Un cessez-le-feu doit entrer en vigueur lundi à minuit au Yémen avant
l'ouverture de pourparlers de paix sous l'égide de l'ONU mardi en
Suisse, mais les protagonistes continuent d'afficher une grande méfiance
mutuelle.
"Le cessez-le-feu sera en vigueur lundi à minuit (21H00 GMT). Nous
espérons que les miliciens le respecteront cette fois", a déclaré à
l'AFP Mouïn Abdelmalak, membre de la délégation gouvernementale aux
négociations.
M. Abdelmalak faisait référence aux rebelles chiites Houthis, soutenus
par l'Iran, qui sont en guerre contre les forces loyales au président
Abd Rabbo Mansour Hadi, appuyées militairement par une coalition de pays
arabes sunnites dirigée par l'Arabie Saoudite.
Sur le terrain, des combats se sont poursuivis lundi et on a appris le
décès de deux officiers de la coalition, un Emirati et un Saoudien. Ce
dernier commandait les forces saoudiennes basées à Aden (sud).
Un responsable au cabinet présidentiel a confirmé lundi à l'AFP l'entrée
en vigueur d'une trêve à la veille de discussions interyéménites qui
doivent se tenir dans un lieu secret en Suisse.
"Le cessez-le-feu prendra effet à minuit, conformément à l'accord
convenu avec le médiateur de l'ONU (Ismaïl Ould Cheikh Ahmed) lors de sa
dernière visite début décembre à Aden", capitale "provisoire" du Yémen,
a dit ce responsable proche de M. Hadi.
La durée du cessez-le-feu devrait être de sept jours, éventuellement
renouvelable, avait indiqué la présidence yéménite le 8 décembre.
De précédentes tentatives de négociations et de cessez-le-feu ont échoué
au Yémen où la guerre a fait depuis mars quelque 6.000 morts et 28.000
blessés, dont de nombreux civils, et a directement affecté 80% de la
population de ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Les rebelles Houthis, issus de la minorité zaïdite (une branche du
chiisme) et alliés à de puissantes unités militaires restées fidèles à
l'ex-président Ali Abdallah Saleh, se sont emparés depuis juillet 2014
de larges pans du Yémen, dont la capitale Sanaa et de provinces du
nord-ouest, de l'ouest et du centre qu'ils contrôlent toujours.
Les forces antirebelles ont reconquis cet été cinq provinces du sud, y compris celle d'Aden, deuxième ville du pays.
Des jihadistes, en particulier du groupe Etat islamique (EI), ont
profité du chaos pour avancer leurs pions. Depuis le printemps dernier,
l'EI a revendiqué des attaques spectaculaires et meurtrières contre des
mosquées fréquentées par des chiites et des cibles gouvernementales et
de la coalition arabe.
'Transition pacifique'
Une grande méfiance règne entre le gouvernement et les rebelles. Samedi,
avant de partir pour la Suisse, le porte-parole des Houthis, Mohammed
Abdelsalam, a affirmé: "Nous arrêterons (les combats) quand s'arrêtera
l'agression contre nous".
De son côté, le chef d'état-major des forces progouvernementales, le
général Mohammed Ali al-Maqdishi, a déclaré dimanche que ses troupes "se
conformeront aux ordres (du président), bien que l'expérience nous a
appris qu'on ne peut pas avoir confiance en la milice putschiste (des
Houthis) qui ne respecte pas une promesse ou une trêve".
Le dialogue interyéménite en Suisse est destiné à favoriser "un
cessez-le-feu permanent et total, une amélioration de la situation
humanitaire et un retour à une transition politique pacifique et
ordonnée", a expliqué le médiateur de l'ONU.
Selon une source onusienne, les parties discuteront notamment d'un
"plan" de mise en oeuvre progressive de la résolution 2216 du Conseil de
sécurité qui exige le retrait des rebelles et de leurs alliés, mais
aussi de milices, des zones conquises depuis la fin 2014, ainsi que la
restitution des armes lourdes à l'Etat.
Au vu des échecs passés, tous les experts restent prudents quant à la
réalité du cessez-le-feu et à l'issue des pourparlers en Suisse.
Une chose est sûre: plus d'un an après l'entrée des Houthis dans la capitale yéménite, il n'y a ni vainqueur, ni vaincu.
Les pays arabes, dont les monarchies du Golfe, qui sont intervenus
militairement en mars peinent à s'extirper d'un bourbier de plus en plus
exploité par des groupes jihadistes, en particulier à Aden et dans le
sud du pays, où Al-Qaïda était déjà bien implanté depuis une bonne
décennie.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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