Extraits du discours du Dr. Ramadan Shallah, secrétaire
général du mouvement du Jihad Islamique en Palestine, à l’occasion du premier congrès des prédicateurs
musulmans : « Soutiens le « voyage nocturne » de ton
prophète ».
Au Nom de Dieu, le Clément, le Miséricordieux
….
Permettez-moi d’abord de saluer les jeunes de la vaillante
Intifada, et toutes les masses de notre peuple dans al-Quds, al-Khalil, en
Cisjordanie, dans la patrie volée en 1948, dans la bande de Gaza toujours en
résilience et endurante face au blocus, et dans l’exil.. comme je salue les
masses de notre nation arabo-islamique.
Nous avons grandement besoin d’être inspirés par l’esprit du
messager de Dieu, prières et saluts de Dieu sur lui, par son parcours exaltant,
ses nobles paroles, son message éternel,
celui de l’Unicité, de la miséricorde et de l’humanité…
Comme avons-nous besoin de ta patience et ta persévérance, ô
messager de Dieu ; afin que nous puissions affronter et résister aux
tempêtes qui soufflent sur la nation de l’islam, qui se trouve aujourd’hui à la
traîne des nations et qui risque de sombrer d’un abîme à l’autre….
La destruction et la ruine sont le présent, et le sang coule
à flots, l’oppression et l’agression se répandent ; la peur et l’épouvante
ont pénétré dans la nation, et la terre arabo-islamique est devenue le lieu et
le terrain de conflits entre les intérêts régionaux et internationaux.. Nos
patries sont devenues la scène du jeu des nations, et notre religion est en
danger, tellement les atrocités lui ont été chargées. Nous sommes arrivés au
point où Israël n’est plus l’ennemi.. Nous avons commencé à nous inventer des
ennemis à l’intérieur de notre nation, et certains commencent à considérer que
le combat contre l’autre partie, quelles que soient son importance et sa
caractéristique, est prioritaire au combat contre les sionistes en Palestine !
C’est cela la perte de la boussole et la perte de la
direction, c’est cela l’égarement et la déroute même.
D’où l’imporance de l’Intifada en Palestine, l’Intifada
al-Quds, qui a surpris le monde et embarrassé beaucoup, qui a redonné la
considération à la Palestine, après que le monde lui ait tourné le dos ou
presque. Elle pourrait contribuer à ajuster la direction, à remettre le wagon
sur le rail correct en direction de la Palestine et d’al-Quds. ..
J’évoquerai ici les messages portés par l’Intifada, que je
résume comme suit :
1 – le message de l’Intifada au monde entier dit : je
suis la Palestine, je suis al-Quds, je ne peux être oubliée ni ignorée. Que
vous vous occupiez de toute question, de tout problème, la roue tournera et
vous reviendrez au point zéro, et découvrirez que vous êtes face à la question
du siècle, la question de la Palestine et de sa tragédie.
2 – le deuxième message dit que la génération de l’Intifada
est la génération de Ussama bin Zayd, qui rappelle le lien entre le messager,
prières de Dieu sur lui, avec la Palestine, notre première Qibla et le trajet
du « voyage nocturne » de notre prophète vers le ciel. Le messager,
prières de Dieu sur lui, a répété ses recommandations alors qu’il était sur le
lit de la mort : « Envoyez Ussama » pour combattre les Rums en
Palestine ; Abu Bakr as-Saddiq, que Dieu soit satisfait de lui, a exécuté
la recommandation du messager de Dieu, et a lancé la campagne de Ussama, qui a
dirigé l’armée, alors qu’il avait à peine 18 ans. Le messager de Dieu, que les
prières de Dieu soient sur lui, a insisté pour que Ussama prenne la direction
de l’armée, alors que son père Zayd était l’un des dirigeants martyrs de la
bataille de Mu’ta, afin de relier les générations. Le père est tombé martyr, le
fils a pris la relève en tant que dirigeant d’une armée composée de plusieurs
grands compagnons, que Dieu soit Safisfait d’eux. Vous, les jeunes de la
Palestine, vous êtes la génération de Ussama et de la campagne d’Ussama. Même si tous les Arabes et musulmans
ne la rejoignent pas, le peuple de Palestine et les jeunes de Palestine ne la
manqueront pas.
3 – le troisième message est adressé au monde
arabo-islamique, et notamment à ces Etats et gouvernements qui accourent vers
Israël pour que ce dernier les protège dans les circonstances troublées ou
enflammées dans la région. Le message de l’Intifada à ceux-là est : Israël
que vous pensez capable de vous protéger ne peut se protéger lui-même, contre
les couteaux et les ustensiles de cuisine avec lesquels le peuple de Palestine
se défend, par ses jeunes gens et jeunes filles dans l’Intifada al-Quds. Israël
peut conclure la paix avec des régimes et des gouvernements… il peut ouvrir une
ambassade ou un consulat, ou bien lever le drapeau dans telle ou telle
capitale, mais il ne peut obtenir une légalité ni un statut de présence
naturelle dans cette région. 37 ans après la signature des accords de Camp
David, le peuple égyptien refuse la normalisation, et il en est de même pour le
peuple jordanien après la signature de l’accord de Wadi Araba. Israël restera,
au yeux des peuples de la nation, une entité étrangère et rejetée, jusqu’à ce
que Dieu accorde la permission de libérer la Palestine. Al-Quds et la Palestine
sont demeurées 91 années hégiriennes ou 88 ans solaires sous l’occupation des
Francs ou croisés, jusqu’à ce qu’elles soient libérées par le héros Salaheddine
al-Ayyoubi, et le colonialisme croisé est demeuré près de deux cent ans dans la
région du Sham, avant qu’il ne se retire, chassé de la région.
Nous ne fuyons pas vers le passé. Au contraire, nous sommes
plongés dans la réalité plus que nombre de ceux qui appellent au réalisme, qui
signifie la capitulation, mais nous voyons l’entité telle qu’elle est, avec
tous les facteurs de force et les réalisations qu’elle a faites et qui ont
épouvanté tout le monde, mais elle n’a pas épouvanté Muhannad Halabi, ni
Muhannad Uqbi, ni Diya’ Talahme, ni le héros martyr Issa Assaf et son compagnon
le martyr Adnan Abu Habse, hier, ni tous les martyrs et les martyres de la
vaillante Intifada, dont les propres initiatives ont rendu difficile toute
prévision par l’ennemi.
Ecoutez-moi bien, chers frères et sœurs.. pour savoir que le
projet sioniste, malgré ses succès, a subi de nombreux échecs, que certains ne
veulent pas voir. Il a échoué à régler la question juive, il n’a pu amener les
juifs du monde vers la Palesitne, le tiers seulement est venu, et à chaque
secousse, la contre-émigration est en route. Il n’a pu construire un grand Etat
juif comme il rêvait de le faire, il n’a pu tracer des frontières sécurisantes
jusqu’à aujourd’hui, il n’a pu supprimer le peuple palestinien de la carte de
la Palestine et du monde, mais au contraire, la balance démographique indique
aujourd’hui un équilibre, sinon elle
penche en notre faveur. Il n’a pu faire
plier ou briser la volonté du peuple palestinien, il ne remporte plus des
victoires dans les guerres et ne nous fait plus subir des défaites, comme par
le passé, comme en témoignent les
guerres contre Gaza et le Liban. Il n’a pas réalisé la paix car il ne croit pas
en une paix sans domination ni suprématie
et sans imposer un état de fait. Il n’a pas réussi à abandonner son penchant
agressif qui lui ouvre un avenir de guerres…
4 – Le quatrième
message, le plus important, que délivre l’Intifada est en direction de l’Autorité
palestinienne et des frères du mouvement Fateh…. Elle est sous forme de
question : Qu’attend la direction de l’Autorité ? Sur quoi mise-t-elle,
alors qu’elle assiste, en spectatrice, à l’égorgement de son peuple , au
pillage de sa terre, à la judaïsation d’al-Quds, et à l’invasion profanatrice
des colons de la mosquée al-Aqsa, tous les jours, et sous la protection de l’armée
de l’occupation. Ils ont décidé de la partager, avant de la détruire et de
construire le prétendu temple, attendant l’occasion propice. Qu’attend l’Autorité ?
Nous voulons comprendre. Est-ce qu’elle attend la solution des deux Etats, et l’obtention
d’un Etat indépendant et souverain, avec al-Quds pour capitale et dans les
frontières de 1967 ? Si elle mise là-dessus, l’Israélien lui dit en toute
clarté : rien. Beaucoup d’Israéliens ont enterré la solution des deux
Etats depuis longtemps, et les dernières paroles de Kerry, mettant en garde
Israël du choix d’un seul Etat et le danger que cela représenterait pour l’Etat
juif, est un enterrement de la solution de deux Etats.
Je confirme ici cet
enterrement. Israël, à cause des circonstances actuelles dans la région,
considère qu’il n’est pas contraint de faire une seule concession, qu’il a refusé
de faire pendant plus de 22 ans, depuis Oslo. Quelles sont les cartes de force
sur lesquelles mise l’Autorité qui pourraient contraindre l’entité à modifier
sa position et faire une concession en direction de l’Etat ? La vraie
carte, et le facteur certain de force qui épouvante Israël et le déstabilise,
frère Abu Mazen, c’est ton peuple, c’est cette génération géante, la génération
de l’Intifada, et non « al-habba »
(ils disent « al-habba » pour réduire l’importance de l’Intifada et
lui tourner le dos). C’est l’Intifada al-Quds, et non la troisième Intifada,
car notre peuple a connu des Intifada et révolutions depuis le début du
conflit, depuis plus d’un siècle….
Ce à quoi nous
assistons, c’est la poursuite de la coordination sécuritaire avec l’ennemi,
dans le cadre de l’Intifada, comme si le peuple qui est tué, dont les maisons
sont détruites, qui est opprimé par l’occupation, est un autre peuple vivant dans
un autre pays ! Cette position n’est pas digne du palestinien, et nous
attendons des frères dans le mouvement Fateh, car c’est le parti du pouvoir, qu’ils
prennent la décision et affirment leur alignement clair en faveur de l’Intifada,
qui exprime la volonté et le choix du peuple, tout comme le martyr Yasser Arafat
s’est aligné vers l’Intifada al-Aqsa.
Nous demandons à l’Autorité
d’arrêter la coordination sécuritaire avec l’ennemi, de proclamer l’échec de la
voix du règlement et des négociations, et de cesser de miser là-dessus, et nous
lui demandons de mettre sa main dans la main de son peuple et de toutes les
forces pour reconstruire le projet national palestinien, en tant que mouvement
de libération nationale, et non en tant que pouvoir autonome dans le cadre de l’occupation,
et d’agir ensemble pour formuler une nouvelle stratégie qui s’appuie sur la
résistance multiforme, et en premier lieu, la résistance armée, pour libérer la
terre et récupérer les droits.
5 – le cinquième
message concerne la division interne. La division et le conflit
inter-palestinien ont été présentés comme étant un conflit pour un pouvoir que
les Palestiniens ne possèdent pas et qu’ils ne peuvent posséder, car Israël
veille et contrôle toute chose. A notre avis, les dimensions et les causes de
la division interne sont plus complexes, et avec le temps, celle-ci s’approfondit
au niveau géographique, politique et moral, ce qui est nuisible pour notre
peuple, sa cause et ses intérêts. A partir de là, et dans le cadre de l’Intifada
qui se poursuit avec stabilité et détermination, devant toutes les menaces
auxquelles notre peuple doit faire face, et où nos sacralités sont bafouées,
nous disons à toutes les forces et organisations, nous devons tous nous élever
au-dessus des intérêts minimes et partisans, et nous devons mettre les intérêts
de notre cause et de notre peuple devant nous, faire des efforts sincères pour
en finir avec la division, et réaliser le minimum d’unité qui soit digne de notre
Intifada et de nos martyrs.
Nous devons faire ensemble, et malgré les
alignements qui nous entourent, et trouver une sorte de concorde qui conduise à
mettre fin au blocus de la bande de Gaza et à l’ouverture des voies de passage,
en coordination et dialogue avec le pays frère l’Egypte. Maintenir la situation
présente dans la bande de Gaza est insoutenable. Gaza est devenue un tombeau
ouvert, personne ne s’en soucie, comme si deux millions de Palestiniens vivant
dans la bande de Gaza sont devenus aux yeux du monde, un surplus de population,
sans dignité et sans valeur, comme s’ils ne méritaient pas le minimum de vie
humaine.
6 – le sixième message
envoyé par l’Intifada au monde est qu’elle n’est pas partie prenante des axes
et des coalitions régionales. Comme toutes les masses de notre peuple, nous
nous étonnons de la décision d’impliquer la Palestine dans les coalitions
régionales appelées « pour combattre le terrorisme ». Comme si nous n’étions
pas la victime la plus claire du terrorisme organisé de l’Etat sioniste. Comme
si la Palestine était libérée, ou al-Quds nettoyée de la profanation de l’occupation,
et comme si nous avions un surplus de force à exporter dans le jeu de l’anarchie
dans la région. La position juste palestinienne, dans le cadre des violentes
tempêtes, est de ne pas impliquer la Palestine et sa cause dans tout axe qui l’oblige
à payer des dettes dont nous pouvons nous passer. De plus, l’Intifada ne mise
pas sur ceux qui pensent que l’amélioration de leur position ou la
rectification de certaines de leurs erreurs dans les conflits régionaux et
internationaux se font en reprenant les relations ou en améliorant les
relations avec l’entité sioniste.
7 – Le dernier message
de l’Intifada est qu’elle se poursuit, avec l’aide de Dieu, gloire à Lui, et
grâce à l’action et la volonté de la jeune génération, et que toute tentative pour
l’arrêter ou la briser a été dépassée par le temps. Nous devons mobiliser
toutes les forces pour dissuader cet ennemi et faire cesser sa répression et sa
violence contre les fils de l’Intifada. Il faut en finir avec les hésitations et
les doutes. Tout questionnement sur l’efficacité de la poursuite de l’Intifada
et ses buts, à partir de cet instant, n’est qu’une tentative douteuse de
maintenir l’occupation, et d’en faire un état de fait éternel. Quiconque ne
sait vraiment pas quel est le but de l’Intifada, qu’il demande au peuple
palestinien, qu’il demande au sang des nos héros martyrs, qui nous trace le
chemin de la victoire et de la libération. Je m’adresse aujourd’hui à tous ceux
qui croient qu’ils mettent la résistance dans l’embarras lorsqu’ils nous
demandent : quel est votre programme ? Je réponds : notre
programme est simple, comme l’a proclamé la mère du martyr Khaled Jawabra, au
moment où elle lui faisait ses adieux dans al-Khalil : « nous voulons la
Palestine, du fleuve à la mer » (de l’eau jusqu’à l’eau). Ainsi s’est
exprimée cette femme croyante et combattante, que je salue à travers vous, et
salue toutes les mères et tous les pères des martyrs.. Notre programme est ce
qu’ont affirmé les enfants du martyr, le héros Ibrahim Akkari, au correspondant
de la télévision israélienne, lorsque le plus jeune, Hassan, 11 ans, a répondu
à la question de savoir s’il était possible de vivre ensemble , disant
fermement : « Non, ou bien vous, ou bien nous dans ce pays ».
Lorsque l’enfant Hamza, 12 ans, a été questionné à propos de son père qui a
écrasé des Israéliens dans la rue, il a répondu : « que faisaient ces
juifs en Palestine, ne sont-ils pas des occupants de notre terre ? »
C’est ton peuple, Abu Mazen, c’est l’enfant Hassan Akkari qui dit à l’Israélien
ce que tu ne peux dire à ses politiciens : « nous ne serons
tranquilles que lorsque vous quittez notre terre ». Quant à toi, Hassan,
Hamza, toute famille militante et honorable, ce que vous avez dit est la
vérité, nous en soutirons notre détermination à poursuivre la lutte. Nous n’abandonnerons
pas une seule graine de la terre de Palestine, ni une seule goutte du sang de
votre père et du sang des martyrs, et nous poursuivrons leur chemin jusqu’à la
victoire ou le martyre, par la permission de Dieu.
Et finalement, devant
cette invasion juive quotidienne de la mosquée al-Aqsa et le danger qui la
menace, si Ben Gourion a dit : « pas d’Israël sans Urshalim, pas d’Urshalim
sans le temple » nous disons : « Pas d’arabité sans la
Palestine, pas de Palestine sans al-Quds, et pas d’al-Quds sans la mosquée
al-Aqsa ».
En conclusion, je vous
salue à nouveau, que Dieu récompense vos efforts. Paix, miséricorde et bénédictions
de Dieu sur vous.
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