John Kerry a ouvert la conférence. (Afp)
La rencontre sur le conflit syrien s'est terminée sans date de reprise des pourparlers de paix intersyriens, mais les grandes puissances ont promis de travailler à l'établissement d'un cessez-le-feu durable. « Nous nous sommes mis d'accord pour ne pas rester sans réaction si des parties prenaient des initiatives visant à autre chose qu'à un accord et qu'à la paix », a déclaré le secrétaire d'État américain John Kerry, lors d'une conférence de presse à l'issue de ces discussions du GISS.
Les trois objectifs fixés pour stopper cette guerre dévastatrice ont été au centre des discussions : « consolider la cessation des hostilités [...], garantir un accès humanitaire dans tout le pays, et accélérer la transition politique », selon la diplomatie américaine. C'est encore et toujours sur ce dernier point que les discussions achoppent. La feuille de route des négociateurs prévoit la mise en place au 1er août d'un organe syrien de transition politique prévu par une résolution de l'ONU, mais cette échéance paraît de plus en plus illusoire à de nombreux observateurs. « Il n'y a pas d'avenir durable pour la Syrie avec Assad », a réaffirmé le ministre allemand des Affaires étrangères, Frank-Walter Steinmeier, à son arrivée pour ces pourparlers. « Voilà pourquoi nous devons discuter, sous les auspices de l'ONU, des modalités d'un gouvernement de transition et mettre les choses sur la bonne voie », a-t-il ajouté. « L'objectif pour août est d'avoir un cadre en place, un cadre convenu, pour une transition politique », avait réaffirmé lundi un haut responsable du département d'État à Vienne.
La coalition de l'opposition syrienne s'est montrée, selon ce dernier, plus ouverte que le régime de Damas. « Le régime est tout simplement absent [des discussions, NDLR], et c'est vraiment la clef de la situation », a dit ce responsable. « Par leur soutien politique, militaire et financier à la Syrie, la Russie et l'Iran permettent de facto au régime de se maintenir et de ne pas entrer en discussions », a également déploré une source diplomatique française.
Le sort de Bashar el-Assad constitue la principale ligne de fracture entre les puissances mondiales et régionales du GISS, un groupe de 17 pays et de 3 organisations internationales - dont les États-Unis, la Russie, l'Arabie Saoudite, l'Iran et l'Union européenne. Tout en soutenant l'effort diplomatique du GISS, Moscou et Téhéran apportent un appui militaire déterminant au pouvoir syrien sur le terrain.
« Nous sommes loin aujourd'hui de la ligne d'arrivée », avait observé lundi le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, selon les agences de presse russes. « Mais si tout ce qui a été décidé sous les auspices du GISS et du Conseil de sécurité des Nations unies est mis en place honnêtement, il y a de fortes chances que la situation ne reste pas comme elle est », selon lui. Sur le terrain, une trêve entre régime et rebelles instaurée depuis fin février sous l'impulsion des Russes et des Américains a été violée à plusieurs reprises.
L'insurrection armée contre le régime est profondément divisée entre de nombreux groupes djihadistes, islamistes et rebelles modérés. Au moins trois civils, dont une femme et sa fillette, ont été tués dans une frappe du régime dans la nuit de lundi à mardi sur le quartier rebelle de Soukkari, dans la métropole divisée d'Alep où un cessez-le-feu, trêve temporaire, a expiré jeudi dernier. Dans la deuxième ville du pays, les bombardements entre régime et rebelles ont toutefois nettement reculé, après deux semaines de violences qui ont fait près de 300 morts depuis le 22 avril.
Dans la province d'Idleb contrôlée en majorité par le Front al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda, huit civils, dont quatre femmes et trois enfants, ont péri dans des bombardements du régime sur la localité de Bdama. Les violents combats depuis une vingtaine de jours entre des factions islamistes rivales pour le contrôle d'un fief de la rébellion près de Damas ont fait plus de 300 morts, avait rapporté dimanche une ONG. Depuis le début de la révolte contre le régime de Bashar el-Assad en mars 2011, la guerre a fait plus de 270 000 morts et jeté sur les routes des millions de personnes, provoquant une crise humanitaire majeure dans la région et en Europe.
Trois sessions de pourparlers intersyriens indirects ont eu lieu depuis le début de l'année à Genève, sans progrès. Le dernier round en avril a été suspendu avec la reprise des hostilités à Alep.
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