Les forces irakiennes ont annoncé lundi avoir "libéré" Ramadi des
combattants du groupe Etat islamique (EI), hissant le drapeau national
sur le QG gouvernemental de la ville pour marquer leur plus grande
victoire face à l'organisation jihadiste.
Des soldats ont dansé l'arme levée à Ramadi, chef-lieu de la grande
province d'Al-Anbar situé à 100km à l'ouest de Bagdad, pendant que des
hauts commandants paradaient dans les rues de la ville qu'ils avaient
perdue en mai.
Des Irakiens ont aussi manifesté dans plusieurs villes du pays pour
célébrer cette victoire qui devrait redorer le blason de l'armée
fortement critiquée pour son humiliante déroute en juin 2014 face à l'EI
qui s'était emparé de vastes pans du territoire.
"Ramadi a été libérée", a proclamé le général de brigade de l'armée Yahya Rassoul à la télévision d'Etat.
Après lui, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi s'est engagé à
libérer en 2016 la totalité du pays de l'EI, dans un discours télévisé.
A Ramadi, l'armée a affirmé ne rencontrer aucune résistance depuis que
les derniers combattants de l'EI ont quitté dimanche le QG
gouvernemental, même si certains jihadistes pourraient être encore
présents dans certains quartiers.
Les militaires avancent toutefois avec prudence et se consacrent à la
tâche titanesque de désamorcer les centaines de bombes et engins
explosifs laissés par les jihadistes.
- 300 engins explosifs -
"Daech (acronyme en arabe de l'EI) a placé au moins 300 bombes et engins
explosifs dans le QG et sur les routes", a expliqué un officier, Majid
al-Fatlawi.
Quasiment tous les civils ont quitté le centre de Ramadi dévasté par les
combats. Certains ont été évacués mais d'autres ont été utilisés comme
boucliers humains par les jihadistes pour couvrir leur fuite, selon
plusieurs témoignages.
Il y a une semaine, les responsables irakiens estimaient que l'EI
disposaient de 400 combattants à Ramadi. Il était impossible lundi de
déterminer combien ont été tués dans les combats et combien ont fui.
Du côté des forces irakiennes, les autorités n'ont pas donné de bilan
des pertes mais des médecins ont indiqué à l'AFP qu'une centaine de
soldats blessés ont été hospitalisés à Bagdad pour la seule journée de
dimanche.
La reconquête de Ramadi est survenue après des mois de préparatifs de
l'armée qui avait resserré l'étau autour des jihadistes avant de
reprendre progressivement des secteurs de la cité, avec le soutien des
raids aériens de la coalition internationale menée par les Etats-Unis.
L'assaut final a été lancé mardi dernier par les forces d'élite
antiterroristes et l'armée irakiennes contre le QG gouvernemental du
centre-ville où les violents combats s'étaient concentrés jusqu'à la
fuite des jihadistes.
Après la perte de Ramadi, l'EI contrôle toujours une grande partie de la
province majoritairement sunnite d'Al-Anbar, la plus grande d'Irak et
qui est frontalière de la Syrie, de la Jordanie et de l'Arabie saoudite.
Il faudra en outre beaucoup de temps pour que la vie normale reprenne à
Ramadi. Des habitants ont à peine commencé à revenir dans les quartiers
périphériques, reconquis par l'armée il y a plusieurs jours, pour
évaluer les dégâts.
"Nous n'avons pas l'intention d'y retourner maintenant, même si cette
libération nous rend très heureux", confie Sohaib Ali, 27 ans, père de
trois enfants ayant fui Ramadi il y a près de deux ans.
"Il y a eu d'immenses dégâts et je ne pense pas que les services de base
reviendront tout de suite ni même la sécurité", poursuit cet homme
déplacé à Erbil, dans la capitale du Kurdistan, plus au nord.
D'après l'Organisation internationale des migrations, les habitants
d'Al-Anbar représentent un tiers des 3,2 millions d'Irakiens forcés de
fuir leur foyer depuis 2014.
- Mossoul prochaine étape? -
La coalition internationale contre l'EI, à laquelle participent
notamment Paris et Londres, a félicité les forces irakiennes pour leur
victoire. Outre le soutien aérien, elle leur a fourni armes et
entraînements.
Pour le président français François Hollande, la reprise de Ramadi
constitue "la plus importante victoire depuis le commencement de la
lutte" contre l'EI en 2014. Berlin a estimé que cette victoire "démontre
encore une fois que l'EI n'est pas invincible".
Le président du Parlement irakien, Salim al-Joubouri, a estimé que
"cette magnifique victoire contre Daech", représentait "une rampe de
lancement pour la libération de Ninive".
L'EI contrôle depuis juin 2014 Mossoul, deuxième ville d'Irak située
dans le nord et chef-lieu de la province de Ninive. C'est depuis cette
cité que son chef Abou Bakr al-Baghdadi a proclamé il y a plus d'un an
et demi son "califat" s'étendant sur les territoires conquis en Irak et
en Syrie voisine.
Mais ces derniers mois, l'EI a perdu plusieurs places fortes. Les
militaires parfois aidés de paramilitaires chiites ou de combattants
kurdes ont notamment repris Tikrit et Baïji puis Sinjar, au nord de
Bagdad.
(28-12-2015)
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