
efforts actuels de la France et de la communauté internationale pour
ranimer l'effort de paix, a-t-il dit.
Les discussions sur l'élargissement du gouvernement ont coïncidé avec
une déconcertante intervention du président égyptien Abdel Fattah
al-Sissi évoquant "une opportunité réelle" de résolution du conflit
israélo-palestinien. Elle a poussé certains commentateurs israéliens à
spéculer sur une action concertée de MM. Netanyahu et Sissi pour pousser
à l'entrée des travaillistes dans le gouvernement israélien.
Ces tractations ont capoté spectaculairement mercredi, laissant le Parti travailliste en lambeaux.
La France travaille à réunir cet automne une conférence internationale
qui braque M. Netanyahu. Le quartette pour le Proche-Orient prépare un
rapport qui préoccupe Israël. Et Israël s'inquiète que Barack Obama,
dans ses derniers mois à la présidence des Etats-Unis, ne fasse payer
des années de frustration à M. Netanyahu.
"Au lieu de présenter au monde un gouvernement plus modéré en prévision
des graves défis qui nous attendent, Netanyahu lui présente le
gouvernement le plus extrémiste à avoir jamais servi", écrivait jeudi le
quotidien Yedioth Ahronoth.
Pour son concurrent Maariv aussi, c'est avec le gouvernement "le plus
extrémiste depuis la fondation d'Israël" que le pays va au-devant d'un
"siège diplomatique". Mais "l'essentiel, c'est que Netanyahu soit sain
et sauf", ironisait-il.
(19-05-2016
- Assawra)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire