Un général dissident libyen a rallié de nouveaux soutiens à son
offensive contre les milices islamistes qui ont promis d’y faire face,
faisant craindre une guerre ouverte dans le pays en proie à l’anarchie.
Face à la situation chaotique en Libye où les autorités n’ont pas réussi
à rétablir l’ordre trois ans après la chute du régime de Muammar
Kadhafi, la Commission électorale a fixé au 25 juin la date de
l’élection d’un nouveau Parlement pour remplacer le Congrès général
national (CGN) considéré par plusieurs observateurs comme une des
racines de la crise libyenne.
Le CGN s’est réuni mardi dans un luxueux hôtel de la capitale après que
son siège a été la cible d’une attaque dimanche menée par les puissantes
milices de la région de Zenten (ouest), considérées comme le bras armé
du courant libéral et qui réclament la dissolution du CGN.
Il a toutefois reporté à dimanche un vote de confiance au cabinet
présenté par Ahmed Miitig qui avait été élu à l’issue d’un vote
chaotique et controversé début mai.
Ce report a été décidé à la demande de M. Miitig qui a réclamé plus de
temps pour pouvoir présenter un gouvernement d’union nationale, pour
pouvoir sortir le pays d’une crise politique et sécuritaire, a indiqué à
l’AFP une députée, Souad Ganour.
Le Congrès, contesté pour avoir décidé de prolonger jusqu’en décembre
2014 son mandat arrivé à expiration en février, n’a pas réagi à une
initiative du gouvernement qui, pour sortir de la crise, a proposé lundi
une "mise en congé du Congrès".
Trente-six députés du courant libéral ont toutefois approuvé
unilatéralement, dans un communiqué, la proposition du gouvernement.
Accusé par les autorités de "tentative de coup d’Etat", le général à la
retraite Khalifa Haftar a lancé vendredi une offensive contre les
groupes radicaux à Benghazi (est) qu’il accuse de "terrorisme" et les
combats ont fait des dizaines de morts. L’offensive a été suspendue le
temps de réorganiser les troupes selon lui.
Le dissident affirme qu’il ne souhaite pas conquérir le pouvoir mais ne
fait que répondre "à la demande de la population de combattre le
terrorisme", alors que les attaques islamistes se sont multipliées à
Benghazi.
Il a reçu l’appui des Forces spéciales, une unité d’élite de l’armée
régulière, des officiers de la base aérienne de Tobrouk (est), et de la
puissante tribu de l’est libyen, Al-Baraassa.
Des brigades de la police et de l’armée, en particulier dans l’est du
pays, ont également annoncé leur ralliement, à coup de communiqués.
Face à eux, le groupe jihadiste Ansar Asharia, basé à Benghazi et classé
organisation "terroriste" par les Etats-Unis, a averti qu’il
riposterait à toute attaque du général Haftar. "La confrontation est
désormais inévitable pour défendre notre ville et notre terre", a-t-il
dit dans un communiqué.
D’autres milices islamistes loyales au CGN, comme la Cellule des
opérations des révolutionnaires de Libye, ont aussi déclaré leur
hostilité à Haftar, dénonçant "un coup d’Etat".
Selon des ex-rebelles, ces différentes milices qui obéissent à leurs
propres intérêts -qu’ils soient d’ordre idéologique, régional ou tribal-
ont mobilisé leurs troupes et tentent de nouer des alliances, faisant
craindre une escalade qui risque de plonger le pays dans la guerre
civile.
Mais les puissants groupes armés de Misrata, farouches rivaux des
Zentanis, ont indiqué mardi dans un communiqué qu’ils prenaient leurs
distances par rapport aux protagonistes de la crise, tout en appelant au
dialogue.
"Nous ne faisons partie d’aucun conflit politique ou armé à Tripoli",
ont-ils indiqué atténuant les craintes du déclenchement d’un conflit
armé à Tripoli entre les Zentanis et les Misratis, sur fond de lutte
d’influence.
Le CGN a été jusque-là dans l’incapacité de contenir les puissantes
milices armées formées de rebelles qui ont participé à la révolte en
2011 contre le régime Kadhafi, n’ayant pas pu mettre en place une police
ou une armée disciplinées.
Dans son communiqué lundi, le gouvernement a proposé que "le CGN, après
l’adoption du budget 2014, se mette en vacances parlementaires, jusqu’à
l’élection d’un nouveau Parlement", dans un délai de trois mois. Il
suggère aussi un nouveau vote de confiance à Ahmed Miitig qui avait été
élu à l’issue d’un vote chaotique et controversé début mai.
Sous la pression de la rue qui lui reproche de n’avoir pas su mettre fin
à l’anarchie, le CGN a décidé, après le prolongement de son mandat,
d’organiser des élections anticipées.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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