Des discussions bilatérales plutôt qu'une conférence internationale :
c'est la contre-proposition de Benjamin Netanyahu à Manuel Valls pour
relancer l'effort de paix avec les Palestiniens. Les Français
s'attendaient à la résistance de Benjamin Netanyahu à leur initiative
pour ranimer une entreprise de paix moribonde. Benjamin Netanyahu ne les
a pas surpris en refusant "les conférences internationales à la manière
onusienne" et les "diktats internationaux". Les négociations
bilatérales entre Israéliens et Palestiniens sont "le seul moyen de
progresser vers la paix", a-t-il dit, répétant une objection exprimée
depuis des mois.
Benjamin Netanyahu a cependant déjoué les attentes en préconisant "une
initiative française différente" : c'est la France qui accueillerait ces
discussions bilatérales entre le président palestinien Mahmud Abbas et
lui. "Cela s'appellerait l'initiative française", a-t-il dit, "à cette
différence près : je serai seul assis directement face à face avec le
président Abbas, à l'Elysée ou là où il vous plaira". Paris "serait un
endroit merveilleux pour signer un accord de paix", a-t-il dit
plaisamment.
Le Premier ministre français a répondu poliment avoir "entendu la
proposition", dont il parlera avec le président François Hollande. "Tout
ce qui peut contribuer à la paix et aux discussions directes, nous
sommes preneurs", a-t-il affirmé. En réalité, commentait-on côté
français, la contre-offre est une manière un peu plus imaginative de
dire la même chose.
Benjamin Netanyahu s'est constamment opposé à l'idée de conférence
internationale et s'est toujours dit prêt à rencontrer Mahmoud Abbas à
tout moment et en tout lieu. "La seule nouveauté, c'est de proposer de
le faire à Paris", disait-on dans l'entourage de Manuel Valls. Au cours
de son entretien, le Premier ministre français a été confronté à une
"contestation claire", rapportait-on, même si la manière était
"non-agressive, très franche et constructive".
Manuel Valls rencontrait Benjamin Netanyahu pour défendre le projet
français de réunir à l'automne une conférence de paix internationale.
Paris a prévu d'en jeter les bases le 3 juin en réunissant les chefs de
la diplomatie d'une vingtaine de pays et les représentants de grandes
d'organisations internationales, mais sans participation israélienne ni
palestinienne.
Paris veut recréer une dynamique internationale autour d'une "solution à
deux États" israélien et palestinien coexistant en paix, et mettre fin à
un statu quo qui menace de dégénérer en une nouvelle escalade dans une
région déjà en proie au tumulte. Les Territoires palestiniens et Israël
sont en proie à des violences qui ont coûté la vie à plus de 200
Israéliens et Palestiniens depuis le 1er octobre. Une Palestinienne, la
première depuis trois semaines, a été abattue lundi après avoir tenté de
poignarder des policiers en Cisjordanie occupée, selon la police
israélienne.
Les Palestiniens se disent lassés des tractations bilatérales ne menant
nulle part, aggravant le fait accompli de l'occupation et de la
colonisation et éloignant toujours davantage la création d'un État
indépendant. Ils sont acquis au projet français. Quant aux Français,
leur initiative part dans une large mesure du constat que les approches
bilatérales ont échoué. La conférence du 3 juin "a un seul objectif : la
paix, pour deux États, deux peuples", a déclaré le Premier ministre
français devant son homologue israélien.
Face aux journalistes, Manuel Valls s'est voulu "très lucide" sur les
chances de succès. "Nous ne sommes pas avant (les accords de paix
d'Oslo. La colonisation, en plus, elle s'est déployée. Il y a le mur" de
séparation israélien d'avec la Cisjordanie. Depuis le début de sa
visite dimanche, Manuel Valls a multiplié les gestes symboliques et les
gages d'amitié, y compris personnelle, envers Israël, tout en répétant
que "la colonisation doit cesser".
Sa visite intervenait alors que Benjamin Netanyahu négociait l'entrée
dans son gouvernement de l'ultranationaliste Avigdor Lieberman, figure
détestée des Palestiniens, au ministère clé de la Défense. Au moins une
querelle entre la France et Israël est-elle "derrière nous", selon les
mots de Manuel Valls : le vote mi-avril par la France d'une résolution
controversée de l'Unesco sur Jérusalem. Benjamin Netanyahu a remercié la
France d'avoir reconnu son erreur.
Manuel Valls est passé lundi après-midi dans les Territoires
palestiniens pour visiter en Cisjordanie occupée un projet de
coopération franco-palestinien sur l'eau, puis un projet de restauration
cofinancé par la France, et des fresques de la basilique de la Nativité
à Bethléem où le Nouveau Testament situe la naissance du Christ. Manuel
Valls achèvera son déplacement mardi par un entretien avec son
homologue palestinien Rami Hamdallah à Ramallah.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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