Deux Palestiniens ont été tués jeudi par l’armée israélienne en
Cisjordanie pendant les manifestations pour le 66e anniversaire de la
"Nakba", que fut pour les Palestiniens la création de l’Etat d’Israël et
la tragédie des réfugiés.
L’Autorité palestinienne, qui accuse le gouvernement israélien de
vouloir occulter la question des réfugiés, a menacé de remettre en cause
sa coopération sécuritaire avec Israël après la mort des deux
Palestiniens.
Blessés par balle à la poitrine par des tirs de soldats israéliens près
de la prison militaire d’Ofer, pendant les manifestations pour la
"Nakba" (catastrophe, en arabe), deux Palestiniens de 17 et 20 ans sont
décédés à l’hôpital, selon des sources médicales.
L’armée israélienne a confirmé les heurts avec environ 150 Palestiniens,
affirmant avoir "utilisé des moyens anti-émeute et des balles
caoutchoutées".
Amnesty International a accusé les forces israéliennes d’"usage excessif
de la force, y compris mortelle, en riposte à des lanceurs de pierres
qui ne pouvaient pas constituer une menace pour la vie des soldats et
des policiers dans ou autour du camp militaire fortifié".
"Aujourd’hui, les Palestiniens marquent ce qu’ils appellent le jour de
la Nakba. Ils commémorent ce qu’ils appellent le désastre de la création
de l’Etat d’Israël, l’Etat du peuple juif. Ils éduquent leurs enfants
avec une propagande sans fin selon laquelle l’Etat d’Israël doit
disparaître", a affirmé le Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu.
Il a exprimé dans un communiqué son intention d’y répondre "en
continuant à bâtir notre Etat et notre capitale unifiée, Jérusalem",
ainsi que par l’adoption d’une loi "montrant au monde entier qu’Israël
est l’Etat du peuple juif".
Dans une allocution à l’occasion du 66e anniversaire de la "Nakba",
diffusée mercredi, le président palestinien Mahmoud Abbas a jugé qu’il
était "temps de mettre fin à la plus longue occupation de l’histoire
moderne".
"Le gouvernement israélien revient sur les accords et les engagements
antérieurs et pose de nouvelles conditions exorbitantes, comme la
reconnaissance de la judéité de l’Etat d’Israël, et a lancé une course
contre la montre pour judaïser Jérusalem et étendre la colonisation",
a-t-il accusé.
L’échéance de neuf mois des négociations de paix sous l’égide du
secrétaire d’Etat américain John Kerry a expiré le 29 avril sans
résultat. M. Kerry s’est entretenu à Londres avec M. Abbas puis avec la
négociatrice israélienne Tzipi Livni.
Le négociateur palestinien Saëb Erakat a récusé l’exigence d’une
reconnaissance d’Israël comme "Etat du peuple juif" soulignant que
l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) avait déjà reconnu
Israël il y a plus de 20 ans.
Il a dénoncé "un moyen de nous demander de nier l’existence de notre
peuple et les horreurs qu’il a subies en 1948", rappelant que "certains
ont été victimes de massacres brutaux, beaucoup d’autres ont fui par
crainte pour leur vie. Un petit nombre a réussi à rester dans ce qui
deviendrait Israël".
"(...) Nous ne permettrons pas qu’un seul Palestinien soit présenté
comme un immigrant ou un intrus sur sa propre terre", a expliqué
M. Erakat.
Après la mort des deux Palestiniens, le porte-parole des services de
sécurité palestiniens, Adnane al-Damiri, a affirmé que "la direction
palestinienne ne peut pas rester les bras croisés devant les violations
israéliennes" et qu’elle envisage "d’étudier sérieusement l’arrêt de la
coordination de la sécurité avec la partie israélienne".
Signe du climat de réconciliation entre le Fatah de Mahmud Abbas et le
Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie
et Gaza, les étendards distinctifs des mouvements étaient généralement
absents des commémorations, au profit des drapeaux palestiniens et des
keffiehs, autre symbole national.
A Gaza, peuplée majoritairement de descendants de réfugiés, des
centaines de Palestiniens ont marché vers la frontière avec Israël,
brandissant des banderoles libellées : "Nous ne renoncerons ni à
Jérusalem ni au droit au retour".
En Cisjordanie, un millier de personnes ont défilé à Naplouse (nord) et des centaines à Hébron (sud) pour le "droit au retour".
La "Nakba" s’est traduite par l’exode de quelque 760 000 Palestiniens,
aujourd’hui avec leurs descendants au nombre de plus de 5 millions,
répartis essentiellement entre la Jordanie, la Syrie, le Liban et les
Territoires palestiniens, seuls 160 000 restant dans ce qui est devenu
Israël.
(16-05-2014)
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