Le dernier carré d’irréductibles a commencé à quitter mercredi la
Vieille Ville de Homs, haut lieu de la révolte en Syrie, où les rebelles
étaient assiégés depuis plus de deux ans par les troupes
gouvernementales. Cette évacuation d’au moins 1 200 combattants, civils
et blessés de la Vieille Ville de Homs (centre) entre dans le cadre d’un
accord sans précédent entre belligérants, conclu à l’issue de deux mois
de négociations. Elle intervient aussi à moins d’un mois de la
présidentielle, que Bashar el-Assad semble assuré de remporter, alors
que la guerre a fait plus de 150 000 morts en trois ans. Les rebelles
peuvent se targuer de quitter la ville la tête haute, sans être
humiliés, mais le régime engrange une importante victoire symbolique
dans cette ville que les militants avaient surnommée au début de la
révolte contre Bashar el-Assad "capitale de la révolution", en raison de
l’ampleur des manifestations.
"Trois bus, avec un représentant de l’ONU à leur bord, ont quitté
vers 10 heures (9 heures à Paris) la Vieille Ville, transportant 120
personnes : des blessés, des civils et des combattants", a affirmé à
l’AFP le négociateur rebelle Aboul Hareth. "Ils sont arrivés à Dar
al-Kabira", une ville rebelle située à une vingtaine de kilomètres plus
au nord, a-t-il ajouté. Une vidéo, diffusée par les rebelles, montre des
hommes, avec des sacs à dos, coiffés de casquette ou cagoulés, avec
leur fusil mitrailleur en bandoulière, montant dans deux bus. Dans une
autre vidéo, un 4X4 de l’ONU est positionné devant les bus avec des
hommes en treillis portant des gilets pare-balles sur lesquels est écrit
"Police".
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), 222
personnes ont jusqu’à présent été évacuées. Cependant, le nombre total
des gens devant quitter la ville n’était pas clair : l’OSDH a parlé de 1
200 personnes, tandis que les rebelles avancent le chiffre de 2 250.
C’est le "début de la sortie de la première partie des hommes armés de
Homs", a confirmé le gouverneur de Homs, Talal al-Barazi, au
correspondant de l’agence officielle Sana. "Avec la sortie de ces hommes
armés, l’opération de réconciliation va commencer pour que Homs soit
une ville débarrassée des armes et des hommes armés. Nous travaillons
pour que l’opération s’applique à tous les quartiers de Homs", a-t-il
ajouté, faisant allusion à celui de Waër, où se trouvent des centaines
de milliers de personnes, dont de nombreux déplacés. Une autre vidéo
montre les évacués arriver dans une ville du nord de la province de
Homs : l’un avance difficilement avec des béquilles alors qu’un autre
harangue les habitants venus l’accueillir.
"C’est (surtout) une défaite pour la communauté internationale [...].
Il y a eu une résistance légendaire malgré deux ans de siège et, en
dépit de tout ceci, la communauté internationale n’a rien fait", a
affirmé à l’AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l’OSDH. "C’est une
victoire médiatique pour le régime, car Homs occupait une place
symbolique dans la révolution syrienne. La révolte armée a commencé à
Homs et c’est une débâcle pour ceux qui n’ont pas soutenu les rebelles",
a-t-il ajouté. Durant les deux ans de siège, près de 2 200 personnes
sont mortes dans la Vieille Ville, selon l’OSDH. Dans le centre
historique, totalement en ruines, les irréductibles à la fin n’avaient
presque plus rien à manger et se nourrissaient souvent d’herbes et de
quelques aliments séchés.
"J’ai énormément de peine et envie de pleurer. J’ai l’impression que
mon âme a quitté mon corps en quittant Homs", a confié un rebelle à un
militant de Dar al-Kabira, Wael. Les arrivants sont affamés et étiques, a
indiqué Wael à l’AFP. Les rebelles n’occupaient plus que 2 km2 sur les
40 que compte la troisième ville du pays. C’est dans cette ville que la
violence confessionnelle avait atteint son paroxysme, avec une série de
meurtres et représailles entre communautés. L’opposition s’était
félicitée il y a quelques jours de l’accord, saluant "la résistance
légendaire durant plus de deux ans" des rebelles de Homs. Par ailleurs,
deux villages chiites de la province d’Alep, Naboul et Zahra, encerclés
par les rebelles, ont pu recevoir de la nourriture, en application à
l’un des autres points de l’accord.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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