Les services de sécurité israéliens ont annoncé jeudi l'arrestation
d'extrémistes juifs après un incendie criminel ayant décimé une famille
palestinienne de Cisjordanie occupée et qui passe pour l'un des
déclencheurs de la vague de violences actuelle.
C'est la première fois que les services israéliens lient aussi
clairement des arrestations et cet incendie, fin juillet, qui a
profondément choqué les Palestiniens. Il a aussi suscité une large
réprobation parmi les Israéliens et réveillé les démons de l'extrémisme
juif dans un climat déjà tendu.
Les services de sécurité confirment la piste extrémiste juive, qui ne
faisait guère de doute pour personne. Les suspects arrêtés au cours des
jours récents et sur lesquels pèsent des "éléments concrets" pouvant les
impliquer dans l'incendie sont "des jeunes soupçonnés d'appartenir à
une organisation terroriste juive et d'avoir commis des attentats", a
indiqué le Shin Beth (sécurité intérieure) dans un communiqué.
Le Shin Beth ne précise pas le nombre, l'identité, les motivations des
personnes arrêtées, ni l'organisation à laquelle elles appartiendraient.
L'enquête, compte tenu de sa sensibilité, est toujours soumise à un
black-out judiciaire.
L'incendie du 31 juillet à Douma a coûté la vie à un bébé palestinien de
18 mois et à ses deux parents qui ont succombé à leurs blessures les
jours suivants. Aux premières heures avant l'aube, des individus ont
lancé des engins incendiaires à l'intérieur de la petite maison où les
Dawabcheh dormaient les fenêtres ouvertes pour se procurer un peu de
fraîcheur au coeur de l'été.
"Jeunesse des collines"
De la famille n'a survécu qu'un enfant de quatre ans, grièvement brûlé et toujours hospitalisé en Israël.
Des inscriptions retrouvées sur place et des témoignages ont
immédiatement désigné comme responsables des extrémistes juifs,
peut-être venus des colonies sauvages voisines, c'est-à-dire des
implantations illégales non seulement au regard du droit international,
mais aussi des lois israéliennes.
L'attention s'est concentrée sur la "jeunesse des collines", un
mouvement aux vagues contours de jeunes radicaux des colonies sauvages.
En rupture, ils rêvent d'un Israël couvrant la Cisjordanie et fondé sur
la loi juive, et ne reconnaissent pas l'autorité de l'Etat israélien.
L'incendie a suscité colère et crainte en Cisjordanie où 2,5 millions de
Palestiniens mènent une coexistence conflictuelle avec environ 400.000
colons israéliens. Les Palestiniens ont organisé des rondes nocturnes.
Le sinistre et la lenteur des investigations ont ravivé l'accusation de
complaisance de la part des autorités israéliennes envers l'extrémisme
juif. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a condamné l'acte
en le qualifiant de "terroriste", terme plus communément employé pour
les agissements palestiniens.
Avant l'annonce de jeudi, les services de sécurité israéliens avaient
déjà procédé à des arrestations parmi les extrémistes juifs. Les
autorités ont pris la mesure exceptionnelle de placer trois d'entre eux
en détention sans inculpation, un régime habituellement infligé aux
Palestiniens. Mais leur connexion ou non avec les évènements de Douma a
donné lieu à des déclarations officielles confuses.
Nouvelle démolition
L'incendie de Douma est considéré comme ayant contribué à déclencher la
vague de violences en cours entre Palestiniens et Israéliens.
Celles-ci ont continué jeudi. Un Palestinien est descendu de son
véhicule et a tiré sur les soldats israéliens gardant un checkpoint près
de Hizmeh, en Cisjordanie à la périphérie de Jérusalem. Il a blessé un
soldat et un passant avant d'être abattu par la riposte israélienne, a
dit l'armée israélienne.
Les attentats quasiment quotidiens contre des Israéliens, les
affrontements entre Palestiniens et soldats israéliens et aux agressions
mutuelles entre Palestiniens et colons ont fait 104 morts palestiniens
(dont un Arabe israélien), 17 israéliens ainsi qu'un américain et un
érythréen depuis le 1er octobre, selon un décompte de l'AFP.
La majorité des Palestiniens tués l'ont été et commettant ou tentant de commettre des attentats.
Face à cet enchaînement le Premier ministre israélien a décidé d'accélérer les démolitions des maisons d'auteurs d'attentat.
L'armée israélienne a fait exploser jeudi le logement à Naplouse (nord de la Cisjordanie) de Rajeb Alioua, arrêté en octobre.
Alioua est accusé par Israël d'avoir commandité le meurtre le 1er
octobre d'un couple de colons criblés de balles dans leur voiture sous
les yeux de leurs enfants sur une route de Cisjordanie.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire