mardi 30 juillet 2013

Égypte : Catherine Ashton a rencontré Morsi

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, en visite au Caire, s’est déplacée dans la nuit pour voir le président islamiste déchu Mohamed Morsi, détenu dans un endroit secret, dont les partisans appellent à des manifestations massives mardi malgré les menaces du pouvoir d’user de la force. Une marche de plusieurs milliers de personnes en direction du quartier général de la sécurité nationale au Caire s’est déroulée dans la soirée sans incident.
En revanche à Ismaïliya (est) des heurts entre partisans et adversaires de Mohamed Morsi ont fait 18 blessés, selon les services de sécurité. De grandes manifestations du camp pro-Morsi sont encore attendues mardi après-midi pour réclamer son retour au pouvoir, dans un climat marqué par la mort de dizaines de personnes lors d’affrontements avec la police samedi matin au Caire.
Catherine Ashton s’est rendue sur le lieu où l’ancien président est détenu au secret par l’armée depuis sa déposition par les militaires le 3 juillet. "Elle est partie le voir là où il est gardé. On en saura plus quand elle reviendra", a déclaré un haut responsable égyptien sous couvert de l’anonymat. Selon une autre source Catherine Ashton est partie en hélicoptère. La représentante de la diplomatie de l’Union européenne devait tenir une conférence de presse mardi en fin de matinée.
Mohamed Morsi n’est pas apparu en public depuis son renversement et n’a officiellement reçu aucune visite. Sa famille elle-même a déploré récemment ne pouvoir le rencontrer. Lors de sa précédente visite au Caire le 17 juillet, Catherine Ashton avait demandé la libération de M. Morsi, et avait déploré n’avoir pu le rencontrer. La responsable européenne a eu dans la journée de lundi des entretiens avec le président par intérim Adly Mansour et son vice-président chargé des relations internationales, Mohamed El Baradei. Elle a aussi rencontré le nouvel homme fort de l’Égypte, le général Abdel Fattah al-Sissi, à la fois chef de l’armée, ministre de la Défense et vice-Premier ministre.
Catherine Ashton a aussi eu des entretiens avec des membres de formations islamistes proches de Mohamed Morsi. Le camp de l’ancien président a une nouvelle fois, dans un communiqué publié après la rencontre, affirmé qu’il ne pouvait y avoir de solution à la crise en dehors d’un "retour du président" et d’un "rejet du coup d’État". Les autorités ont poursuivi leurs avertissements envers le camp pro-Morsi, promettant des "mesures décisives et fermes" s’ils "outrepassaient leur droit à l’expression pacifique".
Les manifestations islamistes prévues mardi entendent notamment dénoncer les violences qui ont fait, selon un dernier bilan, 82 morts - 81 manifestants et un policier - samedi matin à proximité de la mosquée Rabaa al-Adawiya, où les pro-Morsi tiennent un sit-in depuis un mois. Le ministère de l’Intérieur est vivement mis en cause par les islamistes, de même que par des organisations de défense des droits de l’homme, pour ces événements, les plus meurtriers survenus depuis la chute de Mohamed Morsi.
La Maison-Blanche a condamné "avec force l’effusion de sang et les violences" du week-end en Égypte, et a appelé les autorités à assurer le respect du droit à manifester. L’armée a lancé par hélicoptère lundi matin des tracts sur un campement des pro-Morsi au Caire, les appelant à "ne pas s’approcher des installations ou unités militaires". Les adversaires de Mohamed Morsi l’accusent d’avoir cherché à confisquer le pouvoir au profit des islamistes, et estiment que les manifestations monstres contre lui fin juin ont traduit sa perte de légitimité.
Mais les pro-Morsi se disent déterminés à défendre la cause du premier président élu démocratiquement de l’histoire du pays. "Descendez (mardi) dans la rue et sur les places pour reconquérir votre liberté, votre dignité —usurpées par un coup d’État sanglant— et pour les droits des martyrs assassinés par les balles" du nouveau pouvoir, a exhorté la coalition islamiste favorable à l’ancien président. Cet appel à manifester fait craindre une nouvelle flambée de violences alors que plus de 300 personnes sont mortes dans les troubles en Égypte en un peu plus d’un mois.
Dans la région du nord-Sinaï, en proie à une rébellion larvée, deux policiers ont été tués lundi à al-Arich et un autre blessé à Cheikh Zouweid. Un soldat a quant à lui été tué dans la nuit de dimanche à lundi.

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