Le pape François a appelé lundi au libre accès des croyants de toutes
les religions aux lieux saints à Jérusalem, lors d’une dernière journée
de voyage consacrée à la visite de sites sensibles, un pèlerinage
largement rattrapé par les tensions politiques.
Dans une collision des calendriers spirituel et temporel, la
municipalité israélienne a approuvé un plan de construction de 50
logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est, une décision
qui "dénote un manque total de sensibilité", a déploré un conseiller
municipal d’opposition.
Le pélerinage du pape, annoncé par le pape lui-même comme "strictement
religieux", a d’ailleurs pris à plusieurs reprises une tournure
politique, avec des gestes symboliques forts.
Recevant le souverain pontife, le président israélien Shimon Peres a
accepté son invitation lancée dimanche à une prière commune pour la paix
avec le président palestinien Mahmud Abbas au Vatican.
François a appelé au "libre accès" de tous les croyants juifs, musulmans
et chrétiens aux lieux saints à Jérusalem, et à l’arrêt de "la violence
et des manifestations d’intolérance", après une vague de vandalisme de
nationalistes juifs présumés contre des sites chrétiens et musulmans.
Auparavant, le mufti de Jérusalem, Mohammad Hussein, l’avait pressé
d’intervenir auprès d’Israël pour "arrêter l’agression contre notre
peuple, notre terre, et nos lieux saints et permettre la liberté d’accès
aux musulmans et chrétiens de notre peuple à leurs lieux saints
d’Al-Aqsa et du Saint-Sépulcre".
Le pape, accompagné du patriarche orthodoxe de Constantinople
Bartholomée lors de cette rencontre sur l’esplanade des Mosquées, site
sacré pour l’islam et le judaïsme, a appelé au dialogue et à la
tolérance entre les trois religions monothéistes "pour la justice et la
paix".
"Que personne n’instrumentalise par la violence le nom de Dieu !", a-t-il lancé.
Après s’être recueilli devant le Mur des Lamentations, en contrebas, où
il a glissé un message de prière, Jorge Bergoglio a fraternellement
embrassé le rabbin Abraham Skorka et le professeur musulman Omar Abboud,
ses deux vieux amis de Buenos Aires, dans une accolade réunissant
symboliquement les trois religions et leurs quelque trois milliards de
fidèles.
Lors de la rencontre entre le pape et deux Grands rabbins d’Israël, le
Grand rabbin ashkénaze Davi Lau a dénoncé les attentats à Jérusalem
comme des "crimes de haine au nom de la religion".
Auparavant, François a fait un détour imprévu par le mémorial des
victimes israéliennes d’attentats, écrivant un message pour "que cesse
le terrorisme", a précisé son porte-parole. Selon la radio militaire
israélienne, il répondait ainsi à la demande du Premier ministre
Benjamin Netanyahu, qui l’accompagnait.
Selon le quotidien Yédiot Aharonot, Israël a exprimé son mécontentement
au Vatican après sa prière muette dimanche au pied du "mur" de
séparation à Bethléem, en Cisjordanie, achevé aux deux tiers, qui isole
le territoire palestinien de Jérusalem.
Reçu par le pape à Notre-Dame, une propriété du Vatican à la limite
entre l’Ouest et l’Est de Jérusalem, Netanyahu lui a assuré que cette
barrière avait "sauvé des milliers de vies". "Depuis sa construction,
le terrorisme s’est arrêté", a-t-il dit.
Dans un rapport publié en vue de l’anniversaire d’occupation et
l’annexion de Jérusalem-Est en 1967, une organisation de défense des
droits de l’Homme souligne que quelque 100 000 habitants de quartiers
palestiniens, séparés du reste de la ville par la barrière, "ne
bénéficient pas même des services de base".
Dans un autre signe d’amitié envers Israël, François a fait déposer une
grande gerbe aux couleurs jaune et blanche du Vatican sur la tombe du
père fondateur du sionisme Theodor Herzl, une première pour un pape,
dénoncée par des militants palestiniens.
Au mémorial de la Shoah à Yad Vashem, Jorge Bergoglio a prononcé une
longue méditation empreinte d’émotion sur cette "tragédie
incommensurable" et "l’abîme" qu’elle a constitué pour l’humanité,
rallumant la flamme du mémorial et saluant des survivants.
Il rencontrera également de nouveau des religieux de différentes
confessions chrétiennes, en particulier orthodoxes, dans un
rapprochement historique qui a justifié ce pèlerinage, 50 ans après le
sommet à Jérusalem entre le pape Paul VI et le chef de l’Eglise
orthodoxe de l’époque, Athénagoras.
Le patriarche maronite Bechara Raï, dont la visite en Israël avec le
pape a soulevé de vives critiques au Liban, encore techniquement en
guerre avec l’Etat hébreu, se joindra à cette prière au jardin de
Gethsémani.
François conclura son pèlerinage, qui avait débuté samedi en Jordanie,
par une messe au Cénacle, un site sacré pour les trois religions, au
grand dam d’extrémistes juifs qui en revendiquent l’exclusivité.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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