lundi 14 décembre 2015

Yémen : Un cessez-le-feu attendu avant des pourparlers en Suisse

Un cessez-le-feu doit entrer en vigueur lundi à minuit au Yémen avant l'ouverture de pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU mardi en Suisse, mais les protagonistes continuent d'afficher une grande méfiance mutuelle.
"Le cessez-le-feu sera en vigueur lundi à minuit (21H00 GMT). Nous espérons que les miliciens le respecteront cette fois", a déclaré à l'AFP Mouïn Abdelmalak, membre de la délégation gouvernementale aux négociations.
M. Abdelmalak faisait référence aux rebelles chiites Houthis, soutenus par l'Iran, qui sont en guerre contre les forces loyales au président Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyées militairement par une coalition de pays arabes sunnites dirigée par l'Arabie Saoudite.
Sur le terrain, des combats se sont poursuivis lundi et on a appris le décès de deux officiers de la coalition, un Emirati et un Saoudien. Ce dernier commandait les forces saoudiennes basées à Aden (sud).
Un responsable au cabinet présidentiel a confirmé lundi à l'AFP l'entrée en vigueur d'une trêve à la veille de discussions interyéménites qui doivent se tenir dans un lieu secret en Suisse.
"Le cessez-le-feu prendra effet à minuit, conformément à l'accord convenu avec le médiateur de l'ONU (Ismaïl Ould Cheikh Ahmed) lors de sa dernière visite début décembre à Aden", capitale "provisoire" du Yémen, a dit ce responsable proche de M. Hadi.
La durée du cessez-le-feu devrait être de sept jours, éventuellement renouvelable, avait indiqué la présidence yéménite le 8 décembre.
De précédentes tentatives de négociations et de cessez-le-feu ont échoué au Yémen où la guerre a fait depuis mars quelque 6.000 morts et 28.000 blessés, dont de nombreux civils, et a directement affecté 80% de la population de ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Les rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite (une branche du chiisme) et alliés à de puissantes unités militaires restées fidèles à l'ex-président Ali Abdallah Saleh, se sont emparés depuis juillet 2014 de larges pans du Yémen, dont la capitale Sanaa et de provinces du nord-ouest, de l'ouest et du centre qu'ils contrôlent toujours.
Les forces antirebelles ont reconquis cet été cinq provinces du sud, y compris celle d'Aden, deuxième ville du pays.
Des jihadistes, en particulier du groupe Etat islamique (EI), ont profité du chaos pour avancer leurs pions. Depuis le printemps dernier, l'EI a revendiqué des attaques spectaculaires et meurtrières contre des mosquées fréquentées par des chiites et des cibles gouvernementales et de la coalition arabe.



'Transition pacifique'
Une grande méfiance règne entre le gouvernement et les rebelles. Samedi, avant de partir pour la Suisse, le porte-parole des Houthis, Mohammed Abdelsalam, a affirmé: "Nous arrêterons (les combats) quand s'arrêtera l'agression contre nous".
De son côté, le chef d'état-major des forces progouvernementales, le général Mohammed Ali al-Maqdishi, a déclaré dimanche que ses troupes "se conformeront aux ordres (du président), bien que l'expérience nous a appris qu'on ne peut pas avoir confiance en la milice putschiste (des Houthis) qui ne respecte pas une promesse ou une trêve".
Le dialogue interyéménite en Suisse est destiné à favoriser "un cessez-le-feu permanent et total, une amélioration de la situation humanitaire et un retour à une transition politique pacifique et ordonnée", a expliqué le médiateur de l'ONU.
Selon une source onusienne, les parties discuteront notamment d'un "plan" de mise en oeuvre progressive de la résolution 2216 du Conseil de sécurité qui exige le retrait des rebelles et de leurs alliés, mais aussi de milices, des zones conquises depuis la fin 2014, ainsi que la restitution des armes lourdes à l'Etat.
Au vu des échecs passés, tous les experts restent prudents quant à la réalité du cessez-le-feu et à l'issue des pourparlers en Suisse.
Une chose est sûre: plus d'un an après l'entrée des Houthis dans la capitale yéménite, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu.
Les pays arabes, dont les monarchies du Golfe, qui sont intervenus militairement en mars peinent à s'extirper d'un bourbier de plus en plus exploité par des groupes jihadistes, en particulier à Aden et dans le sud du pays, où Al-Qaïda était déjà bien implanté depuis une bonne décennie.

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