La branche syrienne d'Al-Qaïda a libéré mardi 16 militaires et policiers
libanais qu'elle détenait depuis août 2014, en échange de 25 personnes,
dont des prisonniers, et d'une aide humanitaire.
Cet échange avec le Front Al-Nosra est l'épilogue de négociations
longues et ardues menées avec le Liban, impliqué malgré lui dans la
guerre qui fait rage dans la Syrie voisine.
Il met fin partiellement au calvaire des familles de soldats qui
campaient depuis plus d'un an sous des tentes installées près du Sérail,
le siège du Premier ministre à Beyrouth, pour faire pression sur les
autorités.
Mais l'inquiétude perdure sur le sort de neuf autres soldats et
policiers libanais aux mains du groupe Etat Islamique (EI), qui s'est
illustré depuis sa création par une série d'actes barbares.
L'échange s'est déroulé dans la zone désertique des collines d'Arsal, battues par le vent, aux confins du Liban et de la Syrie.
Présents sur les lieux, des jihadistes cagoulés arboraient leur drapeau
noir proclamant: "Il n'y a pas d'autre dieu que Dieu, Front al-Nosra".
Après leur libération, les trois militaires et les 13 policiers sont
arrivés à bord de véhicules de la Croix Rouge libanaise au premier poste
de contrôle de l'armée, avant de rejoindre le village de Laboué, dans
la plaine de la Bekaa, a constaté un journaliste de l'AFP.
A leur arrivée, les otages, tous barbus, ont reçu un accueil chaleureux
des habitants, qui leur ont jeté du riz, les ont portés sur les épaules
et tiré en l'air.
Dans le cadre de l'accord, des camions d'aide humanitaire ont franchi la frontière vers la Syrie.
L'ex-femme de Baghdadi relâchée -
En échange de la libération, 19 personnes, accusées d'actes de
terrorisme, ont été libérées dans la région d'Arsal et six autres à
Tall, près de Damas, par le régime syrien.
Selon une source de la Sûreté Générale, parmi les 19 libérées au Liban,
dix ont voulu se rendre à Beyrouth tandis que neuf autres sont parties
avec Al-Nosra en Syrie.
Le directeur-général de la Sûreté, Abbas Ibrahim, a précisé que
certaines d'entre elles allaient "rester à Beyrouth et que leur
situation serait régularisée".
Parmi celles qui ont choisi de se rendre dans la capitale libanaise
figure Soujat Doulaimi, l'ex-femme du chef de l'EI Abou Bakr
al-Baghdadi, arrêtée fin 2014. Elle a expliqué à la télévision vouloir
se rendre ensuite en Turquie avec ses trois enfants, dont la fille
qu'elle a eue avec le chef de l'EI.
Dans le centre de Beyrouth, les parents des otages s'étaient réunis sous
une tente pour regarder avec joie et anxiété les images retransmises
par la télévision de cet échange extrêmement délicat que la moindre
anicroche aurait pu faire capoter.
Certains criaient, s'embrassaient et lançaient des pétales de fleurs et
du riz, signe de félicité. Tandis que d'autres poussaient des "youyous"
de joie ou entamaient une dabké, danse traditionnelle.
"Depuis plusieurs jours, je ne dors pas car il y avait des signes
positifs", a confié à l'AFP Marie Khoury, dont le frère Georges figure
parmi les libérés. "Il va y avoir sept jours de festivités à Kobayate",
le village chrétien du nord du Liban dont les hommes sont originaires.
Mais la joie ne sera complète que lorsque ceux qui sont "captifs de l'EI
seront libérés" et "nous espérons que l'Etat va redoubler d'effort pour
obtenir leur libération", a ajouté Marie Khoury.
Au milieu de la joie, la mère de ces otages a fondu en larmes. "Ne nous oubliez pas", lance-t-elle.
La Sûreté Générale a assuré qu'elle allait "ménager aucun effort pour
libérer les neuf autres militaires aux mains de Daech" (acronyme arabe
de l'EI), dont on est sans nouvelle.
Au total, une trentaine de soldats et policiers libanais avaient été
enlevés en août 2014 par Al-Nosra et l'EI lors d'une incursion des
jihadistes dans la région d'Arsal, depuis la Syrie toute proche. Quatre
de ces otages ont été exécutés et un cinquième est mort des suites de
ses blessures.
Al-Qaïda a rendu mardi le corps de l'un d'eux, Mohammad Hammiya, exécuté l'an dernier.
Des responsables libanais ont souligné le rôle important joué dans les
négociations par le Qatar, petit Etat du Golfe qui soutient certains
groupes armés opposés au régime syrien.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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