Le Premier ministre yéménite Ahmed ben Dagher a rejeté mercredi une
proposition de gouvernement d'union avancée par les rebelles qu'il a
accusés de mettre en péril l'unité et l'économie du pays, ravagé par la
guerre depuis plus d'un an.
M. Ben Dagher, qui s'est adressé à la presse à Ryad où il vit en exil, a
souligné que les rebelles chiites Houthis devraient remettre les armes
et se retirer des territoires, dont la capitale Sanaa, qu'ils ont
conquis depuis leur coup de force contre l'Etat en 2014, conformément à
la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU.
"Le retrait (des rebelles) des institutions de l'Etat est une question
non négociable" et l'Etat est le seul habilité "constitutionnellement" à
détenir l'armement lourd du pays, a prévenu M. Ben Dagher alors que des
pourparlers de paix entre gouvernement et rebelles marquent le pas à
Koweït.
Au cours des pourparlers, engagés le 21 avril sous l'égide de l'ONU, les
rebelles alliés aux partisans de l'ex-président déchu Ali Abdallah
Saleh ont fait d'un gouvernement de transition consensuel un préalable à
l'application de la résolution 2216.
Le Premier ministre s'en est pris à "ceux qui veulent un gouvernement
d'union nationale avant de remettre les armes", soulignant que le Yémen,
qui célèbre dimanche le 26e anniversaire de son unification, était
devant "un choix historique": préserver son "unité" ou risquer le
"morcellement".
D'autant, a-t-il ajouté, que le pays est confronté à "l'effondrement de
son économie" après que les rebelles ont dépensé en un an, dans leur
effort de guerre, "quelque 3 milliards de dollars qui représentaient le
gros des réserves en devises".
Les rebelles ont dû imprimer davantage de billets qu'ils ont mis en
circulation, affectant la monnaie locale, dont la valeur a plongé sur le
marché où le dollar s'échange désormais à plus de 320 riyals, contre
250 riyals au taux officiel.
Il en a résulté une envolée des prix des produits de première nécessité,
comme la farine, le riz ou le sucre, en hausse de plus de 30% et ceux
des fruits et légumes qui ont augmenté ces derniers jours d'au moins
20%, selon des habitants.
Sur les 26 millions d'habitants du Yémen, plus de 13 millions ont besoin
d'une assistance humanitaire, 7,6 millions souffrent "d'insécurité
alimentaire grave" et 2,5 millions ont été déplacés par le conflit
depuis janvier 2014, selon des estimations de l'ONU.
A Koweït, l'émir du Koweït, cheikh Sabah al-Ahmad Al-Sabah, a appelé
mercredi les délégations yéménites, qu'il a reçues séparément, à
poursuivre leurs pourparlers pour "aboutir à des résultats positifs".
Cet appel, cité par l'agence officielle KUNA, a été lancé alors que la
délégation gouvernementale a menacé mardi de se retirer des négociations
si les rebelles ne s'engagent pas formellement à respecter la
résolution 2216 et à reconnaître la légitimité du président Abd Rabbo
Mansour Hadi et de son gouvernement.
(18-05-2016 - Avec les
agences de presse)
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