La communauté internationale attaque l'organisation de l'État
islamique au portefeuille, frappant ses activités pétrolières,
éliminant ses hommes d'argent, et elle se mobilise aussi sur trois
fronts diplomatiques pour l'étouffer financièrement : le G20,
l'ONU, et l'UE.
Faire pression sur les pays qui n'ont pas encore pris des mesures
Deux jours après les attentats de Paris, les dirigeants des vingt
premières puissances économiques mondiales (G20) se réunissaient à
Antalya en Turquie. Ils ont donné mandat au Groupe d'action
financière (Gafi), qui était jusqu'à présent spécialisé dans la
lutte contre l'évasion fiscale, de travailler à l'"assèchement des
flux de financement liés au terrorisme".
Cet organisme intergouvernemental, composé de 34 pays et
territoires, a convoqué une réunion extraordinaire ce week-end à
Paris pour aborder la question du financement du terrorisme et
trouver les moyens de faire pression sur les pays qui n'ont pas
encore pris des mesures adéquates. Le Gafi doit remettre un
rapport lors du G20 Finance de février qui présentera "ce qu'ont
fait les différents pays qui ne sont pas à jour et dont la liste
n'a pas été rendue publique", pour lutter contre le financement du
terrorisme, a expliqué une source diplomatique. "Il faut que nous
réfléchissions au sein du Gafi à un dispositif qui permette de
faire pression sur les pays qui ne sont pas à jour et qui n'ont
pas encore les dispositifs pour faire le minimum dans la lutte
contre le financement du terrorisme", a-t-elle ajouté.
Isoler l'EI du système financier international
Les États-Unis, qui assurent en décembre la présidence tournante
du Conseil de sécurité, ont convoqué une réunion pour le jeudi 17
décembre afin de débattre des moyens d'assécher le financement de
l'EI. "Un front international uni est crucial pour atteindre
l'objectif" d'isoler l'EI du système financier international et
"gêner son financement", a affirmé le secrétaire américain au
Trésor Jacob Lew. Pour la première fois, ce sont les ministres des
Finances des 15 pays membres qui sont invités à se rendre à New
York. Le gel des avoirs fait en effet partie de leurs compétences.
Le ministre français Michel Sapin et ses homologues britannique
George Osborne et espagnol Luis de Guindos ont confirmé leur
présence, a indiqué le ministère français des Finances à l'AFP.
"L'idée est d'adopter une résolution qui aurait force de loi pour
l'ensemble des pays des Nations unies, avec l'objectif de
resserrer les mailles du filet afin de repérer les mouvements
d'argent qui servent à financer des actes terroristes et d'agir en
gelant les avoirs ou en faisant des saisies", a précisé la même
source.
Les cartes bancaires prépayées dans le collimateur
Après les attentats du 13 novembre, Michel Sapin a porté la
question du financement du terrorisme devant le conseil des
ministres des Finances européens (Ecofin), qui s'est réuni mardi
dernier. La prochaine réunion est prévue en janvier. La France
exige que l'Europe passe désormais de "la phase de l'émotion à
celle de l'action". Les cartes bancaires prépayées sont dans le
collimateur de Paris, qui exige un encadrement "plus strict" de
leur utilisation en Europe. La France demande aussi aux autres
membres de l'UE d'"accélérer considérablement" la mise en oeuvre
de la dernière directive européenne anti-blanchiment.
(12-12-2015)
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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