Les rebelles syriens ont renforcé leur blocus des zones sous contrôle
des forces de Bashar al Assad, en particulier dans l’ouest d’Alep,
aggravant la pénurie alimentaire dont est victime la population,
estiment des rebelles mardi.
Les rebelles s’efforcent depuis des mois de bloquer les routes qui
mènent à la partie occidentale d’Alep, la grande ville du nord du pays,
enjeu stratégique du conflit et théâtre d’intenses combats depuis un an.
Mais leur stratégie ne se fait réellement sentir que depuis cette
semaine, la pénurie alimentaire s’aggravant pour la population locale.
La plupart des routes conduisant à l’ouest d’Alep font l’objet d’un
blocus actif par les rebelles, ou sont le théâtre de combats acharnés, a
déclaré l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), proche de
l’opposition.
"La seule route qui reste d’une certaine manière praticable est proche
du district de Bustan al-Qasr, mais elle est tellement dangereuse que
les gens l’appellent ’Le carrefour de la mort’", a déclaré Rami
Abdelrahman, directeur de l’OSDH.
Les habitants de la zone frappée par la pénurie soulignent que les prix
ont augmenté de plus de dix fois par rapport à leur niveau d’origine et
que les denrées de base, comme le pain et la farine, deviennent de plus
en plus difficiles à trouver.
Cette tactique d’assèchement de l’approvisionnement des forces de BaShar
al Assad, est cependant très critiquée y compris dans les rangs des
rebelles.
Beaucoup estiment en effet qu’elle punit indistinctement
les plus de deux millions d’habitants qui vivent dans la partie
occidentale de la ville.
"C’est un crime (...) Certaines de nos forces rebelles -Que Dieu les
change- participent à ce blocus. Les prix augmentent à une vitesse
inimaginable. Il y a maintenant une terrible pénurie", a déclaré un
rebelle par Skype, sous le couvert de l’anonymat.
Un rebelle basé à Alep a estimé de son côté que ce blocus qui frappe la
population n’était pas délibéré mais plutôt la "conséquence regrettable
des affrontements entre les rebelles et l’armée".
"Le régime a plein de nourriture pour ses propres soldats, mais il se fiche bien de sa propre population", a-t-il ajouté.
***
Les rebelles accusés d’avoir utilisé des armes chimiques
Les Etats-Unis ont rejeté mardi les affirmations de Moscou à l’ONU selon
lesquelles les rebelles syriens auraient utilisé des armes chimiques,
estimant ne pas en avoir la "preuve".
"Nous n’avons encore vu aucune preuve qui appuie cette affirmation selon
laquelle quiconque, outre le gouvernement syrien, a la capacité
d’utiliser des armes chimiques ou utilise des armes chimiques", a
affirmé le porte-parole de la Maison Blanche, Jay Carney.
L’ambassadeur russe auprès de l’ONU Vitali Tchourkine a affirmé mardi à
la presse avoir la preuve que les rebelles syriens avaient utilisé du
gaz sarin le 19 mars près d’Alep (nord).
Des experts russes ont recueilli des échantillons sur le site de
l’attaque, à Khan al-Assal, et les preuves ont été transmises au
secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon, dans un document de 80
pages environ, a-t-il précisé.
Selon l’ambassadeur, les rebelles syriens ont utilisé un "projectile non
guidé" de type "Bashar 3", et les échantillons recueillis après
l’attaque sur le site de Khan al-Assal par des experts russes ont été
analysés par un laboratoire russe compétent en matière d’armes
chimiques. "Les résultats indiquent clairement que le projectile était
rempli de gaz sarin", un puissant neurotoxique, a-t-il affirmé.
Le gouvernement syrien refuse la venue d’inspecteurs de l’ONU dans le
pays mais a invité lundi deux hauts responsables des Nations unies à
venir à Damas pour des discussions sur l’utilisation présumée d’armes
chimiques dans le conflit.
M. Carney a de nouveau invité le président Bashar al-Assad à autoriser
des inspecteurs à venir enquêter sur l’utilisation de ces armes.
"Le moyen de répondre à cette question est de permettre aux Nations unies d’enquêter", a-t-il dit.
"Notre capacité en tant que communauté internationale à enquêter sur
l’utilisation d’armes chimiques en Syrie est freinée par le refus
d’Assad d’autoriser une enquête des Nations unies", a déploré M. Carney.
Le Royaume-uni, la France et les Etats-Unis affirment de leur côté avoir
transmis aux experts de l’ONU des preuves de l’utilisation d’armes
chimiques par le régime syrien.
Lancé le 19 décembre 2011, "Si Proche Orient" est un blog d'information internationale. Sa mission est de couvrir l’actualité du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord avec un certain regard et de véhiculer partout dans le monde un point de vue pouvant amener au débat. "Si Proche Orient" porte sur l’actualité internationale de cette région un regard fait de diversité des opinions, de débats contradictoires et de confrontation des points de vue.Il propose un décryptage approfondi de l’actualité .
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