Le Qatar, sous le feu de critiques internationales et qui prépare le
Mondial de 2022, a promis mercredi l’abolition du système de parrainage
qui met les travailleurs étrangers à la merci de leurs employeurs
qataris.
"Les principaux amendements de la législation portent sur l’abolition de
la kafala (système de parrainage, ndlr) et son remplacement par un
système de contrat de travail", a annoncé le colonel Abdallah
Al-Mohannadi, directeur du département des droits de l’Homme au
ministère de l’Intérieur, lors d’une conférence de presse.
La nouvelle loi doit cependant être soumise au Conseil de la Choura, une
instance consultative, et à la Chambre de Commerce et d’Industrie avant
son adoption.
Le parrainage est un système juteux pour les autochtones des monarchies
pétrolières du Golfe, qui leur permet d’engranger des revenus en
monnayant leur "parrainage" de tout expatrié. Bahreïn est le seul pays
de la région à l’avoir aboli, alors que les Emirats et le Koweit ont
assoupli certaines dispositions comme l’imposition d’un visa de sortie.
Plusieurs responsables ont participé à la conférence de presse,
annonçant une série de mesures assouplissant les restrictions sur le
séjour des travailleurs étrangers, dont les domestiques, et permettant
d’améliorer leurs conditions de travail.
Ainsi, les travailleurs étrangers pourront désormais obtenir leur visa
de sortie au ministère du Travail, et ne seront plus à la merci de leur
employeur qui jusque-là pouvait leur interdire de quitter le territoire.
Les organisations de défense des droits de l’Homme ont réclamé avec
insistance l’annulation des visas de sortie. L’une des victimes de cette
disposition a été le footballeur franco-algérien Zahir Belounis, qui
avait été bloqué pendant 17 mois au Qatar en raison d’un différend avec
son employeur. Il n’avait pu quitter le pays qu’en novembre 2013 après
avoir obtenu son visa de sortie.
La nouvelle loi prévoit également de multiplier par cinq l’amende
imposée à l’employeur en cas de confiscation du passeport de son
employé, une pratique courante dans les pays du Golfe.
Elle permet aussi au travailleur étranger de changer, sous conditions, d’employeur au Qatar.
Un responsable du ministère du Travail et des Affaires sociales, Ali
Al-Khulaifi, a en outre annoncé que le Qatar avait adopté "des normes
unifiées pour les conditions de logement des travailleurs".
Accusé depuis septembre 2013 de tolérer sur ses chantiers des conditions
de travail proches de l’esclavage, l’émirat avait publié en février une
charte destinée à améliorer le sort des centaines de milliers de
travailleurs asiatiques appelés à bâtir les infrastructures du
Mondial-2022.
Le gouvernement avait annoncé le 1er mai qu’il étudiait un rapport du
cabinet d’avocats d’affaires international DLA Piper, qu’il avait chargé
en octobre 2013 de lui faire des propositions pour "amender la
législation du Qatar sur le travail afin d’améliorer les conditions de
vie, de santé et de sécurité des travailleurs".
Un rapport de la Confédération internationale des syndicats estime que
4.000 ouvriers risquent de mourir sur les chantiers du Mondial de
football d’ici 2020. Le Qatar conteste ce rapport, constellé selon lui
"d’erreurs factuelles".
Les organisations des droits de l’Homme avaient dénoncé la situation des
ouvriers du bâtiment, s’entassant souvent dans des conditions précaires
dans des camps de travail.
En avril, Amnesty International avait dénoncé la situation des
travailleurs domestiques étrangers employés au Qatar, évoquant des abus,
des violences et des formes de travail forcé.
(14-05-2014)
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