samedi 20 juillet 2013

Israël/Palestine : Israéliens et Palestiniens se préparent à une reprise des pourparlers

Les dirigeants israéliens et palestiniens étudiaient samedi les modalités d’un retour à des négociations de paix, après un accord arraché par le secrétaire d’Etat américain John Kerry ouvrant la voie à une reprise des pourparlers, abandonnés depuis trois ans.
M. Kerry a annoncé vendredi à Amman "un accord qui établit la base d’une reprise des négociations sur le statut final", renvoyant les détails à des discussions la semaine prochaine à Washington avec le négociateur palestinien Saëb Erakat et la ministre israélienne de la Justice Tzipi Livni, en charge de de ce dossier.
"L’accord est en cours de finalisation, nous n’allons donc absolument pas parler de ses éléments pour l’instant", a-t-il dit avant de conclure son sixième voyage dans la région depuis sa prise de fonctions en février.
Le ministre israélien des Relations internationales, Youval Steinitz, a dévoilé samedi un premier volet de l’accord en annonçant la prochaine libération de prisonniers palestiniens, dont certains détenus depuis avant les accords de paix d’Oslo de 1993.
"Il y aura un nombre limité de libération de prisonniers" palestiniens, a déclaré à la radio publique le ministre, sans préciser leur nombre, soulignant qu’une partie d’entre eux ont passé jusqu’à 30 ans dans les prisons israéliennes.
La chef du parti travailliste et de l’opposition, Shelly Yachimovich, a salué "une occasion importante", laissant entendre une nouvelle fois qu’elle serait prête à rejoindre le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu en cas de défection de ses alliés les plus à droite, hostiles à la création d’un Etat palestinien.
"Nous ne devrions pas nous satisfaire d’une reprise des négociations, mais tout faire pour oeuvrer à un véritable règlement", a-t-elle écrit sur sa page Facebook, ajoutant que son parti était "prêt à soutenir Netanyahu face aux éléments de la droite extrémiste de sa coalition".
Le ministre de l’Environnement Amir Peretz, membre du parti de Mme Livni, a également appelé sur sa page Facebook "le parti travailliste et tout le camp de la paix à soutenir ce mouvement et à le renforcer".
Dès l’annonce, Mme Livni s’était félicitée que "quatre ans de marasme diplomatique touchent à leur fin".
Le Quartette pour le Proche-Orient (Etats-Unis, Russie, Union européenne, ONU) a salué dans un communiqué "un énorme succès du secrétaire d’Etat Kerry et de son équipe".
"Nous espérons travailler avec les parties pour assurer la réalisation du plein potentiel de deux Etats viables", a indiqué le Quartette, appelé à mettre en oeuvre le volet économique du plan de M. Kerry.
Mais les observateurs se montraient plus critiques, soulignant les zones d’ombres de l’accord.
"C’est un gâteau à moitié cuit que Kerry a sorti du four. Il a convaincu les Israéliens et les Palestiniens qu’il était comestible, et les deux parties ont accepté de le manger", a résumé le commentateur politique de la radio publique israélienne.
La présidence palestinienne a salué l’accord mais souligné qu’il restait des "détails à régler".
Lors des dernières rencontres entre MM. Kerry et Abbas, "des progrès ont été réalisés qui ont rendu possible un accord sur des principes permettant la reprise des négociations", a déclaré le porte-parole du président Mahmud Abbas.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a demandé aux dirigeants israéliens et palestiniens de faire preuve de "courage et de responsabilité" dans les négociations de paix.
La chef de la diplomatie de l’Union européenne (UE) Catherine Ashton a "chaleureusement salué" l’annonce de M. Kerry, louant, elle aussi, le "courage" des deux parties et le travail du secrétaire d’Etat américain.
Le Hamas, au pouvoir à Gaza, a en revanche rejeté "la reprise des négociations", réaffirmant que "M. Abbas n’a aucune légitimité pour négocier au nom du peuple palestinien sur des questions fondamentales".
M. Kerry avait enregistré mercredi le soutien d’une délégation du comité de suivi arabe sur le processus de paix, jugeant que ses propositions créaient "un climat convenable pour relancer des négociations sérieuses, avec en particulier des éléments nouveaux sur le plan économique, politique et de la sécurité".
Mais les instances dirigeantes palestiniennes avaient rejeté jeudi sa proposition initiale de reprise des pourparlers prévoyant une "retenue" dans la colonisation israélienne, uniquement hors des grands blocs d’implantations et de Jérusalem-Est, au lieu du gel total qu’elles exigent.
Elles réclamaient également une référence aux lignes antérieures au début de l’occupation israélienne en juin 1967 comme base de discussions.

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Paris se réjouit de l’accord de principe israélo-palestinien
Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, s’est réjoui de la perspective d’une reprise des négociations israélo-palestiniennes prévues par l’accord obtenu par le secrétaire d’État américain, John Kerry, dans un communiqué publié dans la nuit. "Le secrétaire d’État américain, John Kerry, m’a informé des termes de l’accord de principe qu’il venait de conclure en vue d’une reprise des négociations israélo-palestiniennes. Je lui ai dit que nous nous réjouissions de cette perspective", a indiqué Laurent Fabius.
"Je salue le sens des responsabilités dont ont su faire preuve les autorités israéliennes et palestiniennes", a-t-il ajouté. "La France encourage les parties à mener effectivement ces négociations en créant un climat de dialogue et de confiance, afin de parvenir à un accord." Le ministre français a souligné qu’il est "dans l’intérêt de tous de mettre fin au conflit par la création d’un État palestinien viable et souverain, vivant en paix et en sécurité aux côtés d’Israël".
"La France, avec ses partenaires européens, ne ménagera aucun effort pour faciliter les négociations et participer, le moment venu, à la mise en oeuvre d’un accord de paix", a-t-il encore déclaré. John Kerry a annoncé vendredi soir qu’une rencontre réunirait à Washington la semaine prochaine des négociateurs israéliens et palestiniens, alors que les discussions de paix directes sont au point mort depuis près de trois ans.

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