Les enfants de Benghazi, grande ville de l'est de la Libye, ont
repris dimanche le chemin de l'école pour la première fois depuis
le début de la guerre il y a un an et demi, bravant les combats
qui continuent à faire rage.
"Je suis heureuse de retourner à l'école, tout est de nouveau
normal", confie une fillette de 13 ans avant d'entrer en classe
dans l'école Bashayer.
L'établissement n'est qu'à 500 mètres d'une zone où font rage de
violents combats entre les forces du gouvernement libyen reconnu
internationalement et des groupes armés, certains jihadistes. Ces
affrontements ont fait près de 2.000 morts à Benghazi depuis 2014,
selon l'organisation indépendante Libya Body Count.
Mais la fillette, qui porte un chatoyant voile jaune aux motifs
fleuris, affirme avec un large sourire aux lèvres: "je n'ai pas
peur".
Football à la récréation
Dans la cour, les élèves semblent aussi avoir oublié que Benghazi,
berceau de la révolution libyenne paie le plus lourd tribut de
l'instabilité qui règne dans le pays depuis la chute du leader
Muammar Kadhafi en 2011.
En jean et sweat-shirts, un groupe de garçons improvisent un match
de football dans la cour de récréation quand d'autres se
chamaillent. Les parents, eux, regardent au loin leur progéniture
reprendre le chemin du savoir, soulagés.
"Si Dieu le veut, la rentrée scolaire sera suivie d'un retour de
la sécurité à Benghazi", espère Abd al-Aziz al Dinali après avoir
accompagné ses deux enfants.
La Libye est déchirée entre deux gouvernements qui se disputent le
pouvoir, l'un basé à Tripoli, et l'autre dans l'est du pays, seul
reconnu internationalement, une situation qui a favorisé le
renforcement de groupes comme l'État islamique (EI).
A Benghazi, pendant plus d'un an, les enfants ont suivi des cours
à distance grâce à un système d'urgence qui voyait leurs parents
se rendre au ministère pour récupérer cours et manuels. Après les
avoir étudié à la maison, les élèves se rendaient à l'école
seulement pour passer les examens.
Si aucune mesure de sécurité supplémentaire n'a été prise
directement dans l'école pour cette rentrée, les parents doivent
cependant passer par le filtre des nombreux checkpoints installés
dans la ville avant d'arriver.
Et l'ombre de la guerre continue de planer sur cette rentrée qui
intervient avec deux mois de retard par rapport au reste du pays.
A Benghazi, le gouvernement n'a pu fournir ni livre, ni uniforme
aux élèves des écoles primaires et des collèges.
Un tiers des écoles ouvertes
Ce dimanche, seules un tiers des écoles --77 écoles sur 254-- ont
ouvert leurs portes.
Selon l'ONU, 100.000 personnes ont fui leurs maisons en raison des
combats dans la ville et ont dû être hébergées en urgence.
64 écoles sont ainsi réquisitionnées pour accueillir les déplacés,
a expliqué à l'AFP le porte-parole du bureau chargé de
l'éducation, Ahmed Qabaili.
D'autres établissements sont fermés car situés en pleine zone de
combats.
Une trentaine d'école servent aussi à accueillir les étudiants
dont les universités se trouvent en zones de guerre.
Une situation qui désole les parents dans un pays où le taux
d'alphabétisation était de 99,9% pour les jeunes de 15 à 24 ans,
garçons ou filles, en 2012, selon l'Unicef. Environ un tiers de la
population libyenne avait moins de 18 ans en 2012, d'après cette
agence de l'ONU.
A Benghazi, le gouvernement reconnu par la communauté
internationale envisage de faire des rotations dans la journée
pour arriver à scolariser davantage d'enfants dans les écoles qui
ont pu ouvrir.
Alors que la communauté internationale peine à convaincre les
principales factions politiques du pays à former un gouvernement
d'union nationale pour sortir du conflit, les élèves de Benghazi
sont déterminés à poursuivre leurs études malgré tout.
"A ceux qui ne sont pas venus aujourd'hui, je dis: +venez+", lance
ainsi Mohammed Abdelaziz, un écolier de 11 ans.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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