Les monarchies arabes du Golfe ont affiché mercredi leur souhait
d’une coopération militaire renforcée avec les Etats-Unis face aux
"dangers" menaçant la sécurité régionale, lors d’une réunion avec le
chef du Pentagone, la première en six ans.
Cette rencontre en Arabie saoudite entre les ministres de la Défense du
Conseil de coopération du Golfe (CCG) et Chuck Hagel intervient sur fond
d’inquiétude des monarchies quant à la situation en Syrie, mais aussi
sur l’accord conclu entre Téhéran et les grandes puissances, prévoyant
un gel du programme nucléaire iranien en contrepartie d’un allègement
des sanctions frappant ce pays.
Les monarchies s’inquiètent des "crises politiques dans plusieurs pays
arabes, des tentatives d’acquérir des armes de destruction massive et
des ingérences de certains Etats dans les pays" du CCG, une allusion
claire à l’Iran, a déclaré le prince héritier saoudien Salmane ben Abdel
Aziz.
Ces "menaces persistantes contre la sécurité et la stabilité de la
région", rendent nécessaire "la coordination des politiques et des
stratégies de défense de nos pays", a dit le prince Salmane, également
ministre de la Défense, ajoutant : "la sécurité de nos pays et de nos
peuples est en danger".
Le prince héritier a exprimé l’espoir que "la coopération se
maintiendra" avec les Etats-Unis, soulignant que "les relations
historiques et stratégiques" entre Washington et les pays du Golfe
avaient contribué à "renforcer la sécurité et la stabilité dans la
région".
Chuck Hagel a pour sa part souhaité une coopération multilatérale
renforcée du CCG, prônant "davantage" de coordination en matière de
défense anti-aérienne et antimissile, de sécurité maritime et de
cybersécurité.
Les défis actuels "menacent la région dans son ensemble et aucun pays ne
peut les relever tout seul", a-t-il dit au terme de la réunion, qui se
tenait à Jeddah, sur la mer Rouge.
Washington, qui a vendu ces dernières années de nombreux équipements et
batteries antimissiles à plusieurs monarchies du Golfe, plaide depuis
longtemps pour que ces dernières effectuent des achats groupés via le
CCG et intègrent leurs systèmes pour mieux contrer une éventuelle menace
balistique iranienne.
Les pays du CCG maintenaient, jusqu’en 2009, une force militaire
conjointe, le "Bouclier de la Péninsule", à Hafr al-Baten, dans le
nord-est de l’Arabie saoudite.
Depuis le démantèlement de cette force, ils ont gardé un commandement
commun qui décide de l’envoi ponctuel de militaires, comme lors du
déploiement en mars 2011 de forces d’Arabie saoudite, des Emirats arabes
unis et du Koweït à Bahreïn alors en proie à un soulèvement dirigé par
l’opposition chiite.
S’ils ont paru d’accord sur la nécessité de renforcer la coopération,
les sujets de désaccords ne manquent pourtant pas entre le secrétaire
américain à la Défense et ses homologues du CCG, dont l’Arabie saoudite
est le chef de file, notamment à propos de l’Iran et de la Syrie, mais
aussi de l’Egypte.
Ryad en particulier s’inquiète des conséquences de l’accord intérimaire
conclu en novembre entre l’Iran, puissant rival chiite du royaume, et le
groupe des 5+1 (Allemagne, Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni,
Russie).
Le président américain Barack Obama s’était déjà rendu fin mars à Ryad
pour tenter de rassurer les dirigeants saoudiens en assurant que les
intérêts stratégiques des deux pays restaient "alignés".
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud al-Fayçal,
a d’ailleurs affirmé mardi que son pays était prêt à "négocier" avec
l’Iran pour améliorer les relations entre les deux pays, très tendues
ces dernières années.
L’Iran est favorable à des négociations et un rapprochement avec Ryad
pour régler les problèmes régionaux, a répondu mercredi le vice-ministre
iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir-Abdollahian.
Tout en accueillant comme "un développement positif" l’engagement de
l’Iran à un accord sur son programme nucléaire, les participants ont dit
rester "profondément préoccupés par ses activités déstabilisatrices
dans la région, y compris son parrainage du terrorisme, son soutien au
régime Assad en Syrie et ses efforts à saper la stabilité des Etats
membres du CCG", a indiqué Chuck Hagel.
Sur la Syrie, l’Arabie saoudite reproche à Washington son manque d’appui
aux rebelles soutenus par Ryad. Lors de la réunion, les parties ont
décidé que l’aide à l’opposition syrienne "devra être complémentaire et
soigneusement adressée à l’opposition modérée", a indiqué M. Hagel.
(14-05-2014)
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